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administrateur théâtres

12272774482?profile=original« J‘voudrais pas crever avant …d’avoir goûté la saveur de la mort ! »

 

Jérôme Savary nous a présenté hier soir à l’Aula Magna de Louvain-la-Neuve un spectacle de cabaret grand format, réussi, chaleureux, drôle, incisif,  divertissant et enlevé. Aussi un rendez-vous avec l’histoire récente.  Le master of ceremonies fait revivre le Club Saint-Germain-des-prés de la fin des années ’40 et rallume les étoiles comme le conseille si vivement Guillaume  Apollinaire. C’est le personnage touchant de BORIS VIAN qui brillera toute la soirée. Jeune pour l’éternité, il est mort à 39 ans en 1959, des suites d’une fragilité cardiaque bien connue depuis sa plus tendre enfance.

 

Boris, alias Bison Ravi,  est poète, ingénieur, chanteur, trompettiste, et archétype des années 50 et du Paris de la Rive gauche. Il nous offre un univers de jazz, de poésie, de provocations,  d’insolence irrévérencieuse. Avec son complice, Henri Salvador, il fait découvrir le rock’roll aux français… une musique pourtant vieille de 50 ans en Louisiane ! Boris Vian, c’est aussi un engagement politique contre la guerre. « L’uniforme est un avant-projet de cercueil » LA CHANSON DU DÉSERTEUR, chantée par une femme, nous a inondés d’émotion. LE TANGO DES BOUCHERS DE LA VILLETTE nous farcit de répulsion. LA JAVA DES BOMBES ATOMIQUES nous arrache des rires.

 

 

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 Jérôme Savary, ne fait pas seulement revivre le poète tendre et provocateur mais aussi le Che (passage le moins réussi), Elvis Presley (puisque lui aussi est mort dans la fleur de l’âge), Les Frères Jacques (ils s’appelaient tous Jacques) Jean-Paul Partre (comme dans l’Ecume des jours ) et l’auguste Simone de Beauvoir ( Il vaut mieux boire que Beauvoir) , Roland Topor. On se retrouve  33 rue Dauphine, au Tabou avec Magali, chanteuse sensuelle à la cuisse galbée qui nous chante avec brio  «  MOZART AVEC NOUS ». On a rendez-vous avec le coquelicot fané de Mouloudji et « SURABAYA JOHNNY … et moi qui t’aime tant » mené par Nina Savary la fille de Savary ! Bref, il fait revivre tout un monde de noctambules se déchaînant sur des airs de be-bop et un monde  d’empêcheurs de penser en rond.

 

Quand on est tout blasé,
Quand on a tout usé
Le vin, l'amour, les cartes
Quand on a perdu l'vice
Des bisques d'écrevisse
Des rillettes de la Sarthe
Quand la vue d'un strip-tease
Vous fait dire: "Qué Bêtise !
Vont-y trouver aut' chose"
Il reste encore un truc
Qui n'est jamais caduque
Pour voir la vie en rose

Une bonne paire de claques dans la gueule
Un bon coup d'savate dans les fesses
Un marron sur les mandibules
ça vous r'f'ra une deuxième jeunesse
Une bonne paire de claques dans la gueule
Un direct au creux d'l'estomac
Les orteils coincés sous une meules
Un coup d'pompe en plein tagada

 

 Nostalgie du sieur Jérôme, héros d’une époque révolue?  Il y a sur scène aussi, on l’oublie un peu trop,  ce merveilleux orchestre au charme cuivré qui fabrique une magie musicale délicate et envoûtante et ce clown attendrissant : Antonin Morel…12272775865?profile=original

                                                         

 

 

Boris Vian, une trompinette au paradis

De : Jérôme Savary

Avec Nina Savary, Jérôme Savary, Antonin Maurel, Marco Oranje, Sabine Leroc, Les Franciscains Hot Stompers
Direction musicale et piano : Philippe Rosengoltz
Deux soirées de réveillon dans une ambiance de folie créatrice ! 18h30 – 21h

Un spectacle présenté par Atelier Théâtre Actuel en accord avec La Compagnie Jérôme Savary.

Lieu : Aula Magna
Dates : du 28 au 31 décembre 2011
Durée : 1h40
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http://www.atjv.be/

 

 

 

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Commentaires

  • administrateur théâtres

    JE VOUDRAIS PAS CREVER
    Je voudrais pas crever
    Avant d'avoir connu
    Les chiens noirs du Mexique
    Qui dorment sans rêver
    Les singes à cul nu
    Dévoreurs de tropiques
    Les araignées d'argent
    Au nid truffé de bulles
    Je voudrais pas crever
    Sans savoir si la lune
    Sous son faux air de thune
    A un coté pointu
    Si le soleil est froid
    Si les quatre saisons
    Ne sont vraiment que quatre
    Sans avoir essayé
    De porter une robe
    Sur les grands boulevards
    Sans avoir regardé
    Dans un regard d'égout
    Sans avoir mis mon zobe
    Dans des coinstots bizarres
    Je voudrais pas finir
    Sans connaître la lèpre
    Ou les sept maladies
    Qu'on attrape là-bas
    Le bon ni le mauvais
    Ne me feraient de peine
    Si si si je savais
    Que j'en aurai l'étrenne
    Et il y a z aussi
    Tout ce que je connais
    Tout ce que j'apprécie
    Que je sais qui me plaît
    Le fond vert de la mer
    Où valsent les brins d'algues
    Sur le sable ondulé
    L'herbe grillée de juin
    La terre qui craquelle
    L'odeur des conifères
    Et les baisers de celle
    Que ceci que cela
    La belle que voilà
    Mon Ourson, l'Ursula
    Je voudrais pas crever
    Avant d'avoir usé
    Sa bouche avec ma bouche
    Son corps avec mes mains
    Le reste avec mes yeux
    J'en dis pas plus faut bien
    Rester révérencieux
    Je voudrais pas mourir
    Sans qu'on ait inventé
    Les roses éternelles
    La journée de deux heures
    La mer à la montagne
    La montagne à la mer
    La fin de la douleur
    Les journaux en couleur
    Tous les enfants contents
    Et tant de trucs encore
    Qui dorment dans les crânes
    Des géniaux ingénieurs
    Des jardiniers joviaux
    Des soucieux socialistes
    Des urbains urbanistes
    Et des pensifs penseurs
    Tant de choses à voir
    A voir et à z-entendre
    Tant de temps à attendre
    A chercher dans le noir

    Et moi je vois la fin
    Qui grouille et qui s'amène
    Avec sa gueule moche
    Et qui m'ouvre ses bras
    De grenouille bancroche

    Je voudrais pas crever
    Non monsieur non madame
    Avant d'avoir tâté
    Le gout qui me tourmente
    Le gout qu'est le plus fort
    Je voudrais pas crever
    Avant d'avoir gouté
    La saveur de la mort...
    VIAN

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