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Extrait de "Morts Conjointes"

Chacun des exécutés avait droit à un espace juste égal à la surface de son corps qui allait y être enterré sans cercueil, à même la terre, sous un petit monticule de son volume et à une petite croix, symbole de l'exécution de celui qui était censé les attendre derrière la barrière de la vie.Une plaquette y fut clouée. Le nom de l'exécuté y figurait avec la date de naissance et celle de son violent trépas. Pas de photo ni autre renseignement qui eut pu raviver un souvenir plaisant. Grégoire Truc gisait comme il avait vécu.J'étais passé de l'autre côté du mur sans quasi m'en rendre compte! Ce n'était que cela? N'était-ce pas plus facile et moins douloureux que de vivre une vie de souffrance permanente?J'étais toutefois rongé par le regret de ne pas avoir pu assumer la vie qui m'avait été donné de vivre dans la peau de Grégoire Truc et de devoir abandonner sa chaire dans ce lopin de terre anonyme.Ma présence dans le lieu magique situé au bout du tunnel ne me satisfaisait que par complaisance avec la force qui m'y avait emmené. Je suivais le courant, contre ma volonté. J'avais gardé mon sentiment de frustration à l'égard d'un jugement humain qui avait été aussi inutile qu'injuste et de cet homme qu'il l'avait provoqué.Tout s'était précipité. Mon exécution, mon envolée vers cet endroit lumineux et magique, l'enterrement de mon corps dans cette parcelle sans âme... Je supportais difficilement ma nouvelle situation bien que ma vie terrestre n'eût pas été extraordinaire. Eût-il fallu qu'elle l'eût été? N'eût-il pas fallu que je me complusse dans mon existence, eût-elle été morne et maussade?
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