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Je laisse couler l'eau,
en la fixant,
et j'ai envie de rire,
je ris mais pas un petit rire, un rire énorme,
Je ne sais même plus si je ris ou si je pleure,
Je sais que je reste seulement là à fixer l'eau,
à la humer,
la contempler...
Comme une conne.

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Journaliste d’investigation et mère de deux enfants (une fille, Vera, et un garçon, Ilia), Anna Politkovskaïa a dénoncé à plusieurs reprises les violations des droits de l'Homme par les forces fédérales russes en Tchétchénie ainsi que la dégradation des libertés publiques et la corruption.
2001 : Anna Politkovskaïa est détenue par les forces russes en Tchétchénie lors d’une enquête contre les conditions de détention pour avoir « enfreint les règlements en vigueur pour les journalistes ».Elle reçoit des menaces de vengeance de la part d’un officier qu’elle avait accusé d’avoir commis des atrocités contre les civils. Les charges sont abandonnées et elle se réfugie en Autriche. Elles seront reprises en 2005 et il sera condamné à 11 ans d’emprisonnement.
2002 : Elle participe aux négociations lors de la prise d’otages au théâtre de la rue Melnikov à Moscou

2004, elle est empoisonnée dans l’avion qui l’amenait pour négocier avec les preneurs d’otages de l’école de Beslan. Les analyses du poison sont détruites « par mégarde ».

« Douloureuse Russie », son dernier ouvrage parait en septembre 2006 aux éditions Buchet-Chastel.
7 octobre 2006, jour de l’anniversaire de Poutine, Anna Politkovskaïa est assassinée dans la cage d'escalier de son immeuble à Moscou au moyen une arme couramment utilisée par les forces de l'ordre. Elle avait été filée et mise sur écoute par le service fédéral de sécurité.

Dans une interview, elle se confiait sur le dédain dont elle était victime dans les milieux journalistiques russes : « Je suis journaliste, et ça m’est un peu égal, comment on m’appelle, et comment on me traite. Je dois raconter ce que j’ai vu. Mon problème est de faire comprendre à mon gouvernement ce qu’il se passe réellement en Tchétchénie, maintenant je ne sais pas par quel biais agir. Si par exemple à travers mes livres l’opinion publique occidentale et notamment les Français comprennent ce qui se joue là-bas et font des pressions sur Poutine que, paraît-il, le gouvernement français adore... Que grâce à cela Poutine comprenne ce qui se trame, eh bien je considérerais que ma mission est accomplie. Je ne me fâche pas facilement, je suis une personne adulte et endurcie, tout ça ne compte pas. Ce qui compte, c’est qu’il faut arrêter cette guerre. [...] Tôt ou tard, il y aura un avenir, les temps changeront, il y aura une révision des événements de la seconde guerre tchétchène et je pense que mon travail aura joué un rôle et sera respecté."

En 2007, Stefano Massini crée la pièce Donna non rieducabile. Memorandum teatrale su Anna Politkovskaïa (Femme non- rééducable) adaptée à l’écran en 2009 par Felipe Cappa.

Traduite par Pietro Pizzuti et créée au Marni en avril 2010 dans une mise en scène de Michel Bernard avec Angelo Bison en autres, la pièce et la personnalité d’Anna Politkovskaïa continuent de fasciner le public.

http://www.theatrepoeme.be/programmation/femme-non-reeducable-memorandum-theatral-a-propos-de-anna-politkovskaia/

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C’est une version à deux qui est proposée aujourd’hui avec Andrea Hannecart. La pièce se présente comme un récit ?

Angelo Bison : Il y a eu une première version avec beaucoup de monde. Mais en Belgique, cela devient difficile à vendre. Le Poème 2 est une salle de grande proximité qui convient particulièrement à ce texte. Il ne s’agit pas de militantisme. Il s’agit d’un exposé des faits.

Ce texte, vous le défendez depuis 2010, avec la même passion, qu’est-ce qui vous motive ?

Angelo : Au-delà de l’acte qu’Anna Politkovskaia a osé, celui de donner sa vie pour la liberté d’expression, c’est encore une femme, ne l’oublions pas ! Une femme qui bouge. Le mouvement Me Too, je trouve cela formidable. Anna Politkovkaia a donné sa vie pour défendre la liberté, notre liberté. Encore récemment, on a vu Jamal Khashoggi, un éditorialiste du Washington Post se faire dissoudre dans de l’acide au consulat saoudien à Istanbul où il se rendait pour des démarches en vue de son mariage avec une Turque. Ce qu’il faut savoir, c’est qu’Anna Politkovskaia est Russe, pas Tchétchène et en étant Russe, elle ose dire que les Russes commettent des horreurs en Tchétchénie même si cela lui fait mal au cœur car c’est sa patrie.. Elle est considérée comme traître à sa patrie. Or, ce qu’elle dénonce, c’est le silence. Ce que je raconte dans ce spectacle, c’est le silence des politiques. Vous ne trouvez pas qu’en Arabie Saoudite après ce qui s’est passé, c‘est toujours le silence ? Vous avez vu Trump dire : «Maintenant, c’est terminé ! » ou la Belgique dire : « Nous ne leur vendrons plus jamais d’armes après l’acte qu’ils ont commis de dissoudre un journaliste » ? C’est de l’hypocrisie. Politkovskaia, elle dit : « Si nous acceptons cet état de choses, nous sommes complices ». Qui a dénoncé ce qui se passait en Tchétchénie ? Anna Politkovskaia. Et avez-vous vu des réactions de la part de l’Europe, de l’Italie de la Belgique, de la France ?

Une peur européenne des Russes ?

Angelo : Une peur européenne de ne plus faire des affaires avec les Russes, avec les Américains, avec l’Arabie Saoudite. Cela représente des millions et des centaines d’emplois et vous voulez qu’on supprime ces centaines d’emplois pour un journaliste qui a été dissout dans d’acide ?
J’ai envie de dire que ces gens qui se sont fait assassiner ont donné leur vie pour rien ! Car c’est un argument massue, les emplois. C’est le chantage abominable qu’on nous propose.
Je pense qu’il faut qu’il y ait des gens comme Anna Politkovskaia. Je suis pour une vraie révolution de la pensée, de notre façon d’agir et d’être au monde. Et les choses inacceptables, il ne faut jamais les accepter même au nom de la realpolitik.


Elle est journaliste aussi…

Angelo: Oui mais elle peut aussi s’en laver les mains comme Ponce Pilate ! Ce qui se passe en Italie avec Salvini, on peut le voir un peu partout. On essaye de bâillonner la presse. La Repubblica en Italie, on essaye de la faire taire complètement parce que c’est une boite dissidente. Les journalistes italiens ont de plus en plus de mal à s’exprimer au sein même de l’Europe sans parler des pays de l’Est et même en Belgique attention, on ne peut pas dire n’importe quoi en Belgique. C’est le danger et c’est ce que nous dit ce spectacle. Anna Politkovskaia va jusqu’au bout, elle va jusqu’à mourir alors qu’elle a des enfants et qu’elle sait très bien qu’elle va laisser tout cela et moi personnellement, je suis admiratif. Si on oublie trop vite, alors on a tout perdu. J’ai travaillé beaucoup de textes d’Ascanio Celestini qui nous parle de la mémoire. C’est facile d’oublier…

Michel Bernard, le texte de Massini vous l’avez réadapté pour ce spectacle ?

Michel Bernard : C’est le texte tel quel de Massini, traduit par Pietro Pizzuti qui a aussi traduit Lehman Trilogy du même auteur. On a juste réorganisé quelques passages et surtout on a demandé l’avis d’Aude Merlin qui est une spécialiste du Caucase et de la politique post-Union soviétique et aussi professeur à L’ULB et traductrice d’Anna Politkovskaia dont elle était une amie. Comme elle parle le russe couramment, elle a contrôlé le texte et donc on peut affirmer que tout ce qui est dit ici est la vérité. On a supprimé certaines affirmations dont elle a dit : « Je pense que c’est exact mais ce n’est pas prouvé. Donc si vous voulez être rigoureux dans votre travail, il faut les supprimer. »

Il n’y a pas d’apports de Massini aux textes de Politkovskaia ?

Michel Bernard : La grande difficulté avec Massini, c’est qu’il a une écriture très poétique et singulière. Tout matériau (interviews, vidéos, articles concernant Anna Politkovskaia, ou la Tchétchénie) sera transfiguré par sa propre écriture. C’est un problème qui peut poser quelques droits d’auteur. On est face à une matière dont on peut prouver les sources mais portée par une langue, par une ligne d’écriture. Chaque fois qu’il construit des séquences, il y a un cadre qui déborde de son écriture. Il ne se borne pas à rester journaliste, il sait que pour pouvoir travailler une séquence, il va devoir apporter une forme théâtrale, un rythme. Il met en poésie ce qu’Anna Politkovskaia a relaté et qui a été confirmé par Aude Merlin.

Angelo Bison, vous aimez cette salle du Poème 2 et vous préparez déjà un prochain spectacle que vous jouerez ici…

Angelo Bison : Ce sera une petite bombe. Un spectacle sur André Baillon, un auteur belge, qui s’appelle « Un homme si simple ». Un texte où il raconte sa confession à la Salpetrière. Baillon est marié avec Jeanne mais elle ne suffit plus alors arrive Claire qui n’est pas sa maîtresse mais son amie, sa muse. Et donc, il vit avec Jeanne et Claire qui a une petite fille de quatre ans. Mais la petite va grandir et soudain Baillon a des pulsions. Mais il est intelligent. Il ne nie pas les pulsions. Mais pour ne pas les assouvir, il va se faire interner. Il a écrit cinq confessions d’une beauté et d’une drôlerie… C’est un personnage fascinant.

Propos recueillis par Palmina Di Meo

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