Les coupes de printemps vont débouler.
J'irai chercher, en fin d'après-midi, dans un magasin d'informatique, un programme favorisant le trait'ment de textes et la construction de diaporamas, sur fond musical.
En Libye, on a droit au statuquo ... si on peut dire.
Les chiens semblent toujours trouver leur bonheur en appuyant leur museau contre mes cheveux.
"Vous êtes chargé, facteur !"
Tiens, j'entends la voix de Monsieur Robert.
"Vous êtes chargé, facteur !
Je la connais, la maxime.
"Vous êtes chargé, facteur !"
Je le croise pratiqu'ment tous les matins, Monsieur Robert, quand je démarre mon périple sur les chemins (pas tristes) de ma tournée, quand je m'attarde (pas longtemps) au snack (tenu par des gens tous simples venus tout droit du Kosovo), histoire de me caler l'estomac, avec une délicieuse langoustine dans du pain banya (ou "bania" ou "baniat", je ne connais pas l'orthographe exacte).
"Vous êtes chargé, facteur !"
J'ai pris l'habitude, quand je casse la croûte au snack, de me prendre une table discrète (pour moi) et de concilier la saveur du r'pas, avec ... mes recommandés à inscrire, encore.
"Vous êtes chargé, facteur !"
"Combien de kilomètres faites-vous par jour, facteur ?"
"C'est vous qui devez porter tout ça ?"
"On vous paie, au moins, pour vos heures supplémentaires ?"
Je vous aime bien, Monsieur Robert, avec vos lunettes, votre regard d'une bonté inaltérable, votre voix grave, votre empathie dont la sincérité crève les yeux.
Malheureus'ment pour moi ...
Malheureus'ment pour vous ...
J'ai beaucoup de mal, certains matins, à inscrire mes recommandés et entendre votre voix (qui me désigne, m'interpelle) en même temps.
C'est nerveux.
Dépenser de l'énergie (physique) en inscrivant ses recommandés, après avoir trié durant quatre heures, après avoir traversé une rue en tirant un caddy et en tentant de franchir une bordure, dépenser une autre énergie (physique et mentale) en recevant vos informations si ... chaleureuses, que je ne capte que trop bien, c'est parfois trop pour un seul homme.
Mais ... vous n'y êtes pour rien.
J'ai décidé, y a quinze jours à peine, de changer un peu mon fusil d'épaule. J'inscris maint'nant mes recommandés au bureau, avant de sortir. C'est plus prudent. C'est plus sage.
Quand je vous croise, Monsieur Robert, je peux plus facil'ment me mettre à votre diapason, en toute légèr'té.
Vous savez, comme moi, que l'enfer est pavé des meilleures intentions du monde.
Rassurez-vous : je vous aime bien.
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