On connait tous Séraphine Louis dite Séraphine de Senlis, notamment grâce au succès (mérité) du film de Martin Provost porté par l'interprétation habitée de Yolande Moreau.
Mais qui se souvient de Thomas Couture ? Né à Senlis (Oise) en 1815, il y passa une enfance tranquille jusqu'en 1826 avant de gagner Paris, de se former aux Arts et Métiers puis à l'atelier du baron Gros. En 1837 il est second au prix de Rome et expose au Salon dès 1840, la voie est tracée, la réussite assurée.
C'est vrai, on l'a taxé d'académisme, alors -moue condescendante- vite aux oubliettes, section toiles d'araignées. On a dit que ses sujets étaient faciles, voire -insulte suprême- pompiers (comme ses Romains de la décadence qui triompha au salon de 1847, exposé à Orsay), ses portraits guindés, empesés.
C'est vrai il fut tenté par les ors du pouvoir (Napoléon III lui commanda même Le baptême du prince impérial... qu'il ne termina jamais), son carnet de commandes plein de personnalités à immortaliser, sa renommée grande auprès de la bonne société, des collectionneurs.
La baronne Marie-Marguerite d'Astier de la Vigerie, 1847.
Puis ses relations avec les nantis et les bien-pensants s'assombrirent, il retourne à Senlis en 1859, avant d'acheter une belle propriété à Villiers-le-Bel (Seine-et-Oise -actuel Val d'Oise-) dix ans plus tard, où il s'éteint en 1879.
Oui, mais sa touche est vive, libre, son oeil aiguisé, le trait peut être acerbe, à la manière d'un Daumier, son contemporain (1808-1879), sa manière sensible et personnelle, voire innovante.
La commandite, entre 1860 et 1869.
Il aimait les couleurs pures, un rouge vif qui fait palpiter le modèle en habits sombres sur un fond neutre, la touche rapide...
... et sa main virevoltait, refusant les entraves ou essayant de s'en libérer.
Il fut aussi un grand pédagogue, si son élève le plus célèbre fut Edouard Manet, il eut aussi un grand écho aux Etats-Unis et de nombreuses américaines notamment suivirent ses sessions d'été à Villiers-le-Bel. Il laissa d'ailleurs sa "Méthode et entretiens d'atelier". Et la politesse lui est rendue au Musée d'Art et d'Histoire de Senlis puisqu'une salle lui est consacrée dans la Chapelle du Chancelier Guérin qui fut... son atelier.
J'espère vous avoir fait découvrir un Couture plus chaleureux, plus novateur et plus intime.
Chats au coin du feu, vers 1877.
Michel Lansardière (texte et photos).
Commentaires
Merci Louis et Marie-Josèphe pour vos nouveaux signes d'encouragement.
Et encore merci Robert pour ce nouveau coup de projecteur.
Mais tout cela est bien gentil et stimulant, après il faut produire et ne pas décevoir !
très admirative de la beauté et de la qualité de ces peintures, dont les portraits d'une grande délicatesse, je te remercie pour ce très beau partage, mj
Merci Catherine et à vous tous qui avez aimé cet article (j'en prépare un autre de ce style, bien ancré dans ma région).
Tout à fait Claude, et merci. je viens d'ailleurs de tomber sur sa devise :
"Idéal et impersonnalité" !
qui me semble éclairer les deux faces du personnage, son côté "idéal" trop occulté, et son "impersonnalité", son côté officiel et mondain longtemps au service de la haute société. Cela me conforte dans ce que j'ai écrit, essayant de mettre plus en avant son "idéal".
Son petit-fils a aussi laissé son "Thomas Couture, sa vie, son oeuvre, son caractère, ses idées et sa méthode", probablement plus facile à trouver (1932).
ce bouquin, que je posséd, est fort intéresant!
Encore merci à tous et toutes pour votre attention, vos attentions qui me touchent
Belle découverte, merci pour le partage.
En fait, tu me le fais heureusement découvrir, à moins que le tiroir de ma mémoire le concernant reste, à tort, bloqué. Merci du partage et bon WE. Amicalement, Claudine.
j'aime beaucoup sa "touche" mélange de sensibilité et force. Merci de me le faire découvrir Michel!
Belle découverte !
Merci pour le partage.