J’ai osé…
Il s’appelle Erwin.
Barbu, cheveux en bataille, une bonne gueule de bûcheron alsacien avec des yeux bleus perçants, intelligents qui te scrutent sans détour.
Il créche entre deux poubelles, rue des chasseurs à Montpellier, devant la gendarmerie.
Je l’avais repéré en passant et compris que c’était là son domicile fixe.
Souvent occupé à des mots croisés, en pleine lecture ou en conversation avec quelque passant, il semblait tenir salon.
J’ai osé l’aborder un peu gênée :
« Bonjour Monsieur, je vous vois faire des mots croisés… »
Il m’a gratifié d’un sourire engageant, je lui avais apporté des mots croisés et une petite radio…
Nous avons parlé du temps, il faisait froid ce jour là.
Un temps idéal, m’a-t-il dit avec emphase dans un sourire radieux, juste un froid sec comme je les aime.
Accroupie à côté de sa couette, je regardais le campement de fortune qui s'étalait derrière lui : butagaz, provisions de conserves, une casserole. Sa « cuisine » n’était pas vraiment nickel mais il m’a fait remarquer qu’il avait l’essentiel. Pas loin j’ai même cru apercevoir le coin bibliothèque plastifié.
Le lendemain, il pleuvait fort et je suis allé m’enquérir de son état avec ma voisine.
Il semblait que pour lui, c’était aussi une bonne journée.
Il nous a confié qu’il était prof de cuisine dans une autre vie et qu’il donnait des conseils à un jeune en formation qui venait le voir de temps en temps.
Il nous a aussi dit qu’il avait bon espoir de trouver rapidement un hébergement...
Cet homme est un miracle.
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