J'ai rechanté sur un marché. A Boussu, pas loin de Mons. Y avait longtemps !
Quand je suis arrivé sur place, c'était pas l'pied. Du monde, du monde, du monde. Des échoppes, des échoppes, des échoppes. Alignées les unes à côté des autres. Pas un espace, sur la route, où je pouvais m'arrêter. Du monde devant, du monde derrière.
Promiscuité oblige !
Quand je pense que, sur certains marchés, y a à peine trois échoppes et que le monde se fait attendre.
Du monde, ai-je dit. Fallait prendre toutes les précautions pour ne pas être bousculé ... par quelqu'un qui risquerait de se foutre en colère (ou ... de passer aux mains) parce qu'il s'est senti bousculé.
Des feux rouges. Des flics. Des voitures qui stationnaient, devant les grandes surfaces et dans une rue voisine, à perte de vue. Des gosses qui ach'taient, à une échoppe, une crêpe au Nutella. Des grosses boudines.
Final'ment ...
Je me suis posé au bout d'une rue, à la fin du marché. Pas loin de la gare. Y avait un marchand de fringues, à ma droite.
J'ai chanté sous l'ombre et, sur le coup d'une heure, dans l'soleil. Sans savoir vers quoi j'allais. Sans être dépendant de la pièce qui atterrirait à deux pas de ma housse (de guitare).
A un moment donné ...
Une gosse, avec des lunettes, en désignant mon ukulélé, me demande : "C'est un violon ?"
J'ai eu un coup d'sang ... sympa. Oui, oui. Un gars déboule, à un moment donné,franc battant, devant moi. En fait, il me souhaitait la bienv'nue. Content d'entendre de la musique. Je m'en suis voulu de paniquer. En fait, le gars portait un polo, avec des inscriptions, et j'ai cru avoir affaire à un placier, ou un membre de la police locale ... qui pouvait toujours me prier de déguerpir (ou de le suivre au poste). Ouf ! C'était juste ... une fausse alerte.
J'entendais des détonations, à l'occasion. Derrière moi. Quand je me retournais, je comprenais le système : le maraîcher, à ma droite, qui vendait des fringues, liquidait ses cintres, un par an, dans un endroit précis. Non, Hugues, il ne te jetait pas son attirail à la figure !
Quatre personnes se sont arrêtées. j'en connaissais deux. Un jeune couple et un autre ... plus âgé. Y a pas un endroit où je me pose ... et où je ne retombe pas sur une connaissance. La femme du couple "âgé" est une des filles d'un pote écrivain (d'Etterbeek), José Moinaut, décédé y a deux ou trois ans. Son bonhomme, je l'ai déjà vu, il provient des Ardennes et il a suivi des cours de musique (son fils aussi), y a dix ans, avec mon père. Le gars (du jeune couple), je l'ai vu, quand il était gamin, un jour (chez José), mais je l'aurais pas reconnu en rue.
Tout se s'rait passé dans le meilleur des mondes, si le gars "âgé" ne m'avait pas balancé, à un moment donné : "J'ai eu cours, moi, avec le père Draye !". En se marrant comme une baleine. Parler de mon père comme d'une bête curieuse, j'avoue ne pas aimer trop ça. Et il poursuit, le gaillard : "Mon gamin, il avait du mal, au cours ... faut dire, le père Draye, il parlait beaucoup !". J'ai rien dit. J'ai laissé dire. Ca m'a profondément dérangé. Mon père avait le verbe facile, OK. Mais il l'utilisait toujours soigneus'ment. Avec son sens du respect des autres, sa dignité. Qu'un gros pacha (je ne mâche pas mes mots) se serve de ça pour me sortir son pus (ou son purin) à la gueule, je trouve ça déplacé. Ca fait extrêm'ment mal. Grosse vache, va ! Le 11 août prochain, y aura dix ans que mon papa est retourné dans le ciel. On ne touche pas comme un Béotien à mes proches, cher Michel !
Quand j'ai quitté le marché ...
J'ai décanté. Fallait pas me mettre le gars en face de moi. Dire que ... il ne s'est p'têt rendu compte de rien, le gaillard.
Mais, une fois de plus, plutôt que d'en être vexé, je sais à qui j'ai affaire. T'approche pas trop de moi, à l'av'nir !
Je me suis arrêté à une échoppe. J'ai ach'té un portefeuille magique. Oui, il suffit de mettre dedans ... un billet de cinq, dix euros. On retourne le porte feuille. On l'ouvre de l'autre côté. Et on aperçoit les billets bien rangés derrière un lacet.
J'ai repris la route à pied jusque Saint-Ghislain.
J'ai repris, là bas, le train. Après m'être attardé, une heure, à une terrasse.
Je suis passé par la Grand'Place de Bruxelles. C'était la fête de l'Iris.
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