Sur les traces de « Femmes ayant marqué l’histoire de l’Algérie »
Dans cet ouvrage, l’auteur évoque de grandes personnalités féminines d’horizons et de secteurs d’activité divers, allant de Cléopâtre Séléné II jusqu’aux résistantes de la guerre de Libération nationale.
Le livre Femmes ayant marqué l’histoire de l’Algérie du professeur Mostéfa Khiati est inspiré de l’acte intitulé « Le rôle des femmes algériennes pendant la guerre d’Algérie », qui lui a été demandé par l’université de Cheonan à Séoul, où il était l’invité des festivités du centième anniversaire du mouvement d’indépendance de la Corée du Sud. Assuré de la faisabilité de la chose, le médecin-chercheur a dû vite modérer ses prétentions, eu égard à l’ardue tâche qui souffre de l’indigence en matière d’archives.
En effet, s’il lui était aisé d’aller sur les traces de nos résistantes de la guerre de Libération nationale, en revanche, l’itinéraire des femmes de l’antique Tamazgha[1] s’en trouve ardu, car aride de toute trace de témoignages. « Les annales coloniales privilégient la femme d’obédience chrétienne, donc de statut romain, et déshéritent l’autochtone de son algérianité », peut-on lire. Autre escale de recherche, l’antique Cirta[2], où le culte de déesse et de prêtresse est buriné dans la stèle « Himilce et une grande prêtresse, Arisat ».
Autrement, le livre de l’universitaire Mostéfa Khiati est l’almanach où sont inventoriées les femmes célèbres de l’Antiquité, à l’instar de la mythique reine de Cherchell[3], Cléopâtre Séléné II ou Cléopâtre VIII et la légende de la belle Salsa de Tipasa. On en arrive à notre reine-prêtresse berbère, la Kahena, de son vrai nom Dihia, et tout ce que la guerrière charrie de polémiques. Outre la Kahena, l’auteur évoque également la princesse Tin-Hinan, l’ancêtre originel des Touareg nobles du Hoggar. « Cet ouvrage les évoque aujourd’hui, d’une part, pour refléter la richesse de notre pays en femmes éternelles et, d’autre part, pour perpétuer leur mémoire. »
De ce point de vue, l’auteur s’est aidé de l’identification qu’a repérée Mme Benseddik au sujet des femmes berbères que l’histoire a occultées mais « qui ont occupé des positions importantes dans la hiérarchie sociale de leur époque ». Certes, il y a le livre El Bostan, ou le jardin biographique des saints et savants de Tlemcen, de Ibn Maryem Ech-Cherif El-Melity, mais il reste muet au sujet de sa mère « Maryem » qui était pourtant une femme de science, note l’auteur dans son introduction. Pour ce qui est de l’épisode de la Régence d’El-Djazaïr (Alger), il n’y a rien à puiser dans l’occupation ou la cohabitation d’avec les Ottomans, si ce n’est l’histoire à l’eau de rose de « Zaphira » que le diplomate Jacques Philippe Laugier de Tassy a romancée dans son livre Histoire du royaume d’Alger : un diplomate français à Alger en 1724.
Autre révélation, les femmes du M’zab (Ghardaïa) et l’organisation féministe ibadite de l’État rostomide (776-909), où la femme fréquentait assidûment les cours qui se prodiguaient à la mosquée : « Six au moins des dirigeants de cet État se faisaient appeler par le nom de leur mère. » Reste que l’ouvrage de type répertoire du professeur Mostéfa Khiati doit intégrer au plus vite l’école pour guider nos enfants vers nos mères courage d’horizons divers et de secteurs d’activité diversifiés.
Par Nourreddine LOUHAL
Extrait du journal Liberté du 13 juillet 2020
[1] Ancienne appellation de l’Afrique du Nord.
[2] Actuellement Constantine qu’est la capitale de l’Est algérien.
[3] Cherchell, dite autrefois Césarée de Maurétanie ou Caesarea, est une commune de la wilaya (Préfecture) de Tipasa qui fut l'une des plus importantes cités du littoral de l'Afrique du Nord.
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