50 ans d’existence… c’est Royal !
On fête aujourd’hui les 50 ans d’existence de l’agréable théâtre de la Comédie Claude Volter, avenue des Frères Legrain qui ouvre la nouvelle saison théâtrale avec la pièce, un véritable bijou de langue française, ayant pour titre « Le Blasphème », un mot qui pue le soufre… en 1766, tout comme de nos jours.
Certes, l’ère du Corona et les problèmes urgents liés à la détérioration de notre climat nous font porter le regard vers d’autres problématiques très actuelles, mais on n’en a toujours pas fini avec les abominations perpétrées par des esprits de quelque horizon qu’il soit, bornés par des certitudes dogmatiques intolérantes. Le 7 janvier 2015 n’est pas si loin de nous…ni les événements du Bataclan en novembre de la même année, sans oublier mars 2016 à Bruxelles. Et dire que le mot blasphème avait disparu du code pénal en 1881.
Voici retrouvé, sur un magnifique plateau décoré par Renata Gorka (ah ! le claquement des grilles ! ), le temps savoureux de la langue de Voltaire, alors princesse du monde. Voici retrouvées, les grandes idées philosophiques qui ont jeté enfin sur un siècle toujours confit dans ses obscurantismes fanatiques, quelques lumières bienfaisantes.
En effet l’auteur contemporain Philippe Madral s’est emparé d’une histoire réelle qui a fait du jeune chevalier François-Jean de la Barre au cœur si ouvert et aux idées si larges, un véritable martyre de la libre pensée en 1766 à Abbeville, dans la Somme. Un triste souvenir de l’acharnement de l’Eglise lors de son supplice se trouve d’ailleurs sculpté sur une stèle datant de1907, à côté du pont sur le canal de la Somme. Le jeune chevalier fut torturé, condamné à mort sans la moindre preuve ni aveu, décapité et brûlé avec un ouvrage de Voltaire cloué sur la poitrine en 1766.
Le texte, maléfique et parfait d’élégance, rutilant de modes et temps oubliés, est emblématique à la fois de la défense de la langue française et celle des idées des philosophes du 18e siècle. Ces derniers sont en lutte ouverte avec un système judiciaire peu honnête et peu fiable de l’époque. Ils discutent la rigidité dogmatique d’une église qui nie les progrès de la science et critiquent son pouvoir temporel absolu qui permet au monarque souverain Louis XV, de se maintenir au pouvoir.
Michel de Warzee a su réunir sur son plateau une troupe bouleversante de vérité. Stéphanie Moriau sous la cornette de l’abbesse de Willancourt, mais noble dame avant tout, est douée d’une diction parfaite et d’un jeu de scène royal. Ah le port de tête et la mobilité gestuelle qui font tourner ou baisser les têtes ! Et ce chignon rebelle prêt à tomber, luisant de jeunesse et de goût de vivre ! Et la robe noire de la dame… sous son manteau de mère supérieure: des dentelles de favorite du roi ! A l’opposé, l’implacable Pascal Racan, flanqué de Simon Willame pour Sieur Marcotte, greffier de son état, est l’éminence théâtrale qui a endossé les habits noirs du justicier inhumain Nicolas Pierre Duval de Soicourt. Il manipule à merveille le discours, les intonations, l’hypocrisie, la haine, la jalousie… bref, la cruauté à l’état pur. Quant aux victimes, le duo d’amoureux exquis, Marguerite Becquin et François-Jean Lefebvre, chevalier de la Barre, ils sont simplement lumineux, mus par l’amour, le désir, l’art de vivre, libérés de toute culpabilité d’ordre théologique… Ils sont interprétés avec talent par deux jeunes artistes séduisants et fougueux au possible : Loriane Klupsch et Jonas Claessens qui symbolisent ensemble la merveilleuse naïveté et l’insouciance de la jeunesse heureuse.
Hélas, le diable est dans le bénitier et bien pire. C’est l’histoire d’une triste prédestination, c’est le destin qui s’acharne tout d’un coup sur une jeunesse qui ne rêve que des sentiers de la liberté et qui rêve d’échapper à des systèmes doctrinaires funestes et constricteurs. Ils sont de tout poil, de tout temps, ces dogmes toujours bien ancrés et prêts à lâcher leurs pulsions mortifères. Tandis que Dieu se tait.Jean-Claude Frison a conseillé Michel de Warzée (Seigneur de Belleval, en habit bleu Nattier) pour les choix musicaux, Aux lumières fabuleuses et à la régie : Bruno Smit.
Résumé
L’histoire tragique du chevalier de La Barre accusé de blasphèmes et d’impiétés est l’un des plus grands procès du XVIIIème siècle. “Une pièce sur l’intolérance religieuse, tout aussi valable dans n’importe quelle religion monothéiste et à tout époque…” Philippe Madral
Intolérance et extrémisme religieux, une longue histoire…
Avec Stéphanie MORIAU, Jonas CLAESSENS, Pascal RACAN, Michel de WARZEE, Simon WILLAME et Loriane KLUPSCH.
Mise en scène : Michel de WARZEE
Décors : Renata GORKA
Création lumière & Régie : Bruno SMIT
Représentations du 29 septembre au 17 octobre 2021 : du mardi au samedi à 20h15 et dimanche à 16h.
Informations
E-mail : reservation@comedievolter.be
Site :http://www.comedievolter.be/
Adresse : 98 avenue des Frères Legrain – Woluwe-Saint-Pierre, 1150
02 762 09 63
Envoyer un message secretariat@comedievolter.be
« Ce mardi 14 septembre 2021, la Comédie Claude Volter devient officiellement la “Comédie Royale Claude Volter”. Sa Majesté le Roi nous honore de ce titre pour les 50 ans d’existence de notre théâtre. Nous en sommes fiers et très reconnaissants. »
Commentaires
Claude Volter, né 31 janvier 1933 à Matadi et décédé le 15 octobre 2002 à Bruxelles, est un comédien et metteur en scène de théâtre belge.
Après un passage au Conservatoire de Bruxelles, il entre au Conservatoire de Paris en compagnie de Jean-Pierre Marielle, Françoise Fabian, Claude Rich, Jean-Paul Belmondo et Bruno Cremer. Il y rencontre Jacqueline Bir avec qui il aura deux fils, dont l’acteur Philippe Volter.
En 1957, Claude Volter et Jacqueline Bir s’installent à Bruxelles et fondent la Comédie Claude Volter qu'il dirigera jusqu’à son décès.
Il y monte principalement les pièces du théâtre classique, laissant libre cours à son goût pour les costumes et décors fastueux.