L’aube prométhéenne
Particulièrement ténébreuse
Cette nuit abrite sous le bleu des draps froissés ta présence
Tu ronfles en bienheureux dénué de tout tracas, auto-pardonné de toute vergogne
Ignorant mon existence, pourtant si femme si vulnérable
J’additionne à chaussons brodés de fil écossais, la distance entre l’entrée de la
Chambre à mon boudoir ou est posée sur l'écritoire, héritage d'un amour ancien, une statue bâtarde rapportée lors de notre unique voyage aux Antilles
Recroquevillée en chien de fusil à douze pas de toi
Volontairement seule, de l’autre côté du monde
Je calcule le vide
Aux alentours sous moi en moi
Le vide et moi infatigables capitaines
Nous copinons, nous festoyons discrets et acolytes
Nous choyons en vertige, je m'en amuse, oh qu’importe pour cette fois
À verre ingéré de vin Julien le Saint de tous les saints
De loin je guette le moindre de tes mouvements
Théâtrale, j'en rajoute, la scène se déroule plus sophistiquée, classieuse
Ta main droite furète, tâtonne l’oreiller blanc et froid puis s’engourdit dans un
Mouvement lourd, imprécis, mortuaire d’une paillasse endormie
Un instant, un fifrelin, j'ai cru saisir l’appel de mon prénom
A la naissance du nouveau printemps de l’an 2018
Je te découvre pour ainsi dire infâme, non pas des moindres
Des ténors de la vilénie
Sous ton masque blafard éclairé par une lune pleine et rouge
Sommeille un visage inquisiteur et difforme, façonné de mépris
Je te découvre pour ainsi dire et pour mon malheur, abject
C’est confirmé, c’est déclaré tu m’écœures
Tandis que de ton gosier entre-ouvert résonne le bruit d’une mécanique rôdée
A y regarder de loin, ton faciès semble expier de tous péchés, ainsi soit-il
C’est confirmé, c’est déclaré, tu m’encombres
Vigilante à l’affut du moindre bruit
Je me laisse bercer par le son des voiles mordorés virevoltants dans ce décor baroque tel un essaim de papillons, émigrés par un courant trompeur venu de la lucarne restée entre-ouverte
Viennent se perdre jusqu’à mes nasaux de femme louve gardienne de ma paix
Les effluves humides d’une aube prométhéenne
Nous sommes demain
Chantyne de Demoté
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