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Bonjour Tristesse !

Il est cinq heures, peut-être plus. Antoine s’éveille doucement avec un sentiment étrange, il flotte dans son lit mais avec l’impression sournoise d’être enfermé dans une pièce où l’oxygène viendrait à manquer !

Normalement en sortant d’un rêve, l’humain ouvre les yeux, revient à la réalité et se pose des questions sur les pensées qui l’assaillaient quelques instants plus tôt :

  • cauchemar peuplé d’êtres plus horribles les uns que les autres, sanguinolents ou au moins… cassés,

  • chiens qui cherchent à mordre sans raison apparente et vous courent après la bave aux coins des crocs,

  • rêve érotique avec des mannequins de porcelaine, tout droit sortis du Crazy horse saloon ou d’une plage de Malibu,

  • ou tout simplement, un rêve fou mélangeant des situations toutes plus délirantes les unes que les autres.

Mais ce matin là, Antoine ne se réveille pas tout à fait. Il se laisse flotter dans cette étrange ambiance peuplée de zones froides et opaques. Des ombres grises passent dans un silence irréel, des ombres qui se croisent, semblent s’éviter entre elles, mais font demi-tour et reviennent frôler Antoine. Une image vint à son esprit s'imposa et lui dit :

- Chasses-les ! Elles ne sont rien. C’est toi qui leur as demandé de venir, tu as besoin de créer donc de souffrir, pour cette raison tu pioches sans cesse dans la zone grise de ton mental ! Je dis bien mental pas cerveau, tu sais ce que tu dois faire, tu es le seul à pouvoir gérer cette situation de stress dans lequel tu es à cet instant. Chasses-les, elles ne sont pas méchantes, simplement venues à un endroit où elles n’ont rien à faire car elles sont le passé, et souviens-toi, seul le présent compte, l’avenir n’existe pas encore ! Chasses-les !

Antoine s’éveilla un peu plus, sentant enfin le drap sous son corps. Alors commença une séance de respirations contrôlées apprise avec Anne. Quand ce rituel fut sur le point de s’achever, Antoine vit passer une ombre grise qui semblait chuchoter, une autre vint à son tour avec un sourire… étrange pour une ombre ! Antoine décida de parler à son tour !

  • Que voulez-vous ? Laissez-moi ! Retournez à votre place, mon présent n’a pas besoin de vous, je ne vous chasse pas, je vous demande de partir. Toi là ! Oui toi la plus grise de toutes, pars s’il te plaît ! Et toi aussi éloignes-toi, allez en paix, laissez-moi me réveillez sans vous, au présent !

Une par une, Antoine chassa les ombres et le volume de la chambre sembla redevenir plus grand, plus libre, il avait réussi à vaincre ses propres angoisses, sans savoir d’où et pourquoi elles avaient envahi une fois de plus son mental. Ses paupières allaient s’ouvrir quand une ombre grise, presque blanche s’avança.

- Pourquoi es-tu restée, pars, toi aussi, laisses-moi ! Pensa Antoine.

  • Je ne peux pas partir.

  • Pourquoi ne pars-tu pas, rien ne te retient ici ?

  • Si, toi, tu me retiens. Tous les humains me retiennent dans ton monde. Ils me chassent au lever puis me rappellent quelques instants après pour n’importe quelle raison, le café trop froid, la confiture trop sucrée, le temps qui ne convient pas. Ils rient devant une image drôle, tournent les pages du livre et m’appellent en pensant aux arbres abattus pour le fabriquer. Ils savourent un plat qu’ils apprécient par-dessus tout, et après le repas m’appellent pour me faire voir les produits chimiques qui ont servi à la culture de ce qu’ils viennent de manger. Ils sont prêts à changer le monde politique actuel car le dirigeant en place est plus que décevant, et ils m’appellent car ils ne trouvent pas ou plus de remplaçant. Ils sont compliqués les humains, alors je suis sans cesse obligé de partir et de revenir. Tu as pu chasser tes autres ombres, mais moi tu ne pourras pas, je partirai quand tu le voudras vraiment, et puis tu me demanderas de revenir, alors je reviendrai. Mais maintenant que tu me connais, tu pourras me demander de partir plus vite. J’avoue que je ne sers à rien mais c’est vous les humains qui me demandez sans cesse d’exister ! Ne pourriez-vous pas me chasser pour toujours ? Vous vivriez mieux et je pourrais enfin me reposer, cela fait des millions d’années que vous m’obligez à être présente !

Antoine était perplexe. Une ombre qui lui parlait, enfin qui… communiquait ! Une ombre, ou une pensée ? Un souvenir, un elfe, un ange gardien ou un ange tout court. Une entité, une création de l’esprit ?

  • Mais qui es-tu ? Demanda Antoine. Tu me parles depuis un moment, je sens que tu n’es pas méchante, que tu sembles... ennuyée d’être là, mais qui es-tu, ombre presque blanche ?

  • Vous m’appelez tristesse !

  • Tristesse ! Oui, en effet, je te connais ! C'est gentil de t'être présenté à moi. Tu ne m'en voudra pas si je t'oublie le plus souvent possible ?

  • Non, au contraire je serai contente de pouvoir me reposer un peu, mais si tu veux m’aider, dis à celles et ceux qui t’entourent de faire de même. Je voudrais bien moi aussi pouvoir sourire un peu.

  • Je te promets Tristesse de faire passer le message dès maintenant, après tout  pourquoi ne pas essayer d’avoir une pensée un peu moins grise que d’habitude. Si Sagan a écrit Bonjour tristesse, pourquoi ne pas essayer de penser le contraire ? Alors.... Au revoir Tristesse !

Merci Anne, pensa Antoine.

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Commentaires

  • administrateur partenariats

    Personnifier un triste sentiment, il est bien défini.

    Je tire à la carabine des sourires et des rêves afin de le chasser, lorsqu-il ose se présenter à moi

    Voilà une histoire qui me plaît !

    Amitiés !

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