Instantanés du temps de l’enfance
Je me souviens ... malgré ma mémoire infidèle :
L’herbe … après : l’univers ! …Quelqu’un, là-bas, j’appelle.
Il me plaisait ainsi, dans l’air, d’appeler loin …
Le thym embaume – et le soleil dort … dans le foin.
Et puis ? Quel rêve encore me vient du premier âge ?
Le jardin – familiers mfeuilles, visages …
Feuilles, visages, seuls. Rien que feuillage, gens !
Bout de sentier : je ris ! S’en retenir ? comment ?
Je cours, tête mêlée aux nuées, aux murmures.
Le souffle empli de ciel, l– de hautes ramures !
Puis le ruisseau, la digue où vont mes pas joyeux …
De si loin les entendre ! Un « si loin » merveilleux !
Retour à la maison par l’herbe où l’on gambade
Et l’escalier ravi d’un bruit de galopade !
La chambre débordant d’avrils, d’ardents juillets !
J’y traînais ce corps mien … Les lèvres j’appuyais
A la vitre … Partir … vers rien – la transparence
Et sans limite, à fond, sentir …cette existence.
Bolesław Leœmian
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