Une femme marche dans la rue,
un peu triste, les cheveux bruns défaits,
un peu bouclés,
son corps est longiligne,
vêtu d'un rien, décolleté,
tout offert à la pluie mordante qui tombe
depuis des heures ;
le printemps sans soleil,
n'est pas pressé de s'en aller.
Elle marche fantomatique ; elle s'en fout !
Cette femme, est toute entière à sa peine,
son enfant hier s'en est allé,
le temps d'un regard furtif, mais intentionné,
dans l'entrebâillement d'une porte verte ;
les mères sont tout le temps pressées,
actives ici et là, tiraillées de partout ;
jongleuses, équilibristes, superbes,
elles excellent dans tout ce qu'elles entreprennent,
ou alors, elles tombent, non sans grâce,
dans un lit blanc, les yeux si lourdement fermés.
Une femme marche dans la rue,
ravagée par le chagrin, le corps déserté,
affamé de silence, de sommeil ;
l'enfant n'est plus ;
elle n'a pas vu un soir
son p'tit regard livide, sans voix,
qui la cherchait, l'appelait sans un mot ;
Marie travaillait sur un dossier,
buvant cafés sur cafés ;
l'enfant dans sa chambre minuscule,
bleue ciel, sentait sa p'tite vie
lui glisser entre ses doigts,
tout neufs, déjà froids.
Marie marche dans la rue,
son ventre lui fait mal,
lui restitue les premiers coups de pieds,
les retournements, la délivrance d'hier ;
l'empreinte de l'enfance naissante
est encore là, déchirante !
Demain, un berceau bien étrange,
en forme d'oiseau, montera tout là-haut,
y fera naître une floraison éblouissante et blanche,
nimbée d'un soleil bleu !
NINA
Commentaires
Je t'embrasse bien fort Beatrice. Toutes mes amitiés NINA
Oh je ne sais pas quoi te dire Deashelle ; elles sont superbes. Un grand merci. Amicalement. NINA
Poignant! Nina! C'est l'envers "des roses blanches" qui me faisaient tant picoter les yeux, étant petite.