Je voudrais pas crever
Avant d'avoir connu Les chiens noirs du Mexique Qui dorment sans rêver
Les singes à cul nu Dévoreurs de tropiques
Les araignées d'argent Au nid truffé de bulles
Je ne voudrais pas crever Sans savoir si la lune Sous son faux air de thune A un coté pointu
Si le soleil est froid Si les quatre saisons Ne sont vraiment que quatre
Sans avoir essayé De porter une robe Sur les grands boulevards
Sans avoir regardé Dans un regard d'égout
Sans avoir mis mon zobe Dans des coinstots bizarres
Je voudrais pas finir Sans connaître la lèpre Ou les sept maladies Qu'on attrape là-bas
Le bon ni le mauvais Ne me feraient de peine Si si si je savais Que j'en aurai l'étrenne
Et il y a z aussi Tout ce que je connais Tout ce que j'apprécie Que je sais qui me plaît
Le fond vert de la mer Où valsent les brins d'algues Sur le sable ondulé
L'herbe grillée de juin La terre qui craquelle L'odeur des conifères
Et les baisers de celle Que ceci que cela La belle que voilà Mon Ourson, l'Ursula
Je voudrais pas crever Avant d'avoir usé Sa bouche avec ma bouche
Son corps avec mes mains Le reste avec mes yeux
J'en dis pas plus faut bien Rester révérencieux
Je voudrais pas mourir Sans qu'on ait inventé Les roses éternelles La journée de deux heures
La mer à la montagne La montagne à la mer La fin de la douleur Les journaux en couleurs
Tous les enfants contents Et tant de trucs encore Qui dorment dans les crânes Des géniaux ingénieurs
Des jardiniers joviaux Des soucieux socialistes Des urbains urbanistes Et des pensifs penseurs
Tant de choses à voir A voir et à z-entendre Tant de temps à attendre A chercher dans le noir
Et moi je vois la fin Qui grouille et qui s'amène Avec sa gueule moche Et qui m'ouvre ses bras De grenouille bancroche
Je voudrais pas crever Non monsieur non madame Avant d'avoir tâté Le goût qui me tourmente
Le goût qu'est le plus fort
Je voudrais pas crever Avant d'avoir goûté La saveur de la mort...
Commentaires
L'ATELIER THÉÂTRE JEAN VILAR PRÉSENTE
Boris Vian, une trompinette au paradis
Un spectacle musical écrit et mis en scène par Jérôme Savary
Accueil français
exclusif
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Avec Nina Savary, Jérôme Savary, Antonin Maurel, Marco Oranje et Sabine Leroc et
les « Franciscains Hot Stompers »
Direction musicale et piano : Philippe Rosengoltz
Un hommage au swing
Il y a cinquante ans et des poussières, le chanteur-écrivain-musicien s'envolait pour le paradis de la trompinette, sans avoir pris une ride.
Et Boris Vian restera jeune pour l'éternité.
Jérôme Savary évoque ce grand poète irrévérencieux, provocateur et tendre à la fois qui, le temps d'une courte vie, a bouleversé et enchanté celle de générations de jeunes et de moins jeunes. Sur scène, cinq comédiens-danseurs-chanteurs et six musiciens interprètent un spectacle swing, inventif et joyeux. Pour les fêtes, vivez en famille cette plongée dans l'insouciance des rythmes jazzy.
Frénétiquement musical et swinguant, un big band tiré au cordeau. Des comédiens qui chantent et qui dansent, des images plein les mirettes, des gags et des numéros de magie : tout ça, bien sûr, au service exclusif du grand Boris.(JérômeSavary)
Avec ce spectacle, on entre dans un registre que Savary, féru de musique, maîtrise avec brio. On se replonge avec délice dans les années frondeuses du Grand Magic Circus. (Pariscope)
Un spectacle présenté par Atelier Théâtre Actuel en accord avec La Compagnie Jérôme Savary.
A l'affiche du 28 au 31 décembre 2011
à 20h30 excepté le jeudi 29/12 à 19h30 et le samedi 31/12 à 18h30 et 21h (soirée de réveillon)
Place Raymond Lemaire - Grand Place - 1348 Louvain-la-Neuve
Avec Plaisir chère Marcelle de Partager Ce Beau Texte qui m'a bcp touché également. Je ne connais pas très bien cet Artiste, mais il me titille la curiosité...
Amitié Séverine
Merci d'avoir publié ce formidable texte de Boris Vian, si plein d'amour de la vie et d'horreur de la mort. Cette mort qui a fauché bien avant l'heure cet artiste polyphonique et génial.