CE QUE LE TEMPS PASSE...
J'ai revu sur la plage la fille des soyeux de Lyon...
Il me souvient de l'adolescente aux longs cheveux blonds, au profil fier et au ravissant sourire qui, au fil des étés, s'est transformée en une femme si belle, si désirable qu'elle attirait les regards malgré une distinction innée et aucune provocation...
Puis un été sa beauté fut comme illuminée! Elle était accompagnée d'un grand homme brun, très beau lui aussi. Le couple était merveilleusement assorti. Physiquement bien sûr, pour le reste je ne les ai jamais connus que de vue.
L'année suivante, un tout petit bébé dont s'occupait la grand-mère attendrie, et la jolie blonde, toujours aussi belle, épanouie, insolente dans son petit bikini, la longue tresse lui caressant le dos, le regard un rien hautain, superbement sûre d'elle...
Et puis deux ans d'absence.
Hier j'ai revu la fille des soyeux de Lyon...
Le père n'est plus là, mort je pense, il était très âgé. Le mari n'est pas encore arrivé. Le jeune homme d'affaire brillant est probablement trop occupé... Mais la grand-mère se penche avec tendresse vers un adorable bambin aux cheveux noirs et bouclés comme ceux de son père et il y a un nouveau-né, si minuscule qu'il ne doit avoir que quelques semaines. Pourtant au premier regard, je n'avais pas reconnu la fille des soyeux de Lyon!
Toute insolence l'a quittée, son sourire est très doux et elle a grossi, oh! Pas beaucoup, mais juste ce qu'il faut pour ne pas la reconnaître directement.
Elle est pâle, je suppose qu'elle vient d'arriver. Deux veines bleues apparaissent sur ses tempes, elle semble gonflée, tenant le nouveau-né on serait tenté de dire gonflée de lait!
C'est absurde! Non je la détaille, c'est bien elle, le même beau nez, la bouche impeccable quoique sans maquillage, la longue tresse blonde...
Le jeans blanc et le polo me cache son corps, pourtant c'est bien elle, mais le triomphe est passé...
Elle n'a pas encore trente ans, c'est une mère de famille, ce n'est plus celle que je nommais avec admiration, la fille des soyeux de Lyon...
Ce que le temps passe, c'est déprimant!...
J.G.
Commentaires
Non sum qualis erat
Horace
La vie vous transforme irrémédiablement
Il lui manque je crois cette étincelle dans les yeux ......
Pensées Arlette
Bonjour Jacqueline,
Je découvre notre " cadeau de fin de semaine " ! Merci à toi !
Un brin nostalgique ...
Regard... sans complaisance ... sur le temps qui passe , sur le paraître, sur l' éphémère de la beauté... de la jeunesse, de la richesse matérielle ...
Tout le cycle de la vie perce au travers de tes lignes ...
Quelles que soient les apparences , la fille des soyeux de Lyon me semble toucher , avec infiniment de grâce, le bonheur d' être mère ...
Belle fin de semaine et amitiés, Nicole
Chers Amis d'arts et lettres,
Il y a des êtres que l'on croise et qui frapppent notre imaginaire! Comment ne pas être éblouie lorsque comme moi, on aime observer, par quelqu'un en état de grâce alliant beauté, richesse, bonheur... et comment ne pas être nostalgique avec le temps qui passe de constater si vite que la page est tournée? Bien sûr il y aura plein de lots de consolation mais plus jamais cette évidence!
Par contre, il y a le désir bien des années plus tard d'en fixer l'instantané et de vous le faire partager.
Merci de votre intérêt et de vos commentaires si appréciés
Belle soirée à tous
Amitiés
Jacqueline.
Le temps passe ..Certes ! mais cela pourrait être rassurant ou charmant ou attendrissant ou troublant ...
Pas déprimant ,elle est belle ,ses petits sont superbes et sa mère veille ...Pas de problème ,réjuoissons-nous !
Non? Pourquoi s'attrister ?
Merci et bravo pour votre inspiration intarissable sans doute pas aussi attristante que çà !!!!
Bon week-end .