JOYEAU : RENCONTRE
Joyeau, aquarelliste, se présente comme « philosophe de l’imaginaire », l’art lui a permis de transcender un handicap et de déployer ses ailes. Elle a accepté de répondre à quelques questions. Rencontre.
Comment êtes-vous tombée dans le chaudron de la créativité ?
J’ai la chance d’être née dans une famille d’artistes ! Mon papa a participé à la création d’une école de clowns lorsque j’étais petite. Cela a été une formidable aventure ! En parallèle, il a conçu des marionnettes, écrit de la poésie et s’est adonné à la peinture. Quant à ma maman, elle a réalisé des sculptures en terre glaise grandeur nature. A la maison, l’art a toujours été une manière de se parler, de respirer et de ne jamais flancher.
Qu’est-ce que la pratique de la peinture vous a apporté ?
Elle m’a apporté une proximité avec les miens. Cela m’a également doté d’une force qui ne jamais permis de me replier sur moi-même et m’a offert un tas d’expériences qui m’ont confortées dans l’idée d’aller toujours plus de l’avant. Étant porteuse d’un handicap visible, j’aurais pu mille fois préférer disparaître sous terre et ne pas être vue, mais l’art, la scène, le jeu et les clowns ne m’ont pas laissé cette option. J’ai toujours été placée dans la lumière et j’aime ça ! La peinture, plus spécifiquement, m’a offert le cadeau de me montrer par l’intérieur. Petit à petit, j’ai surtout pu intégrer mon image extérieure à la poésie de mon art et j’ai repris possession de mon reflet dans mes propres yeux.
Qu’est-ce qui fait que l’aquarelle est devenu votre médium privilégié ?
L’aquarelle ne me demande aucun effort physique pour ouvrir des bouchons de tubes. C’est son côté hyper-pratique ! Ensuite, j’en suis tombée amoureuse. L’eau, la transparence, l’intensité des couleurs et la lumière, tout parle de mon âme. L’aquarelle représente mon élément. Une relation quasiment charnelle. Je n’ai jamais aussi bien pu représenter le contenu de mon imaginaire qu’avec l’aquarelle. Quand je peins, je me trouve en extase instantanée et je débarque dans un espace intérieur porteur de paix.
Comment décririez-vous votre univers de philosophe de l’imaginaire, terme que vous avez proposé pour vous représenter ?
Juste à côté de l’art, la philosophie est mon deuxième amour. J’ai effectué une licence à l’Université Libre de Bruxelles. Aujourd’hui, ces deux disciplines vont de pair en moi, car la philosophie a énormément inspiré ma vision du monde. Je suis occupée à élaborer une poétique de la matière basée sur notre double nature d’onde-corpuscule. Evidemment, l’imaginaire y occupe une place centrale. La nature foisonne de formes. L’eau serait un médiateur entre la lumière de l’esprit et le spectre vibratoire qui mène la matière à fleurir. Bref, c’est assez ardu d’en parler en deux mots, mais si cela vous intéresse, n’hésitez pas à visiter de temps en temps mon agenda sur le site de Poème Vivant. Des conférences viendront.
Un projet de livre doux et poétique a été concrétisé, puis édité. Pouvez-vous nous en dire davantage sur son origine et son développement ?
« Mélodie », c’est mon premier livre édité. Une petite nouvelle qui peut se lire comme une simple fiction mais, pour celui qui le désire, il y a en filigrane une lecture métaphorique qui traite de certaines découvertes métaphysiques. J’y aborde ma philosophie en lien avec le thème de la musique, tout en y parlant du deuil. Surtout, je l’ai illustré et j’en ai profité pour créer ma propre maison d’édition nommée Poème Vivant. J’adore faire les choses en grand !
Où trouvez-vous l’inspiration ?
Dans ma soif de beauté et mon besoin d’émerveillement !
Et aussi : Que représente « Poème Vivant » ?
Poème Vivant, c’est le foisonnement de formes créées par le vivant, les espèces, les éléments et tout ce qui respire d’une manière ou d’une autre. Ces formes terriblement poétiques quand on prend conscience qu’elles sont habitées par la vie, comme celle qui anime chacun de nous, et encore plus poétiques lorsque on découvre que leur forme répond à leur propre intelligence et à leur propre manière d’être en relation avec ce vivant …
Que rêveriez-vous d’illustrer à l’avenir ?
Oh, n’importe quoi qui se trouve entre l’infiniment petit et l’infiniment grand … ou plus loin, vers l’intérieur ou vers l’extérieur... ou ailleurs aussi ça me va !
Propos recueillis par Mily
Article paru dans Bruxelles Culture de février 2024
https://issuu.com/eag.gallery/docs/bruxelles_culture_5_fevrier_24
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