Nous comptons tout le temps, c’est une obsession. Dès notre plus jeune âge on nous apprend à compter et cela ne s’arrêtera pas, ne serait-ce qu’un instant. Evidemment l’instant est précieux et l’on compte sur lui. L’instant doit être plein, consistant, le plus profitable à soi, aux autres parfois,  mais le plus souvent à soi. En tout état de cause il doit compter. Toutes les minutes comptent, il n’y a pas de temps à perdre et c’est ainsi depuis que nous avons pris conscience un jour qu’il ne faut compter que sur soi-même ! Car au bout du compte le résultat nous sautera au visage. Pour solde de tout comptes, alors, ne nous resteront que nos yeux pour pleurer.

Les bons comptes font les bons amis, dit-on, rien  de surprenant par conséquent qu’ils soient si peu nombreux ! La hantise de perdre ou d’être démuni nous conduit souvent à considérer la part de l’autre plus grande que la nôtre ; nous trouvons logique alors, afin d’équilibrer les comptes, de prélever cette part manquante. Chacun peut se souvenir ici d’avoir été l’objet ou le sujet de ce rééquilibrage. Ainsi partout et en permanence sommes-nous concernés par cette faculté innée d’additionner, multiplier, diviser ou soustraire afin de nous en sortir à bon compte. Gare à celui qui  s’endort quand l’autre compte, car s’il n’y a que la vérité qui compte, tout compte fait c’est à chacun la sienne.

La question qui vient immédiatement à l’esprit c’est celle-là : les comptes sont-ils justes ? Il serait tentant de répondre que non puisqu’en vertu des injustices unanimement proclamées et converties en pseudo-justices ils ne peuvent être absolument justes. Il y a forcément des failles qui brouillent les comptes. Ce qui n’est pas vu en somme ne compte pas. Au final donc les comptes devraient être faux. Pourtant ils sont présentés comme bons, pas justes mais bons. Bon alors …En fin de compte il reste toujours leur interprétation et les hommes n’ont pas leur pareil pour les faire parler comme ils l’entendent. Quant aux femmes, elles n’aiment pas trop compter elles préfèrent de loin les contes !

Jeux de sens