Statistiques google analytics du réseau arts et lettres: 8 403 746 pages vues depuis Le 10 octobre 2009

Hommage à Emile Kesteman Partie III

12272791288?profile=original

Dessin de Louis Haché, 1989


Continuant à examiner la bibliographie d'Emile Kesteman présentée dans les premières et deuxième parties de son hommage, je continue à en extraire quelques ouvrages depuis le CD-ROM  que j'ai consacré à son oeuvre dans ma série de 74 ouvrages portant le nom générique de "Testament des Poètes" et concernant les poètes contemporains belges que j'ai approché lors de rencontres qui me sont toujours très chères à me remémorer.


Emile Kesteman aimait à éditer des textes sur sa ville de Bruxelles. Ainsi, il chanta la Cathédrale Saint Michel et  Gudule, était fin connaisseur du quartier du Sablon et y préférait particulièrement Notre-Dame au Sablon. Il parcourait régulièrement le quartier de la Chapelle et sortit un opuscule sur  Notre-Dame de la Chapelle.


Voici ses "Méditations à propos d'une Cathédrale" paru en 1990:
12272792252?profile=original
"Il y a trop peu d'allumeurs de réverbères et pas assez de petits princes".


La Cathédrale Saint-Michel à Bruxelles.

 

Il y a lieu de parler de l'église avec minuscule et de l'Eglise avec Majuscule. La première, c'est le monument de pierre et de verre que nous percevons par la vue et qui parle à notre sens de la beauté. C'est important, car la beauté en ce monde peut être considérée comme un reflet de la Beauté divine. Et l'expérience de l'émotion esthétique pousse ses racines très loin dans notre moi personnel. La beauté nous ébranle intérieurement et nous fait connaître les prémices de la vie intérieure. Le monument nous fournit également des informations sur les intentions et les mobiles profonds des générations qui nous ont précédées. Il nous renvoie aux styles du passé (art chrétien primitif, art roman, art gothique, art baroque) et aux activités diverses auxquelles les hommes et les femmes de ce pays se sont livrés pour finalement forger leur humanité: les tailleurs de pierres, les bâtisseurs, les maçons (qui étaient autrefois les francs-maçons), les architectes, les maîtres-verriers, les sculpteurs, les peintres, les liciers (qui étaient les tapissiers), les facteurs d'orgues, les organistes, les chantres, le haut clergé et le bas clergé, les fidèles, les marguilliers (qui ont veillé à une bonne gestion des biens matériels).

 

Mais entre ce monument que nous percevons par nos sens et la signification qu'il peut avoir, il y a un lien indéniable. Il y a un lien entre l'église avec minuscule et l'Eglise avec majuscule. Cette dernière repose sur le témoignage des douze apôtres (sculptée par Corneille ou Jean van Mildert, Jérôme Duquesnoy, le Jeune, Leli de Tobie ou Tobias, Luc Fayd'herbe) que le Christ a envoyé de par le monde pour répandre son Evangile c'est-à-dire sa bonne nouvelle. Certains de ces apôtres ont organisé leur Eglise de façon sensiblement diversifiée; cela dépendait aussi de la région où ils oeuvraient et des populations qui y vivaient; car l'Eglise ne vient pas biffer les différences locales; au contraire elle vient les approfondir.

 

L'Eglise a tout intérêt à rassembler en son sein des personnes qui ont des racines. Elle est riche de nos différences. Dans l'interaction entre les apôtres et les premiers chrétiens et dans la vie de l'assemblée chrétienne se manifeste sans cesse l'Alliance entre Dieu et l'homme et se produit la Révélation, toujours jeune et dynamique, comme l'aigle de Jean -ou comme un feu du ciel qui brûle sans consumer (Jean était un fils du tonnerre). Comme les apôtres, nous continuons à porter témoignage de Jésus devenu le Christ par sa vie, sa souffrance, sa mort (1) et sa résurrection. Nous sommes les témoins du Fils de l'homme qui est aussi le Fils de Dieu et qui nous a envoyé l'Esprit.

Cet Esprit qui souffle partout, mais aussi dans l'Eglise, nous en avons grandement besoin pour discerner le bien et le mal -ce qui est symbolisé par l'Arbre du Bien et du Mal supportant la cuve de la chaire de vérité de Verbrugge.

Ce qui nous conduit de la Genèse à l'Apocalypse; car la femme se présente sur une demi-lune au-dessus de l'abat-voix de la chaire, écrasant le dragon, avec un enfant entouré d'étoiles. Il est important que les chrétiens sauvegardent sans cesse cet "esprit de discernement" (2), sans quoi aucune vie morale et aucune vie de foi n'est pas possible.

Sans doute la vie tout court a ses charmes et ses séductions (éléments naturalistes de la chaire sculptée par Jean-Baptiste van der Haegen), mais pour continuer à en apprécier la saveur, il faut faire preuve de discernement. Et sans cesse il faut reconnaître nos limites, nos divisions, notre enfermement et notre isolement. Nous sommes tous des êtres lézardés et ces lézardes, il faut les faire disparaître. Il faut tendre vers la transparence. Et c'est pourquoi l'Eglise a institué le sacrement de pénitence qui réconcilie avec le réel (Voir "Dette et Désir" de Vergote) et nous rapproche de Dieu, foyer vital de notre existence.

Une Eglise n'est pas seulement une Communion qui unit tout le monde dans une même aspiration. Elle est également une société qui s'appuie sur certains éléments de la société civile. De là les noms des rois, des familles nobles et des notables qui se trouvent dans les vitraux (de Fierlant, d'Elzius, Robiano, de Trazegnies d'Ittre, Verhoukstraeten et son épouse, van Tieghem, d'Ursel, etc...) et le souvenir de personnages importants qui dans l'histoire de notre pays ont joué un rôle éminent (par ex. Le Chanoine Triest qui a été sculpté par Simonis et qui a été une espèce de Saint Vincent de Paul gantois).

L'autel de la vierge, dans une chapelle de la nef latérale, révèle bien le rôle de Marie, fait de discrétion, d'effacement et d'amour. Il fait oublier les vestiges de l'ancienne prison ecclésiastique dont les hommes -de par le passé ont très souvent fait un mauvais usage.

Nous montons ainsi jusqu'au Golgotha pour nous souvenir de la souffrance et de la mort de Jésus (voir le tableau de Michel Coxie) -que nous retrouvons ressuscité à l'endroit le plus important de l'église, c'est-à-dire l'autel). Le maître-autel est le symbole du Christ en oblation et la table à laquelle tous les chrétiens sont invités; car l'eucharistie est une agapè c'est-à-dire une mise en commun et une confraternité dans le Christ auquel l'on communie.

Les deux pélicans -qui sans que le sculpteur Simon Lewi le sache vraiment -rappellent les armoiries de Groenendael (3). Ils représentent comme deux moments importants de la vie du fidèle: la Foi dans le recueillement et l'envol dans l'espérance.

Ainsi l'Amour, la Foi et l'Espérance se concrétisent sous nos yeux à l'endroit du transept où le bras horizontal de la croix rencontre le bras vertical. Il n'y a pas de religion, il n'y a pas de foi sans cette dimension transcendantale (en dehors du temps et de l'espace) de notre existence.

C'est là que normalement nous devrions rencontrer dans sa densité la plus grande le Christ ressuscité qui n'attend que notre ouverture pour s'engouffrer et nous transformer, nous transfigurer dans la joie exaltante d'une Fête de Pâques, désignée sous les termes bibliques de Jérusalem et de Royaume de Dieu. [...]

Emile Kesteman


Et voici "Au Sablon", paru en 1990:

12272792474?profile=original


Notre-Dame-Au-Sablon

 

L'église Notre-Dame qui sépare le Grand du Petit Sablon domine la place autour de laquelle s'organise la vie du quartier. C'est là qu'en 1308 la Gilde de l'Arbalète dispose d'un petit terrain où ses membres construisent une chapelle. Ce terrain a été cédé à la Gilde par les Soeurs Augustines qui jusqu'au vingtième siècle ont dirigé l'hôpital Saint-Jean.

Ici se situe une légende selon laquelle une vierge en bois (Notre-Dame à la branche) aurait été amenée d'Anvers par voie fluviale grâce au concours d'une femme pieuse du nom de Béatrice Soetkens. L'allusion à Dante est claire.^L C'est le voyage de cette statue -disparue en 1580 suite aux actions des iconoclastes, et refaite et habillée par l'archiduchesse Isabelle dans le plus pur style des vierges aux robes isocèles- qui est commémoré chaque année lors de la sortie de l'Ommegang (début du mois de juillet). Ce cortège est au fond l'ancienne procession paroissiale du Sablon qui a été remise à l'honneur par Albert Marinus.

Cette légende est évoquée à sept reprises dans l'édifice: la barque au-dessus du porche (côté rue de la Régence) donnée à l'Eglise au 17e siècle par Michel Angeweloni, et celles du vitrail au-dessus du jubé, de l'ornement de clef de voûte, des peintures dans le coeur du vitrail dans l'avant-dernière travée, du plafond en stuc (1684) sous le jubé et de l'autel des arbalétriers.

Nous reviendrons sur la signification de cette légende, mais il faut être d'accord avec Patrice de la Tour du Pin qui a dit:  

"Tous les pays qui n'ont plus de légende seront condamnés à mourir de froid".

Au milieu du XVe siècle, les arbalétriers de Bruxelles décident de construire autour de l'ancienne chapelle un sanctuaire plus important. Les travaux commencent par le choeur dont il faut admirer les fenêtres lancéolées et les lignes qui montent de la base à la clef de voûte de façon ininterrompue. Les murs présentent des peintures redécouvertes sous un badigeon lors des restaurations du XIXe siècle. Regardons également les vitraux qui représentent l'adoubement d'un chevalier du Saint Sépulcre de Jérusalem, une séance capitulaire de ce même ordre, la translation des reliques de Sainte Wivine et le Miracle de Saint Hubert, patron de la chasse. A gauche, derrière l'ancien maître-autel se trouve le sacrarium avec ses belles moulures et les symboles des évangélistes. De chaque côté du choeur se dressent les chapelles érigées à la demande des Princes de Tour et Tassis: à gauche, la chapelle Sainte-Ursule (chapelle funéraire et autrefois baptistère) et à droite, la chapelle Saint-Marcou. Entre cette dernière et le porche, à l'entrée de la sacristie actuelle se trouve la tombe du poète français Jean-Baptiste Rousseau (XVIIIe siècle).

Il y a des éléments qui caractérisent tout spécialement Notre-Dame-au-Sablon: les cinq nefs dont dispose cette église et les écoinçons qui ornent tous les murs de l'édifice à l'exclusion des travées construites à l'arrière au 16e siècle.

Certains de ces écoinçons représentent des arbalétriers, d'autres des musiciens. Saint Georges et le dragon, Saint Laurent et son gril, Saint Jean l'évangéliste et sa cuve pleine d'huile bouillante. Il y a même une danse macabre (sept personnages) au-dessus de la Piéta.

Dans le fond de l'église, à gauche, le monument Garnier, tout d'albâtre et de marbre noir, retient notre attention. On y découvre la vie de la Vierge, depuis sa naissance jusqu'à la présentation de Jésus au temple en passant par l'annonciation et la visitation. Sous le jubé, dans le plafond en stuc, Saint Georges et le dragon, l'arbalète et la barque apparaissent dans la pénombre du porche. De cet endroit on contemple les vitraux et l'architecture du coeur qui ressemble à celui de la Sainte Chapelle à Paris. On prend conscience du volume qui nous domine et nous touche, expression quasi physique de la transcendance de Dieu (Dieu au-delà du temps et de l'espace). Mais on pourrait tout aussi bien parler de l'immanence de Dieu, de ce Dieu plus intérieur à nous-mêmes que nous-mêmes, cher à Saint Augustin.

Dans le vitrail de l'avant-dernière travée à droite, un nautonier déploie beaucoup d'efforts pour faire avancer la barque de la Vierge.

Nous empruntons l'allée centrale et nous nous approchons de la chaire. Elle est du 17e siècle et en bois plein. Marc Devos l'avait premièrement conçue pour l'église des Augustins qui se trouvait autrefois place de Brouckère.

Elle a vraiment belle allure. On y décèle les quatre symboles des évangélistes: l'aigle de Jean dont l'évangile commence par la Parole qui s'est faite chair, l'homme de Saint Matthieu dont l'évangile commence par la généalogie de Jésus, le taureau de Luc parce que son récit démarre au temple et le lion de Marc parce que son évangile débute par une évocation du désert.

Et il est bien vrai qu'il n'y a pas de foi sans une expérience de désert. La foi d'ailleurs est ce qu'on fait de notre solitude existentielle face à une Présence dans le monde qui est autre.

En outre la chaire nous présente des figures dont certaines évoquent tout le cheminement de la théologie chrétienne à travers l'histoire: Paul, apôtre des gentils, Augustin avec les livres de Platon, Albert le Grand si avide de science et d'alchimie et Thomas d'Aquin, son élève, qui a relu Aristote et est ainsi à l'origine du thomisme. Sa philosophie sera proclamée comme une philosophie officielle de l'Eglise, sous Léon XIII. Le sculpteur de cette chaire en chêne n'a pas manqué de souligner la saine tension qui doit exister entre la Parole (symbolisée par la Bible) et l'institution de l'Eglise (symbolisée par la tiare).

Paul Claudel, ambassadeur de France à Bruxelles de 1932 à 1935 venait souvent se recueillir dans l'église Notre-Dame-au-Sablon. Il se mettait à côté de la chaire et tenait volontiers la corne du taureau pour renouer avec ses racines paysannes. Il regardait la croix du transept. Tout cela est décrit dans son ouvrage: "Un poète regarde la croix". Quand la chaisière passait, il lui disait de bien aligner les chaises, "car -ajoutait-il il y a une prière des chaises".

L'autel des arbalétriers qui date du 19e siècle et ne présente aucun intérêt artistique réel n'est cependant pas dépourvu de significations. Une Vierge trône sur un tronc d'arbre et nous rappelle les anciens Germains qui vénéraient l'arbre. Celui-ci symbolisait la fécondité et l'énergie de la terre-mère. Puis l'effigie de la barque -la septième- fait songer au culte voué par les Egyptiens à la déesse Isis ou à la légende de Charon qui chez les Grecs et les Romains emportait l'âme des défunts au-delà du Styx. L'Eglise est comme une barque qui nous aide à passer sur l'autre rive. Elle est à la fois société et communion. Ainsi rejoignons-nous la signification profonde de Pâques (fête du passage) et le sens de la légende de Béatrice Soetkens.

Une église comme celle du Sablon avec ses cinq nefs, ses piliers et ses colonnes illustre à merveille les lointaines origines sylvestres du bâtiment qui nous sert aujourd'hui de temple. Lorsque vous entrez dans une église gothique et que vous êtes sensible à ce qu'on pourrait appeler la grammaire de l'architecture, vous êtes invité à découvrir le lien profond entre l'être humain et la forêt, entre l'être humain et l'eau, d'où procède toute vie.

Et l'on pourrait poursuivre cette visite en prétendant que la croix de Jésus n'a de sens que si elle sert la Vie; car il ne pourrait y avoir de contradiction entre Dieu et la plénitude de l'humain. L'église Notre-Dame-au-Sablon est également pourvue d'un jacquemart qui sonne toutes les demi-heures incitant les fidèles à s'engager dans le temps pour rejoindre l'Eternel.

Emile Kesteman

 

Hors-les-Murs (Notre-Dame de la Chapelle), Ed. Les Elytres, 1996 sera évoqué dans la quatrième partie de l'hommage consacré à l'oeuvre d'Emile Kesteman.



Envoyez-moi un e-mail lorsque des commentaires sont laissés –

Vous devez être membre de Arts et Lettres pour ajouter des commentaires !

Join Arts et Lettres

Commentaires

  • Cher Robert Paul,

    Une fois de plus mon commentaire a été effacé avec la mention "Votre commentaire doit être autorisé avant que les gens ne puissent le voir.

    Je n'ai pas le courage de reprendre ces réfléxions très spontanées mais sachez que j'apprécie beaucoup votre hommage à Emile Kesteman dont je garde au coeur un très précieux souvenir.

  • Cher Robert Paul,

     

    Je viens seulement de découvrir votre hommage à Emile Kesteman, cet homme tellement humain dont je garde le souvenir dans mon coeur. Je pense souvent à lui et à son accueil tellement précieux au sein de l'AEB. Sans être croyante, j'apprécie la générosité de ce vrai chrétien et sa fraîcheur d'esprit qu'il a su conserver jusqu'au  bout.

  • Merci Robert de me réveiller avec le superbe poème d'Emile. Entendre sa voix me plonge dans l'Eternité de ce souffle qui nous habite tous et toutes.

    En ce moment, je range, je range car à mon âge il faut se préparer au grand départ et y penser sereinement.

    Mieux vaut laisser toutes les choses en ordre.

    La Cathédrale St Michel où j'ai vécu pendant trois années dans son ombre. Et le Sablon avec de merveilleuses rencontres lors des séances du Grenier ! Les émotions sont fortes.

    Le vent de l'Esprit : s'y laisser porter.

    Bonne soirée. Amitiés. Rolande

     

  • Le vent soufflait dans ma chambre:

    Comme on distingue sur un même instrument les différents airs, on distingue les diverses affections de l'âme d'une personne qui parle avec intelligence ou avec feu.  Pour tout cela...merci.

    Michelle

  • Cher  Robert, ces extraits m'ont beaucoup intéressée, ils expriment et révèlent l'érudition de Monsieur Kesteman, son attachement au patrimoine et à ceux qui ont façonné l'Histoire  et les histoires de nos régions, surtout celle de sa ville affectionnée de Bruxelles.

    Merci d'avoir rassemblé patiemment toutes ces merveilles de nos lettres belges, dans ces CD-rom.

    Le poème qu'il présente oralement," Le vent soufflait dans ma chambre" est remarquable, il est d'ailleurs bien émouvant d'entendre ainsi sa voix...son chant...

    Pour poursuivre dans le même esprit, voici Barbara Flamand qui nous parle aussi de ses souvenirs d' Emile Kesteman.

    ACTU-tv Barbara Flamand évoque Emile Kesteman à la Fleur en Papier ...

    Je lirai avec intérêt la suite de vos parutions en hommage à  notre regretté Emile Kesteman.

    Bonne fin de journée.

    Amicalement,

    Pascale

  • Oh ces extraits ont l'air passionnants. Je fais faire un tirage pour les lire à Paris !

    Merci car cet homme a une spiritualité qui me touche beaucoup sur ma ville natale... rien que natale mais tout de même.

    bien choisie !

  • Le vent soufflait dans ma chambre (E. K.)

This reply was deleted.

Sujets de blog par étiquettes

  • de (143)

Archives mensuelles