Statistiques google analytics du réseau arts et lettres: 8 403 746 pages vues depuis Le 10 octobre 2009

Bonjour, Je ne vous demande pas d'y croire mais de lire tout simplement les écrits qui vont suivre avec bienveillance et discernement. Eventuellement, exprimer votre  opinion si tel est votre désir. Merci.

Toute enfant déjà, il m'est arrivé d'avoir ainsi d'étranges manifestations . En bref, j'en citerai deux parmi d'autres qui m'ont spécialement marquée.

J'étais en septième primaire après avoir sauté d'une classe. L'inspecteur était venu nous rendre visite.

Lorsqu'il est entré, je me trouvais face au tableau noir. Je venais d'y être envoyée pour résoudre un problème de fraction assez complexe.

Les mathématiques me passionnaient. J'adorais tout simplement.

Comme toujours lors de ces visites impromptues, l'institutrice s'est mise à rougir et je sentais bien qu'elle n'était pas vraiment à l'aise. Plutôt "dans ses petits souliers" . C'était une enseignante très exigeante, honnête, juste, le tout allié à une très forte autorité. Dans sa classe, personne n'osait lui tenir tête.

Il n'empêche, je sentais sa peur. A l'époque, c'était ainsi : tout fonctionnait dans la crainte de l'autorité.

Je suis entrée dans ce problème avec une facilité désarmante, tout en suivant les réactions de mon institutrice. Il me semblait qu'un lien invisible nous unissait : j'avais l'impression bizarre qu'elle me dictait la marche à suivre, tout en me laissant libre de mes recherches et interprétations de celles-ci. Nous nous parlions de regard à regard. Très détendues toutes les deux après les premières tensions.

Mon cerveau était léger et transparent : une bulle dans l'espace.

L'affaire a été menée avec dextérité et sans aucune faille ni hésitation jusqu'à la solution finale : un magnifique sans faute.

L'inspecteur, très satisfait, s'est tourné vers l'institutrice :"Bravo, Mademoiselle, c'est parfait. C'est la meilleure classe jamais visitée de toute ma carrière".

Et Mademoiselle de rougir, rougir rougir .... Il est vrai qu'elle rougissait facilement et, parfois de colère aussi.

Dans ces instants houleux, la classe apeurée, se tenait coite et nous n'avions nullement envie de nous montrer de vilaines petites pestes. Et puis, nous l'aimions. Pourquoi ? parce qu'elle était  tout bonnement "juste". Un belle réputation, pas vrai ?

Le second épisode, parmi quelques autres, se situe lors de la dernière visite de mon père lorsqu'il rentrait du Fort de Breendonk à l'époque de son rappel sous les drapeaux en 1940.

Je vivais chez mes Grands-Parents paternels car ma mère travaillait pour nouer les deux bouts .... de ficelle des paies d'ouvrières à  cette époque. La cohabitation ne comportait que des avantages et ma grand-mère était adorable et, surtout aimante.

C'était pendant les vacances de Pâques 1940, peu avant la déclaration de guerre. Comme d'habitude, je jouais passionnément avec les petites copines de notre rue.

Lors des précédentes visites de mon père, je l'embrassais gentiment et puis ....vite vite je continuais de jouer, un peu indifférente envers lui qui devait certainement en souffrir. Nous avions l'habitude des séparations puisque j'habitais chez mes grands-parents et  rejoignais mes parents une fois par semaine, le samedi,  lorsqu'ils n'étaient pas encore séparés par les bruits de bottes.

Et cette unique fois, je ne sais pourquoi j'ai abandonné mes jeux sous le regard ahuris des copines, pour le suivre.

La gare se trouvait assez loin et il fallait traverser le lieu dénommé "Le Pont Blanc" qui enjambait le chemin de fer. 

Je l'ai suivi jusqu'à l'entrée du pont, main  dans la main et je sentais la puissance d 'Amour qui nous unissait : comme une onde de bien-être, elle nous traversait.

En le quittant, je l'ai suivi du regard jusqu'à ce qu'il s'estompe sur la route au loin. Avec, dans le coeur, l'absolue certitude que je ne verrai plus.

Vous penserez sans doute :"Normal ... puisqu'il y avait des bruits de guerre".

Pas si normal que çà pourtant. A  l'entrée du pont, il y avait un talus et, de ce petit promontoire, l'on voyait la France dans le lointain horizon. Je me suis tournée vers elle, avec une impression fugitive : celle d'un salut qui nous viendrait de là.

Nous avons été séparés durant cinq longues années. Mon Père s'est retrouvé pratiquement le seul Belge au milieu d'un camp de prisonniers français qui l'ont beaucoup aidé, moralement et matériellement. Lors de son retour, et par une étrange coïncidence, nous nous sommes retrouvés sur ce même pont.

Je ne l'avais pas reconnu dans cet homme chauve,vieux et fatigué, engoncé dans un uniforme sale, déguenillé.

C'est le papa de l'une de mes amies avec qui nous comptions nous rendre au cinéma qui a crié : "Mais c'est ...( les nom et prénom de mon Père)".

C'était lui en effet. Hélas pour moi, il était devenu un étranger malgré quelques photos envoyées  et l'échange de lettres que je possède toujours.

Après .... la situation a été un rien embrouillée : grands-parents, famille en effervescence, retour au village où l'accueil a été des plus chaleureux avec banderoles de bienvenue et décoration de la maison.

A demain, la suite .... mais vous pouvez, déjà, vous exprimer. Merci par avance.

 Rolande Quivron dont les textes sont déposés et enregistrés.

 

Envoyez-moi un e-mail lorsque des commentaires sont laissés –

Vous devez être membre de Arts et Lettres pour ajouter des commentaires !

Join Arts et Lettres

Commentaires

  • Rebonsoir Cher Gil,

    Je viens de poser le volet 4, très différent de la première expérience : paix, sérénité, voilà mon ressenti malgré la mort tragique d'une jeune fille ravissante.

    J'ai relu ton merveilleux témoignage et me suis attardée sur le maître du CE2. Voilà un exemple à suivre pour beaucoup de jeunes instituteurs. J'ose espérer que tu as souvent raconté cette histoire. Il est vrai que l'enseignement laïque en France était du haut de gamme. Merci infiniment pour ton histoire qui m'a fait beaucoup de bien en effet.

    En ce qui me concerne, c'est un peu différent. La dame qui s'occupait des petits était d'une gentillesse à faire fondre le plus difficile des enfants. Très maternelle, pleine d'amour. J'étais passée par une autre école auparavant où j'étais plutôt mal notée : Bavarde, indisciplinée, interrompant la maîtresse à tel point que, hors d'elle, elle m'avait un jour crié :"Taisez-vous l'avocat". Sans compter d'autres incartades dont le tonitruant :" C'est pas  St  Nicolas çà c'est un monsieur " lors fête d'une scolaire , ... en réaction finalement aux méchancetés que me faisait vivre une gardienne après la classe. A tel point que je ne mangeais plus. Je me suis enfuie de l'école et mes parents m'ont replacée chez mes grands-parents. Quel bonheur pour moi quel bonheur plus grand encore d'atterrir dans la classe de Mme R. J'y suis devenue exemplaire. A la fin de l'année, j'ai refusé de passer à la "Grande Ecole" : Scénario plus ou moins similaire, les frasques en moins : pleurs continus, refus de me nourrir .... Lassés, mes parents et la direction de l'école ont accepté de me laisser "en gardienne". Une année de rêve. Pas grave, puisque j'avais un an d'avance.

    Impossible de reproduire le même comportement lorsqu'il a fallu à nouveau "sauter le pas" l'année suivante.

    Avec l' institutrice primaire, il fallait se tenir attentive et silencieuse. Or, j'ai reproduit le scénario du départ : bavardages, réponses en interrompant la maîtresse. Un jour, excédée, elle m'a jetée littéralement dans le petit cagibi destiné aux enfants difficiles. Noir, sans fenêtre, servant de débarras où l'on rangeait le matériel de nettoyage. En sortant de là, j'étais un chat sale et mouillé. Ce dernier détail devrait vous mettre sur la voie. Mouillée .... alors qu'il n'y avait pas d'eau. L'humiliation des humiliations.

    Les élèves riaient, se moquaient. Dans ma petite tête, un retournement complet s'est formé, après une sorte d'étrange réflexion "Ma fille, si tu veux avoir la paix, tais-toi, ne dis plus rien, écoute". Sois parfaite comme ces saintes que l'on nous montrait en exemple.

    Après cette auto-discipline, je suis devenue l'élève parfaite et .... première de classe. Un exemple à suivre, une presque sainte. Polie, gentille, attentive .... facile d'imaginer le tableau pour les enseignants que nous sommes.

    Je n'ai plus jamais dérogé. Plus tard entre la cinquième et la septième, j'ai sauté de classe. Mais là, si j'étais exemplaire, c'était pour rendre fier mon père, lui faire plaisir ... tout était tourné vers lui, si loin en Allemagne. Même le choix de la Profession. Il a choisi "Institutrice plutôt qu'infirmière". Pourquoi ? A son retour il nous a donné la réponse :" Je ne voulais pas que ma fille soit témoin des horreurs que j'ai vues".

    On peut comprendre. Lorsqu'elle a pris sa pension l'institutrice de première est devenue ma meilleures amie. J'ai appris qu'elle était gravement malade depuis longtemps : diabétique et prétuberculeuse.

    C'était difficile pour elle. Jeune fille prolongée, elle devait s'occuper également de ses parents.

    J'ai appris ainsi, qu'avant de juger, il faut être prudent, très prudent. Souvent ma mère me disait :"Tu vois la fumée qui sort de la cheminée de cette maison ? Oui " Elle est bien droite  ... oui ... d'accord, mais l'on ne sait pas ce que vivent les gens qui occupent cette maison."

    Bonté et autorité en effet. Finalement, nous avons eu beaucoup de chance.

    Merci infiniment et à demain pour la video que j'ai beaucoup aimée pour plusieurs raisons. Mère Grand.

     ,

  • Bonsoir Cher Gil et merci infiniment pour ton superbe témoignage  qui me va droit au coeur.

    A  présent et trop souvent, la mode est de faire des élèves des copains. Funeste attitude qui mène au laxisme et au manque du plus élémentaire respect. J'ai assisté à cette lente dérive, hélas. Or, tenir une distance de bon aloi, sans pour autant tomber dans l'autoritarisme, n'est-il pas dans l'ordre normal de tout Maître ou Maîtresse  ? Tu l'exprimes très bien. Il en a été de même en ce qui me concerne. D'abord Mademoiselle et ensuite Madame, tout naturellement et sans même l'exiger : c'était dans l'ordre des choses. J'ai été sidérée de voir, à la fin de ma carrière, de jeunes instituteurs à la tenue débraillée et, immédiatement à tu et à toi avec leurs élèves. Des institutrices venant régulièrement en retard au travail. Or, et je pense que tu seras d'accord avec moi, la ponctualité était une exigence que nous avons toujours respectée. Car il fallait se montrer des exemples pour  nos petits. Dans tous les domaines.

    Je vais te quitter car je souhaiterai écrire le dernier volet de ces expériences, réelles, à présent étudiées très sérieusement par le monde scientifique. Pas nécessairement Catho ou d'autres religions.

    En solitaire, muette pendant plusieurs années, j'ai entrepris des recherches dans tous les sens évidemment. C'était passionnant.

    Personnellement, ma première option était "Infirmière". Pour faire plaisir à mon père, alors prisonnier de guerre et qui s'inquiétait de mon avenir, j'ai choisi l'enseignement car c'est ce qu'il désirait. Une longue saga  et échange de lettres entre lui, ma mère et moi.

    Le secrétariat m'attirait également et, dans l'enseignement, j'aurais préféré les tous petits ou les tous grands.

    Après un stage effectué en classe gardienne, j'étais soulevée d'enthousiasme. J' avais 14 ans à l'époque.  Je m'en suis tirée admirablement selon les dires des adultes, témoins de cette "performance".

    Il n'y a pas qu'une seule forme d'intelligence mais plusieurs et, parmi les ouvriers, l'on retrouve celle des mains, de l'espace, de la géométrie ..... Les compagnons bâtisseurs l'avaient bien compris. En France vous avez cette chance "Les compagnons du Devoir" et leur Tour de France ....pour perpétrer les savoirs du passé.

    Je dois encore t'écrire à propos de la video. J'avais commencé et n'ai jamais compris pourquoi ce texte avait disparu deux ou trois fois de suite. Je retrouverai bien les mots.... .

    A tantôt ou à demain ..... Mille mercis. Mère Grand.

  • Bonjour Dame Rolande

     

    Le premier de vos deux textes ne peut que me ramener à ma carrière d’enseignant que j’ai déclaré vouloir faire quand j’avais huit ou neuf ans, et dans une espèce d’espièglerie ou d’inconscience enfantine puisque j’étais classé alors dans le dernier tiers de la classe, et que je n’étais pas un amoureux de l’école. Pourquoi donc telle déclaration alors ? Je ne saurais trop le dire mais il faut croire que, ou bien je voulais jouer l’intéressant ou bien j’avais déjà un lien avec l’école, un lien invisible et insoupçonné par mes parents, mes premiers maîtres et par moi-même aussi, ou bien encore que c’était les deux. Cette déclaration eut en tout cas bien des effets décisifs sur mes choix de vie. Mon maître d’alors du CE2 vint voir mes parents et leur dit à leur grande surprise que j’avais de quoi faire un bon instituteur et qu’il ne fallait pas me juger par mes résultats. Il leur dit que j’avais une grande qualité, que c’était l’art de la camaraderie et de la taquinerie et que dans ça il voyait de l’intelligence. Effectivement, les liens de camaraderie étaient importants pour moi, et sont toujours restés, et je dis camaraderie que je distingue de l’amitié, notion qui est pour moi bien trop souvent galvaudée de nos jours. Il reste qu’il s’est occupé de moi, m’a ramené à mon métier d’écolier, et que dans les mois qui ont suivi, je parvins à être premier de la classe et l’ai toujours été jusqu’à ma troisième de collège… Quelques années plus tard passées à l’école normale des instituteurs, je me suis retrouvé dans mon premier stage dans une école primaire… Je cherche le directeur et j’entre dans une salle où il y a une dizaine d’instituteurs, tous en blouse grise et avec leur cravate. Et d’un coup, j’ai le cœur qui bat très fort. Je retrouve mon instituteur de CE2, celui qui m’avait changé la vie … Et lui qui se met à bafouiller, à vouloir cacher une larme. Ses collègues comprennent qu’on se connaît mais lui demandent tout de même si on se connait … Je ne sais plus trop ce qu’il a dit précisément mais je me souviens qu’il a parlé de la superbe école laïque, de relève et que j’étais un cadeau inestimable pour lui qui se trouvait dans la dernière année de sa carrière, et qu’il a terminé par : bonjour collègue, et je n’ai pas besoin de te dire que ta jeunesse est la bienvenue parmi tous ces vieux qui sont ici.  Un rire général pour commencer mon premier stage, quoi de mieux! … Les liens forts que vous évoquez dans votre texte et qui deviennent des complicités, j’en ai connu beaucoup à l’école que je considère comme une société autre que celle de la société du dehors avec des liens factices, des liens guidés par des intérêts, avec beaucoup de liens distendus ou qui ne durent pas. J’en ai connu en étant élève et puis en tant que maître comme m’ont toujours appelé mes élèves sans que je le demande. Comme vous l’indiquez avec pertinence, je considère aussi que l’autorité et la bonté ne sont pas incompatibles et que celui qui veut enseigner, transmettre quelque chose a vraiment besoin de bonté pour faire autorité, autorité qui ne sera jamais donnée par loi ou décret. Mon maître de CE2, c’était cela, autorité et bonté, et d’autres après l’ont été pareillement, et m’ont servi d’exemples. Comme je vous l’ai dit précédemment, j’aime qui me raconte de belles histoires, et suis persuadé que mon histoire vous fera du bien par son côté extrêmement positif de ce que peuvent faire des liens de bonne affection humaine entre les personnes, chose que vous mettez si bien en exergue ici.     

     

    Avec mes remerciements. Amitiés. Gil

  • Merci à vous mes amis qui avez déjà réagi. Aujourd'hui, le troisième volet de ces témoignages.

    A Paris, une pièce sera jouée en janvier pour mieux intéresser le public aux phénomènes des NDE (Je vous en expliquerai plus dans ce troisième volet)

    J'y suis impliquée depuis 1981 par là, lors de la création de l'IANDS, qui a permis, à bon nombre d'entre les "experiencers" d'enfin pouvoir libérer leur parole.

    Une très grande dame est à la base de ces mouvements: Elisabeth Kubler Ross.J'ai eu l'immense privilège de la rencontrer lors d'un colloque sur le sujet à Bruxelles, dans la Salle des Congrès.

    Je vous embrasse. Mère Grand.

  • Bonjour Rolande,

    Ma première impression, à la lecture de vos lignes est le sentiment, profond, des liens intuitifs qui existent entre les humains... qu'ils soient dits, ou ressentis, avec toute la palette des sentiments, une toile , tissée de millions de liens nous unit... dans des moments que l'on peut qualifier de privilégiés, ces liens sont d'une puissance , d'une lumière telle que le souvenir en est aussi présent aujourd'hui qu' hier ...  la perception intuitive de ces liens ( élève et institutrice, fillette et son Papa , dit  toute notre richesse partagée de coeur à coeur . 

    Merci du partage de ces précieux moments de vie ! Cordialement, Nicole

  • Bonsoir Rolande.

    J'attends demain, avec impatience.

    Bisous et bonne soirée, Claudine.

  • Chère Rolande,

    Merci pour ces récits, dans le premier, vous vous êtes surpassée, face à cette situation importante pour votre institutrice, parce que vous en étiez capable!

    Dans le deuxième, une très belle histoire prémonitoire avec une fin heureuse, une certaine intuition avérée.

    J'attends aussi le suite avec beaucoup d'intérêt.

    Je vous embrasse.

    Adyne

  • J'attends .................!

This reply was deleted.

Sujets de blog par étiquettes

  • de (143)

Archives mensuelles