Ecoute... a perdu son âge. Elle arbhorre une chevelure dorée plus joyeuse que celle d’une déesse. Elle s'amuse dans la lumière matinale au bord de l’étang où des nénuphars paresseux se reposent. Aujourd'hui elle porte une ravissante robe blanche et un canotier assorti d’un ruban bleu. Sa façon très enfantine de remuer la tête m'enchante. Ses yeux verts sont deux belles amandes qui brillent comme des agates. Ecoute est observatrice toujours les sens à fleur de peau. Le parfum des fleurs évoque chez elle une mélodie. C’est leur langage affirme-t-elle, il s'apprécie autant qu'une musique.
Quand je lui montre l’arbre à mouchoirs, elle devient si triste que j'éprouve le besoin de la serrer contre mon cœur qui bat comme un instrument devant une fleur négligée.
Le parfum de la rose affirme-elle est plus doux que le roucoulement entêtant des tourterelles après une pluie de septembre, celui du bleuet est moins bruyant et plus rythmé que le claquement des volets par un jour de novembre, celui des primevères en revanche est audacieux car il ouvre les portes du printemps et sent le bonheur qui siffle à tue-tête comme le merle au réveil du soleil, les jours d'avril.
Si je lui dis que les pivoines me paraissent voluptueuses ! Elle s’exclame pour tempérer mes ardeurs n'entendre qu’un battement de cil comme celui de ton actrice préférée celle à la peau de neige, me rétorque-t-elle jalouse C’est d'un air dégouté qu’elle me signale que le moisi possède l’odeur de la confiture de virus responsables en janvier de la bronchiolite des nourrissons turbulents précise-t-elle.
Espiègle, Ecoute a toujours le sourire aux lèvres et souvent elle me tire la langue pour narguer mes étonnements et mon ignorance. Alors je lui sors de ma poche un chou-fleur du mois de mai, elle ferme les yeux et s’exclame entendre la parole du vent au mois de mars dans les cyprès et les ifs du cimetière municipal où les chiens de porcelaine rêvent dans les allées de chrysanthèmes. Les toutous sont tellement sensibles à la marche funèbre de Chopin me soutient-elle en hochant la tête.
Ecoute connait l’odeur du temps. Le temps est une symphonie jouée par les grâces du firmament aux silhouettes éphémères, irréprochables, insondables et seulement reproduites par le pinceau du rêveur et du poète près du lac Léman par un jour de décembre un jour d'hiver blanc dont ne s'étonnent que les petits enfants emmitouflés dans la chaleur de la tendresse.
Je cueille parfois des fleurs sauvages pour Ecoute, chaque bouquet est pour elle une sonate de Mozart. Elle me remercie avec la timidité d'un mois d'octobre, me tend la joue que je la lui caresse d’un bouton d’or. Alors elle déclare entendre le soleil faire des castagnettes comme il le fait toujours à la saint Jean à la frontière espagnole, à Plan très précisément gronde-t-elle pour me rafraichir la mémoire.
Souvent nous nous promenons dans les jardins, main dans la main. Ecoute raconte que certains arbres jouent de la flûte, surtout en octobre m'assure-t-elle, quand poussent les vesses de loup et que les cyclamens fleurissent dans les plaines à l'ombre de la Toussaint.
Ecoute, pourquoi les tilleuls embaument-ils les jardins d'une odeur de miel autant que les mélèzes les versants du Jura lui demandé-je ? Ecoute qui a réponse à tout, me soutient ouïr à proximité de ces arbres uniquement le chant maitrisé d'oiseaux, comme celui de ces migrateurs à la curiosité en éveil dans les forêts d'eucalyptus des îles inquiétantes du triangle des Bermudes énonce-t-elle en ouvrant les bras vers le ciel
Parfois tels deux vieux amoureux nous nous asseyons là sur un banc, nous regardons les nuages partir en voyage pour découvrir des paysages ensorcelants. Mais là, où murmurent les agapanthes en prière au-dessus des ancolies rieuses et des nigelles à l'ouvrage, je lui ouvre mon cœur, Ecoute plisse les yeux, remue le nez et me sourit comme un ange, elle murmure dans le ton du reproche que mon amour est grave. Comme à la ville ! s'exclame-t-elle, comme par un mois de février ! rétorque-elle. Tu es un véritable violoncelle sur la place rouge en juillet ! se moque-elle.
Mais sa plus belle déclaration est de m’avoir signifié que j’étais plus beau que la solitude en cage en avril et plus délicat que les iris des bords de l’Agréau où se désaltèrent les agneaux qui portent toujours le même tricot, c'est à dire blanc immuable comme le plumage d'une colombe au 15 août me surprend-elle.
LIONEL
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