La bête vit toujours. Tapie dans un coin, à l’ombre des murs, pour que personne ne la voit, ne sache, elle se cache. De longues années qu’elle survit malgré les multiples sévices qu’elle subit. Les mots, les mots que l’on lui jette à la figure, les reproches incessants qui lui salissent le dos, les litanies de haine qu’elle entend et qui l’étouffent mais qui la garde en vie.
Fuir cet environnement néfaste, se réfugier dans d’autres lieux, quitter ce monde abjecte. Mais toutes ses tentatives sont restées dérisoires, vaines. Son malheur est ici, son énergie aussi, incrusté dans ses membres, dans sa peau. Et toujours elle revient espérant en avoir fini avec ses mauvais jours.
Quelle est ce pouvoir qui la maintient en vie ? Cette force à chaque fois décuplée pour combattre, essayer de vaincre l’épreuve, recommencer à subir, à entendre les mêmes mots grotesques, avilissants, tueurs.
Poursuivre seule avec des sanglots ce combat qui finira forcément par s’arrêter et qui, un jour, la laissera démunie de toute cette accablante haine.
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