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administrateur théâtres

De La Cour des Novices...au Transept au Nord de l’église, passez ensuite  après l'entracte  sous la scène et retrouvez-vous au Nord de l’église abbatiale...pour écouter, voir et frissonner devant l’histoire de Frankenstein.

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Stefano Massini, auteur florentin, né en 1975, publie « Frankenstein ou Le Prométhée moderne»,  très librement  inspiré du roman du même nom (1816-1817) de Mary Shelley, deuxième épouse et égérie du grand poète romantique anglais Percy Shelley. Et Emmanuel Dekoninck s’en saisit pour en faire un spectacle inédit dans les ruines de la somptueuse abbaye de Villers-La-Ville sous la fidèle  houlette de Patrick de Longrée, créateur de grands spectacles estivaux. La traduction du texte est signée Pietro Pizzuti, enchanté par un texte sûrement iconoclaste qui veut forcer les frontières entre la science et la nature.

 Dans cette énième version du mythe construit par la très libérale et avant-gardiste Mary, l’auteur dépouille le texte de ses nombreuses mises en abîme, de son aspect gothique et  met en avant l'humanité stupéfiante de la Créature aberrante  et sa solitude. Sa voix est l’écrin dans lequel se déroule l’histoire, celle  de son créateur Victor Frankenstein que l’on voit naître sous nos yeux à force de cris et de gémissements sous la direction de Justine, la servante. Le jeune garçon (Alain Eloy) avide de lecture  transgresse dès son jeune âge les interdits du père. On assiste à un autre accouchement barbare de sa mère adorée qui décède et le jeune homme,  fou de douleur, masse sauvagement le corps inanimé  pendant que le père prie et  jure consacrer sa vie à  réveiller la matière morte et ressusciter la Vie. Ainsi nait déjà la Créature dans l’esprit du futur savant. On le retrouve  à l’université d’Ingolstadt sous la protection d’un bienveillant Professeur Waldman (Marc De Roy) qui en appelle à Copernic, Galilée et Vésale, mais contré,  on s’en doute, par les censeurs de l’église. Tout cela a une base bien généreuse et ne rejoint pas vraiment le défaut d’hubris qui causa la perte d’Icare. On suit donc ce pétulant savant, amoureux de la science plus que de sa fiancée, avec délectation, entre rêve et réalité. On accepte la transgression, on s’associe à son impensable projet, à son désir de jouer à  « playing gods » au nom de la Vie.  So far so good !

 Le malheur, c’est que le jeune  savant devient fou, refuse d’abandonner ses recherches et de suivre Elisabeth,  sa fiancée, l’exquise Claire Tefnin. La folie serait-elle  indispensable à la création ? Il a sauté le pas et se retrouve  en rupture avec la société. Et voici la Créature, objet de deux années de recherche,  dont la flamme vitale finit par se réveiller à force  de manipulations, d’expériences alchimiques et de détours par la science du galvanisme. Hélas, cet être monstrueux et vagissant  personnifié très intelligemment par Olivier Massart terrorise l’infortuné  créateur qui a perdu tout contrôle. Celui-ci  prend la fuite, effaré par l’aberration humaine dont il est devenu le père.  Le reste est l’histoire de sa poursuite par le monstre qui veut assouvir sa haine d’avoir été créé. Il veut se venger de  celui qui l’a arraché au silence éternel pour le jeter dans l’insupportable solitude et le bruit du monde.  Il hait  celui qui l’a délibérément abandonné, une fois créé. « Seigneur, pourquoi m’as-tu abandonné !» résonne dans les voûtes du lieu, …et ce n’est pas un hasard ! Chants grégoriens à l’appui…

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 C’est évidemment, au-delà de la trame de l’histoire, l’occasion de  faire un peu  de théâtre de foire et de morale facile en  conspuant le curé  qui  sauvera l’ étrange Créature  de la vindicte d’une foule sanguinaire. Une action dictée  par amour du prochain  certes, mais aussi afin de servir d’exemple vivant pour ses sermons, technique de foire. Un point pour le respect de la différence mais aussi premier meurtre perpétré par l’innommable créature: celui dudit curé. Cette version de l’histoire passe sous silence les innombrables meurtres perpétrés par la Créature, y compris celui de la très attachante Justine,  servante fidèle de  la famille, interprétée par Cathy Grosjean.  Et la Créature sans nom, de s’en aller par monts et par vaux, jouant de la flûte aveugle à la recherche du père.  Seuls, les non-dupes errent !

C’est par ailleurs l’occasion de poser des questions à notre siècle sur la place de Dieu et celle de l’homme. Sur la solitude, sur l’abandon.  Sur le sens de la vie et de la mort. Sur la transgression en général, source de connaissances mais aussi  source de malheurs. Ces questions sont inextricables. On reste perplexe avec de très vivantes  interrogations. On écoute surtout l’écho du questionnement ricocher sur les ruines de cette merveilleuse abbaye où se tient le spectacle  qui rend le questionnement encore plus intense  car le lieu choisi est lui-même un acte de transgression. Une mise en scène  finalement très païenne d’un grand spectacle,  dans un ancien  lieu de culte où les pierres semblent prier encore est en soi un choix délibéré…et transgressionnel qui a le don de faire réfléchir au-delà de la brillante  théâtralité de l’action, du délassement visuel nocturne  et de l’envergure spectaculaire de la représentation.

La   Distribution :
  ALAIN ELOY – Victor Frankenstein
  OLIVIER MASSART – La Créature
  CLAIRE TEFNIN – Elisabeth
  CATHY GROSJEAN – Justine
  FREDDY SICKX – Professeur Krempe
  MARC DE ROY – Professeur Waldman
  YVES CLAESSENS – Alphonse Frankenstein
  KAREN DE PADUWA – Antoinette
  Didier Colfs – Trismégiste
  DAVID LECLERCQ – Docteur Vertrand
  MARIE VAN R – Caroline Beaufort
  GÉRALD WAUTHIA – Père Hubert
  DENIS CARPENTIER – Ferdinand
  OLIVIER FRANCART – Le Curé
  JEAN-FRANÇOIS ROSSION – Officier
  GAËL SOUDRON – Gaston

de Stefano   Massini d’après le roman de Mary Shelley

metteur en   scène : Emmanuel Dekoninck

http://www.frankenstein2013.be/Frankenstein_2013/Frankenstein_2013.html

Du 11 juillet au 10 août 2013 à 21h00

http://smilebox.com/play/4d7a637a4d6a59324e6a633d0d0a&blogview=true&campaign=blog_playback_link&partner=commissionjunction

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Commentaires

  • administrateur théâtres

    ScènesDu frisson et de la beauté à l’Abbaye de Villers-la-Ville avec "Frankenstein".

    Dans les ruines de l’Abbaye de Villers-la-Ville, un souffle de vent agite les légers voiles blancs en fond de scène. En voix off résonne une voix à la respiration entravée et lourde qui affirme avoir toujours été là, en songe, en fantasme, depuis l’enfance de Victor Frankenstein qui deviendra un savant professeur. Le premier volet, le plus léger de l’adaptation pleine de justesse et d’efficacité du roman de Mary Shelley par Stefano Massini, retrace la naissance de Frankenstein, son enfance puis la rencontre à l’université d’Ingolstadt avec le professeur Waldman, son mentor. Les prémices de la création sont posées dès la naissance de Victor. Fasciné par les ouvrages de la bibliothèque de son père, notamment "Le Golem", son "destin", inéluctable, se scelle à la mort de sa mère en couches, une mort inacceptable. "Frankenstein", nous expliquait Emmanuel Dekoninck, le metteur en scène, "c’est, au fond, l’histoire d’un homme qui n’accepte pas la mort". S’ensuit la naissance de la Créature grâce aux décharges électriques d’un orage et la fuite du créateur… Puis le parcours triste et meurtrier de la Créature malheureuse et le temps de la vengeance.

    Formidable beauté simple

    Nul autre décor n’aurait aussi bien convenu que ces ruines cisterciennes pour ce mythe terrifiant. Le mystère des pierres sert l’histoire à merveille grâce à la magnifique mise en scène d’Emmanuel Dekoninck et la scénographie de Patrick de Longrée. Matériaux bruts, laboratoire où ne figurent que des objets d’époque, plateau de bois final où les feuilles d’un bouleau planté au milieu de la scène frémissent… la beauté du décor est l’écrin parfait pour ce "Frankenstein" fidèle à l’histoire originale. Bien loin de l’image véhiculée par les films fantastiques, Olivier Massart y incarne une Créature à la fois effrayante et terriblement touchante tant il recherche un sens à sa vie. Alain Eloy, qui traverse toute la pièce, réalise une performance en se jetant corps et âme dans ce personnage torturé et finalement si humain, comme sa Créature.

    Il se dégage une incroyable beauté, simple et pure, tout au long du spectacle servi par d’excellents comédiens. Fragilité de la vie, menace de la mort, espoir de l’éternel, un "Frankenstein" magique, envoûtant et émouvant.http://www.lalibre.be/culture/scenes/frankenstein-si-humain-51e4c05...

  • administrateur théâtres

    “Did I request thee, maker, from my clay, to mould me man,

    Did I sollicit thee from Darness to promote me?”  John Milton’s Paradise Lost

     

     

    “I saw—with shut eyes, but acute mental vision—I saw the pale student of unhallowed arts kneeling beside the thing he had put together. I saw the hideous phantasm of a man stretched out, and then, on the working of some powerful engine, show signs of life and stir with an uneasy, half-vital motion. Frightful must it be, for supremely frightful would be the effect of any human endeavor to mock the stupendous mechanism of the Creator of the world.”

    Mary Shelley’s Author’s Introduction to the 1831 edition of Frankenstein

  • administrateur théâtres

     Cliquez pour les photos du spectacle ici

     

    © 2013 Saskia Batugowski

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