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journal de bord, mercredi 16 février 2011

Les grèves des bus (et des trams) ont failli se poursuivre, à Bruxelles.

 

On en sait un peu plus sur le conducteur qui s'est fait agresser.

 

Et les commentaires fusent.

 

"Je me demande pourquoi ils font grève ... puisqu'on sait que c'est le conducteur qui a frappé le premier ... on l'a vu sur une vidéo"

 

Ou alors ...

 

"Le passager aurait tenté de passer (un peu trop violemment) par la portière du bus ... il dit qu'il ne l'a pas fait exprès ... je ne voudrais pas dire, mais ... je ne suis pas raciste, mais ... le passager qui a forcé la porte du bus est encore un nouveau belge ..." 

 

Que dire ?

 

Le conducteur du bus s'est senti menacé. Attaqué, probablement. Violenté, sans doute.

 

Où faut-il situer l'origine ?

 

Des enfants sont agressifs, violents toute leur vie parce que (selon eux) leurs parents ont été méchants avec eux. Les parents en question sont souvent méchants avec leurs enfants parce qu'ils ne s'en sortent pas avec leurs enfants ... agressifs.

 

Imaginez ...

Observez ..

 

Dans les plaines de jeux, dans les crèches, dans les colonies de vacances, dans les cours d'école ...

 

Deux gosses (que nous avons sans doute déjà été) en train de se chamailler ... cruell'ment, autour d'un château d'sable, d'un jeu de billes, d'un ballon ...

Séparez-les.

Ca ne rate pas : "C'est lui qui a commencé !", vous dira spontanément l'un des deux.

Ca ne rate pas : "Non, c'est lui qui a commencé !", enchaîn'ra spontanément l'autre.

 

Où faut-il situer l'origine ? Quel en est le mobile ?

 

Un souv'nir me revient.

 

Y a quelques années, Bruxelles, station Anneessens (ou Bourse).

 

Je cours après un tram, sur le point de re-démarrer. Je l'atteins (en courant, bien sûr) de justesse. Au moment d'arriver juste devant la porte de devant, celle-ci se ferme brutal'ment. Je me retourne. Miracle : la porte de derrière est encore ouverte. Je cours dans sa direction. Je finis par aboutir dans l'tram, me trouver une place assise et m'asseoir.

 

Et ... je signale tout haut mon mécontent'ment au conducteur.

Qui ...

Démarre et freine brusquement, et commence à m'engueuler comme du pus.

Et il conclut ces tirades par : "Je ne démarr'rai pas tant que vous n'aurez pas jeté votre cigarette".

"Je ne fume pas, monsieur", je lui réponds.

 

Précisons. Il m'arrive souvent, par périodes, depuis pas mal d'années, de rouler des tickets de train (ou de tram) de couleur blanche (ou autres), de les porter à mes lèvres, de les agiter comme des cigarettes et de faire semblant de fumer. C'était le cas ce jour-là.

Mais ... ce n'est qu'un fétiche, un trompe l'oeil, un cinéma que je me crée et dans lequel je me sens ... bien.

 

"Je ne démarr'rai pas tant que vous n'aurez pas jeté votre cigarette"

 

Comme je ne dégageais, en réalité, aucune fumée, aucune odeur, aucune pollution, je n'incommodais personne et je n'entravais aucune loi. Tout au plus, je me collais, une fois de plus, l'image de fou gentil, de fanfaron, de farfelu, de marginal, de déjanté ...

Et comme je restais dans mon droit ...

Comme je ne méritais pas de me faire engueuler injustement ...

J'ai gardé mon "papier" à la bouche.

 

Le conducteur en a perdu tous ses moyens. Et il a encore freiné en gueulant et en m'obligeant à sortir.

Et ... je n'ai toujours pas bougé.

 

Les énervements ont commencé à s'éveiller dans le tram.

J'ai entendu : "Monsieur, s'il-vous-plaît, soyez cool !"

 

Et là, j'ai commencé à paniquer ... à l'idée d'être responsable d'un arrêt indéterminé et des paniques que je créais chez les passagers qui, j'en étais certain ce jour-là, était, dev'nait prête à me lyncher si je n'enl'vais pas mon "papier" de mes lèvres.

 

Par réflexe de survie, de peur, d'auto-protection, moi, qui en général tiens bon, ne plie pas, je suis quand même sorti du tram. Humilié, blessé par un sentiment d'injustice (quand même !)

 

"Monsieur, s'il-vous-plaît, soyez cool !"

 

Quand je revisite ce souv'nir ...

 

"Monsieur, s'il-vous-plaît, soyez cool !"

 

Quand je revisite cette phrase dans son contexte, je me demande, des années plus tard, si la foule dui tram s'adressait à moi, ce jour-là.

 

Que dire ? que dire ? que dire ?

Que penser ?

 

Rev'nons à la grève des bus d'hier.

 

Je crois (mais je n'ose affirmer) qu'un arrêt de travail, une grève me paraît exagérée si on peut prouver que les premiers coups physiques viennent du conducteur.

Remettons quand même les situations dans leurs justes proportions.

 

Ceci dit ...

 

Je ne porterai aucun jug'ment moral à l'égard du (ou des) conducteur(s) de bus, de trams, de métros qui frappent les premiers. Même si la situation est inadmissible, inacceptable et doit être prise en main.

D'abord, je n'étais pas présent sur les lieux et je n'ai d'éléments visuels personnels pour me prononcer objectiv'ment sur la situation.

 

Ensuite ...

 

Se sentir menacé, attaqué, violenté est un sentiment humain légitime.

 

Je suis bien placé pour le savoir : je suis déjà passé aux mains, quelquefois, dans ma vie.

Et je suis très heureux d'avoir, en ces instants plus que déplorables, pu encore bénéficier de l'écoute, de la compréhension, du réconfort, du soutien d'un certain nombre de gens, dans mon entourage.

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