Quelque part, dans une cantine, sur les lieux de mon boulot ...
A côté des chocolats, des tasses de café ...
Un lecteur CD, doublé d'un poste de radio, veille, trône sur une espèce de buffet en acier.
Du côté droit de l'appareil ...
Une petite cuillère est solid'ment plantée.
Ca attire mon regard, bien sûr.
Je pose la question au cuisinier de service.
"C'est pour remplacer l'antenne", me précise-t-il.
Un autre instantané, quelques heures plus tard ...
Ca se passe sur les lieux de ma tournée.
Une gamine de six ans accourt dans mes bras.
Ca tombe bien. Il est déjà ... presque 17 heures. Eh oui ! Et la distribution du courrier est (encore) loin d'être terminée.
Et la gamine regarde mon caddy, sous le regard bienveillant de sa maman.
Et la gamine saisit la poignée de mon caddy, tente de faire bouger le caddy, sous le regard bienveillant de sa maman (qui lui recommande, quand même, de faire attention).
Et la gamine regarde à l'intérieur du caddy, touche un gros paquet (on dirait une grosse bûche) destiné à une cliente ... qui habite l'immeuble devant lequel je me suis arrêté ... pour distribuer du courrier.
Comme quoi !
Je laisse à la gamine le soin, la responsabilité de tirer, hors du caddy, le gros paquet ... assez lourd pour elle, soyons réalistes.
Et ...
La gamine attend, fièr'ment, devant la porte d'entrée, qu'on descende.
Et quand la cliente se pointe ...
La gamine, sans broncher, lui tend, avec une fièr'té pas possible, le paquet (ou la grosse buche).
Ensuite ...
La cliente (une dame au rouge à lèvres pas possible) remercie son facteur d'être aussi bien accompagné.
Les contes de fée, c'est pas rien que dans les livres !
Encore un autre instantané, quelques heures plus tard ...
Ca se passe à Mons, au soir.
Après un spectacle.
Dans les coulisses.
Quand les spectateurs vont boire leur verre.
Un comédien de la troupe me dit : "Mais moi, je ne suis pas un professionnel !"
En effet ...
Si on compulse le dépliant de la comédie musicale, qui a été jouée ...
Il est bien dit que ...
Des comédiens du Centre des Arts Scéniques du coin donnaient la réplique à des demandeurs d'emploi (ou des sans emploi) de Mons ou des environs.
Et on se doute que ...
Un comédien professionnel a plus de technique, plus de planches, plus de facilités (a priori).
Quant à moi, qui était spectateur ...
Je n'ai pas vu, perçu de différence dans l'unité du spectacle présenté.
La metteuse en scène avait eu la bonne idée de faire intervenir tous les acteurs, individuell'ment, chacun leur tour, au fil de la comédie musicale. Ainsi, ressortaient les particularités de chacun (ils jouaient tous avec leur fraîcheur, leur coeur, leur sincérité ... et je les aurais bien rejoints).
La metteuse en scène, était (et reste) habituée à bosser avec des gens pas spécial'ment formés à la scène (ça, je l'ai lu) et issus de communautés vulnérables, dans le but de susciter des chang'ments dans (ou entre) les individus.
La metteuse en scène, sur un siège à l'avant-plan, dirigeait, comme un chef d'orchestre, les opérations durant le spectacle. Elle indiquait, au fur et à mesure, aux comédiens, le moment où ils devaient intervenir. Rien n'était donc figé. Une part d'improvisation était requise pour les comédiens, sur le vif.
Bravo.
Et on se doute que ... comme le spectacle était prévu pour trois jours, le spectateur le plus régulier, le plus assidu assistait (ou assistera) à trois comédies musicales différentes.
J'aimais ... l'Africaine (la mama) qui répondait par "oui" ou "non"
J'aimais ... les gars au casque jaune qui s'en allaient travailler avec le sourire.
J'aimais ... la fille au cheveux courts, habillée de noir, qui était déprimée.
J'aimais ... le monsieur avec le chapeau du canotier qui chantait "Le travail, c'est la santé"
J'aimais ... l'espèce de drapeau soviétique (avec sa faucille et son marteau) reconverti en beige.
J'aimais ... Sébastien, avec sa perruque, quand il parlait d'attaché-case, que le public se bidonnait.
J'aimais ... la casquette d'un certain Virgile. J'aimais ... deux comédiennes, avec des longs ch'veux (que je confondais).
J'aimais ...
"Mais moi, je suis professionnel !", disait, encore, en coulisses, un des comédiens, comme pour s'excuser, quand je le félicitais de sa prestation ... qui m'avait beaucoup touchée.
Encore un autre instantané, encore quelques heures plus tard ...
Pas plus tard que cette nuit, dans mon dernier rêve.
Je parcoure, vers cinq heures du matin, un couloir (d'école ? d'hôpital ? d'appartement ?). Karine est dans le coin, je le sais, je le sens. Et ... je vois des portes, des portes, des portes ... fermées. Il fait obscur. Karine se trouve derrière une de ces portes. Et ... je n'ose frapper (ou toquer) nulle part.
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