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Chiens perdus sans collier

12272800501?profile=originalIl s'agit d'un roman de Gilbert Cesbron (1913-1979), publié à Paris chez Robert Laffont en 1954.

 

 Dans l'immédiat après-guerre, la vie de Terneray, un centre modèle de rééducation pour la jeunesse, à travers l'histoire de deux enfants qui y sont placés au même moment, et deviennent amis: Alain, pupille de la Nation, et Marc, adolescent mal entouré, éloigné de sa famille. Cependant, la disparition d'Olaf, le jeune protégé d'Alain, provoque la fugue de celui-ci, enfui à Paris pour chercher ses parents inconnus, en compagnie d'un chien perdu comme lui; puis celle de Marc, entraîné par les deux garçons les plus «durs» du centre, pour revoir sa famille. Cependant tout s'arrange grâce à l'intervention de deux figures exemplaires: celle du psychiatre, le Dr Clérant, et surtout celle du juge pour enfants, M. Lamy, entièrement dévoué à son oeuvre de «sauvetage».

 

 

Rien ne semblait prédisposer Gilbert Cesbron, né à Paris dans une famille aisée, à s'intéresser aux jeunes délinquants, sinon la passion de cet homme de radio pour l'actualité _ qui a souvent valu à ses romans l'appellation méprisante de «reportages romancés» _ et pour les figures méconnues, comme celle du Dr Schweitzer, qu'il a révélée au grand public dans une pièce célèbre (Il est minuit, docteur Schweitzer, 1952). Il décrit donc avec une sympathie naïve de prosélyte le travail de ces sauveteurs, notamment celui du juge pour enfants, innovation alors récente, qui arrache les mineurs à l'engrenage infernal de la répression.

 

Mais il retrouve aussi l'atmosphère de ses premiers écrits, d'inspiration autobiographique, en choisissant d'adopter le plus souvent le point de vue des enfants. A travers le regard d'Alain, qui s'est inventé des parents, à travers celui de Marc, qui vit sa vie comme un film, ou celui d'Olaf et de tant d'autres, l'univers de ces «chiens perdus» se met à ressembler à celui de tous les enfants, avec ses passions et ses rêves. Cependant, ce sont des délinquants: mais la faute en est aux adultes, qui leur ont volé leur enfance. Le roman dresse ici un sévère réquisitoire contre les fléaux du monde moderne: alcoolisme, prostitution, abandon. C'est pourquoi il n'y a guère de différence, parmi les enfants du centre, entre ceux de l'Assistance et ceux dont les parents ont failli à leur tâche. Pourtant, Cesbron se défend de toute complaisance: si la «société» est coupable, les éducateurs s'efforcent de donner à leurs protégés le sens de l'honneur et de la responsabilité. Car au fond, ceux-ci ont moins manqué de confort que d'amour, et les enfants, comme le souligne l'auteur, en meurent parfois. D'où certaines images symboliques et récurrentes: les chiens perdus, comme celui qu'Alain recueille dans son errance, ou la flèche de la Sainte-Chapelle au milieu des murs du Palais de Justice, rappelant cette nécessité de l'amour. Le refus de la facilité explique aussi que tout ne soit pas rose dans l'univers de ce chrétien exigeant: la lassitude gagne parfois les éducateurs ou le juge, qui doivent lutter contre les pesanteurs d'une administration réticente, mais surtout contre un passé trop lourd, qui rend certains cas désespérés. Pourtant, la conviction qu'en chaque être cohabitent le pire et le meilleur fait du roman un plaidoyer résolu contre la tentation du découragement.

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Commentaires

  • Merci Robert Paul.

    J'avais beaucoup aimé ce livre et tous les livres de Gilbert Cesbron

    à l'adolescence.

  • Souvenirs d'adolescence ... Cesbron fut un de mes auteurs préférés...Merci , Monsieur , de ce partage sur Arts et Lettres !

    Belle et douce soirée à vous,

    Cordialement, Nicole V.Duvivier   

  • Je me souviens d'un merveilleux film, sorti en 1955, dans lequel Jean Gabin y tenait un merveilleux rôle.  Une chanson me trotte dans la tête, mais j'ai oublié le nom de l'interprète.  Beaux souvenirs, merci.

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