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En paix JGobert

Un léger brouillard recouvre les prés et de fines gouttelettes d’eau s’écrasent sur le sol. Don de vie gracieux un instant encore à cette belle végétation qui nous a ravis toute cette saison. Les fleurs, les feuilles s’accrochent malgré l’irrémédiable. Elles vont mourir, arrachées par le vent, la pluie. Elles vont chuter sur la terre sans remords, d’autres virevolteront avec force sur une ultime danse endiablée. Parées de mille couleurs comme ces danseuses glissant sur les parquets, elles embelliront une dernière fois mère nature et en feront un tableau exceptionnel.

Chaque année, nos chers bambins ont la charge de trouver et de ramener à l’école des feuilles d’automne si chères à mon cœur. Toute une part de mon enfance rejaillit et le souvenir de ces cueillettes me rend joyeux, heureux. Des heures propices au pur bonheur vécues avec mes proches, enseignants et amis.

Ces prospections ne sont jamais vaines et permettent de croiser de petits rongeurs ou batraciens cachés à même le sol ou un petit hérisson tout content d’être tapi dans ces jolies feuilles encore fraiches. Parfois un écureuil curieux et à l’écoute sur une haute branche surveille.

Que la nature est belle quand elle est en paix.

Assis sur un tronc d’arbre, un vieux monsieur se repose, la mine détachée. Il est plongé dans ses pensées et en oublie le temps présent. Que d’heures il a passées dans cet endroit où la nature est encore intacte où l’homme n’a rien abimé, détérioré, cassé. C’est un lieu au milieu de nulle part où la terre a su préservée, protégée son intégrité, sa solitude. Peu de gens connaissent ce lieu surprenant, et ne discernent pas le bonheur, la satisfaction d’y passer, d’y être.

Tout est assez ordinaire, une clairière, une petite cascade, le tout cerné d’arbres centenaires, un merveilleux repaire. Au centre de ce petit paradis vit ce cœur solitaire, dépouillé, déserté de faux sentiments. Une paix authentique y règne. En accord avec la nature qui l’entoure, il en savoure le plaisir, en déguste avec conscience les odeurs et les parfums, heureux de ce bonheur gratuit.

Il se pose souvent la question de savoir pourquoi tant d’hommes cherchent l’impossible, l’irréalisable, l’infaisable et pourquoi si peu y arrivent. Leur vie devient un cauchemar, et n’aboutit à rien.

Telle une armée de fourmis qui cherche à domestiquer, soumettre, assujettir la terre et qui ambitionne d’y arriver, elle détruit, bâtit, importune, déséquilibre. Cependant mère nature veille, contrôle et n’hésite pas à recadrer et à reconquérir ses droits. Elle se sait invincible pour avoir toujours évolué malgré les minuscules entraves de l’homme.

Que la nature est cruelle quand elle est en colère.

Le vieux monsieur savoure ce doux moment de quiétude loin du marasme, du découragement de cette société en faillite de bonheur.

 

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