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Christian Bobin, L'homme-joie

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Christian Bobin, L'homme-Joie, L'Iconoclaste, Paris, 2012

 

"Écrire, c'est dessiner une porte sur un mur infranchissable, et puis l'ouvrir." (p. 9)

 

"J'ai rêvé d'un livre qu'on ouvrirait comme on pousse la grille d'un jardin abandonné." (4ème de couv.)

 

"Je sais ce que c'est maintenant, un chat : c'est quelqu'un qui ressemble à un chat, qui vient et qui vous prend au cœur." ("Le petit charbonnier", p. 163)

 

La Part manquante, Une petite robe de fête, Le Très-Bas, l'Inespérée, La plus que viveL'Enchantement simple, Souveraineté du vide, Le Christ aux coquelicots... Livre après livre, Christian Bobin veille sur le "presque rien", ce miracle fragile mais obstiné préservé du veau d'or, de la consommation, du divertissement permanent, du saccage de l'âme... : un rayon de soleil, un rire d'enfant, l'éclatante humilité des marguerites... "On m'accuse d'être mièvre ? Que dira-t-on de maître Dogen, ce sage du XIIIème siècle japonais, lorsqu'il écrit : L'univers entier est fait des sentiments et des émotions des fleurs ." (p. 85)

 

Livre après livre, Christian Bobin se bat contre la banalisation du monde et la désespérance...

 

On le lit crayon en main, on souligne des phrases, on en répète intérieurement les mots magiques, les yeux fermés, s'émerveillant que quelqu'un ait si bien réussi à faire parler les choses muettes et à suggérer l'indicible.

 

Christian Bobin dit la légèreté, les flocons de neige que le ciel délivre en silence, les fils d'argent que tissent les araignées dans les jardins, les merveilleux nuages... mais aussi la gravité : la maladie qui dépossède de la mémoire, la mort de ceux que nous aimons, le désamour, la solitude...

 

Livre après livre, Christian Bobin murmure des mots qui disent des choses auxquelles on n'ose plus croire : la sainteté, la joie parfaite, l'invisible, qu'un jour "les derniers seront les premiers"...

 

On entre en philosophie comme on entre en religion, tout entier ou pas du tout, disait Jean Trouillard, initiateur de Plotin. "Tout entier", c'est ainsi que Christian Bobin entre en écriture, comme s'il en allait de sa vie, comme si préserver le "presque rien" était pour lui une affaire de vie ou de mort.

 

 

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 Le trousseau de clé

 

(...) Les livres des philosophes sont comme ces masques de carton qu'on fait tenir par un élastique contre son visage. Dessous le carton on manque d'air. regarde me disaient les fleurs dont l'odeur retapissait la chambre. Regarde : il n'y a pas de porte, nulle part. Il n'y a que notre parfum, nos couleurs et nos rires. L'autre monde commence par ce rire. L'autre monde est ce rire. Pourquoi chercher ailleurs, autre chose ? Le dieu est un enfant qui se cache et il y a un moment où il se trahit : quand on passe près de lui, on entend son fou rire. Tu peux l'entendre dans la musique, dans le silence. dans le bourgeon qui éclate, derrière le nuage qui passe ; dans une bouche édentée. Partout. C'est incroyable le bruit que peut faire un bouquet de fleurs dans une toute petite chambre. Elles me saoulaient. Aucune philosophie au monde n'arrive à la hauteur d'une seule marguerite, d'une seule ronce, d'un seul caillou discutant comme un moine rasé en tête à tête avec le soleil et riant, riant, riant.

 

Je regarde le bleu du ciel. Il n'y a pas de porte. Ou bien elle est ouverte depuis toujours. dans ce bleu j'entends parfois un rire, le même que celui des fleurs : impossible de l'entendre sans aussitôt le partager.

 

Ce bleu, je le glisse dans ce livre, pour vous. (p. 177)

 

 

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"Christian Bobin construit son livre en quinze récits : des portrait d'êtres chers (son père), des rencontres (Maria, l'enfant gitane), des figures emblématiques (Soulages, Glenn Gould), des visions, puis une longue lettre à la femme aimée et perdue, "la plus que vive". entre ces récits viennent des paragraphes courts, parfois écrits à la main, condensés sur une pensée, fulgurants de profondeur et d'humanité..."

 

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"Ce n’est pas pour devenir écrivain qu’on écrit, c’est pour rejoindre en silence cet amour qui manque à tout amour."

Biographie Christian Bobin

Qui est vraiment Christian Bobin ? Les indications biographiques qu'il consent à glisser aux journalistes lors de (rares) entretiens nous apprennent qu'il est né au Creusot, en Bourgogne, de parents ouvriers. Et qu'il y vit toujours. Qu'enfant, déjà solitaire, il préférait la compagnie des livres. Qu'après des études de philosophie, il a exercé divers métiers, dans des bibliothèques, des musées, des librairies. Que ses premiers textes, publiés au début des années 1980, ne rencontrent qu'un public restreint. Que le succès est venu plus tard, porté par la grâce d'un livre consacré à Saint François d'Assises, Le Très-Bas, prix des Deux Magots... C'est dans ses textes qu'il faut chercher La Part manquante de Christian Bobin. Dans ses textes, où cet humaniste solitaire parle le plus de lui-même, il nous fait partager, dans un style épuré, ses plaisirs minuscules et jusqu'à ses plus grandes douleurs comme La plus que vive, hommage à son amie, morte à 44 ans d'une rupture d'anévrisme. À travers une œuvre sensible et poétique, ce sédentaire, voyageur de la page blanche, nous montre le monde tel qu’on ne le voit plus. (souce : Evene)

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