Tu as puisé la vie sur mes lèvres de rose,
Tu t'es désaltéré des sources de mon coeur
Et je fus le roseau fragile qui repose
Des journées accablées si rancies de moiteur
Et l'odeur du pain chaud dans la maison ravie
Et le beau linge blanc suspendu au soleil
Et cet heureux enfant à la joue rebondie
Pur, léger comme un sylphe à l'heure du réveil.
Tu fus le compagnon de mes rêves d'enfance
Lorsque je m'inventais des récits merveilleux
Tu fus le vert galant de mon adolescence
Peuplée d'amours languides et de frissons joyeux
.
Tu es venu vers moi ce soir brumeux d'avril
Le ciel s'illuminait de clignements complices
Et je t'ai reconnu car tu étais l'exil
La carêne si blanche et la voile qu'on hisse.
Nous l'avons commencé cet étonnant voyage
Sous la houte et le vent vers des pays trompeurs,
Aux paysages las, perdus dans un mirage,
Et nous nous demandions "Qui êtes-vous bonheur ?"
Etes-vous le soleil qui là-haut resplendit ?
Etes-vous le réveil des matins endormis,
Le rire d'un enfant, le parfum d'une rose,
La quiétude des jours, le velours des nuits closes ?
Vous êtes tout cela, mille choses encore,
Fait de ces petits riens qui composent la vie,
Fidèle compagnon, vous ne cessez d'éclore,
Mais il faut écouter de vos chants l'harmonie.
Rolande Quivron (Pseudo :E.L. Quivron-Delmeira)
ler prix en poésie classique,
Concours de littérature française, Mouscron 1969
Extrait du Recueil "Parallélismes" Ed. Baudouin Altenloh 3ième trimestre 1970
Commentaires
J'espère bien arriver à t'y intéresser et rejoindre en cela le rêve de mon ami JC Blondin qui a créé une Association dans le but de réunir peintre, poètes et écrivains dans une grande fraternité.
Chaque année, il organise un Festival dans ce sens. J'y assiste depuis sa création il y a trente ans !!
Pascale Schyns est venue nous rejoindre cette année.
Comme tu dis "Fichu clavier" .Malgré la relecture ....
Amitiés. Rolande
Ton commentaire me touche beaucoup et je te dis merci. Un élan d'amour : c'est vrai, toute ma vie a été traversée par cet éclat : il me vient de ma grand-mère qui m'y a baignée toute petite. Aimer vraiment, c'est elle qui me l'a appris
La vie vécue pleinement n'a jamais rien de figé et c'est là tout ce qui fait sa richesse. Elle est mouvance comme l'Infini qui nous entoure et dont nous faisons partie. Il y a aussi des cris de révolte, de colère car rien n'est jamais acquis : nous sommes humains avec nos qualités et nos défauts. Il faut bien composer avec ces :mouvements divers qui nous animent. Ils font, eux aussi, partie de notre richesse intérieure.
Tu (je pense que nous pouvons nous tutoyer entre amis) dis avec raison :"quand un déclic se passe ....qui ne laisse pas de répit tant que je ne l'ai couché sur papier."
Si le courage me manquait, cela m'est arrivé de nuit pour ne pas déranger le compagnon de mes jours, tout se diluait et, le lendemaion matin, après avoir passé quelques heures sans sommeil, impossible d'en retrouver la trame. Qui sait ??? parti sans doute en d'autres lieux plus accueillants. Tout est imaginable.
Quand me sera-t-il donné d'avoir le bonheur, à mon tour, de te lire ? Bientôt j'espère car, dans quinze jours, l'oiseau s'envole sous d'autres cieux plus cléments, plus sereins et, surtout, plus riche d'amour et de lumière.
Il y aura une longue trève dans ma fréquentation de ce réseau.
En toute amitié . Rolande
Quand vous dites plus bas " Mystère. Le rythme qui nous habite prend parfois des détours étonnants.
Alors, il y a alternance dans les près de 800 poèmes écrits.Comme la vie avec ses mouvances infinies. "
Vous en avez écrit beaucoup, par vagues, avec des rythmes divers, vers libres ou non, c'est cela d'ailleurs qui fait votre richesse et témoigne de votre renouvellement au quotidien, sans rien de figé.
On sent cette mouvance dans ce poème, écrin de tendresse, d'amour, de sensibilité.
Moi aussi, j'écris plutôt par vagues, quand un déclic se passe, je ne sais jamais quand...par périodes, le jour, le soir, d'après ma disponibilité à cet appel qui ne me laisse pas de répit tant que je ne l'ai couché sur papier.
Merci pour ce Bonheur de vous lire...
Amicalement,
Pascale
Tu es courageux, j'aime çà. Mamy roro.
Oh non, Cher Eric, il n'y a, chez moi, aucun désir de satisfaire aux ukazes, bien au contraire. Je te demande simplement d'aller faire un petit tour ci-dessous dans mon billet "Bonsoir Claudine"
J'allais justement préciser aujourd'hui, et tu m'en donnes l'occasion, que lors de la reprise de ce poème pour le mettre sur ce billet, je me suis aperçue avoir fait certaines fautes de versification très souvent reprochées par les puristes. Comme, dans l'intervalle, j'ai pu me transformer dans l'écriture en suivant les conseils d'une dame à qui je dois beaucoup, j'ai poli les premiers jets, pas toujours iiréprochables au point de vue "Ecriture".
Tout ce que j'ai écrit l'a été avec du sang et des larmes. C'est tout ce que je peux te dire là-dessus. Je ne crois pas qu'il faut balayer toutes formes, mais écrire avec son coeur est évidemment l'essentiel.Tout dépend aussi de la formation reçue. Notre génération a été bercée par les Alexandrins dont j'aime le rythme et ce rythme est en moi comme une musique: celle profonde profonde de l'âme. Je connais des personnes dans la cinquantaine , qui, ayant fait des études plus scientifiques ne possèdent pas ce rythme et donc, écrivent en vers libres. A mes débuts, c'e'st aussi ce que je faisais, mais toujours avec ce rythme qui me possède. Evidemment, les règles du classissisme pur et dur étaient balayées. Je ne crois pas non plus que l'on puisse écrire n'importe comment : comme dans tout, il faut maîtriser l'inmaitrisable. (Je ne crois pas que ce mot existe, je viens de l'inventer sans doute : alors, va faire un petit tout dans le dictionnaire : bonne occasion pour toi d'approfondir cette langue que tu aimes tant.
Je sais avoir agressé, par mes écrits, ceux qui m'ont écoutée ou lue. L'un de ces jours, je mettrai sur ce forum de discussion un poème écrit en vers libres cette fois : à la récitation, il a été copieusement applaudi, mais je sais qu'il est abhorré par d'autres.
Bref, la discussion reste ouverte, j'adore çà. Merci pour le commentaire. Mamy Rolande
Merci pour cet échange. C'est très enrichissant pour l'esprit. Et non, je n'ai pas trouvé cela plus difficile. J'ai simplement suivi cette inspiration qui me traverse comme une épée. Suscitée souvent par un émoi profond qui me ramène aux abysses de mon être., à des bons ou moins bons souvenirs, à des réactions épidermiques face aux misères (le plus souvent) de ce monde dans lequel nous sommes plongés.) La souffrance des êtres, je la ressens aussi profondément que la mienne : elles se font échos.J'aime cette "capitale de la douleur". Je ne connaissais pas, mais c'est bien cela.
Pas pour le moment. Mais j'en ai écrit toute une série il y a deux mois environ. Ils m'arrivent par vagues.
Simplement pour répondre à une demande de l'une de mes correspondantes avec qui nous avons échangé sur ce thème.
J'alterne poésie et peinture. Là aussi, j'en ai fait plusieurs. Mon but ? Une fusion entre les deux arts. Difficile à faire accepter. Mais je suis tenace, même si je suis en fin de parcours (Près de 80 ans ... en janvier prochain.)Très bonne fin de semaine à toi. Rolande
Là, c'est un poème de jeunesse (ah, l'exaltation qui s'y exprime!)? En écris-tu toujours? Et pourquoi nous as-tu soumis celui-là en particulier? Je suis très intriguée...
Merci, tu as été la première à me répondre. Et j'apprécie beaucoup ce que tu me dis. Le ver libre est de mode. J'en ai écrit beaucoup aussi. Non pas pour satisfaire à ce courant, mais tout simplement parce que l'inspiration a suivi ce mouvement là. Pour quelle raison ? Mystère. Le rythme qui nous habite prend parfois des détours étonnants.
Alors, il y alternance dans les près de 800 poèmes écrits.Comme la vie avec ses mouvances infinies. Elle nous emporte dans les vagues du futur avant de nous absorber dans l'Infini. Rolande.
D'abord, bravo pour la forme: peu de gens savent encore écrire des alexandrins corrects. J'en ai écrit aussi, (je suis restée très puriste en la matière ;-)), et n'ai pas relevé chez vous les erreurs de métrique qui fleurissent aujourd'hui même chez les rimeurs "classiques" :-(. J'ai vu aussi tout de suite chez vous l'alternance rimes feminines/masculines, et le fait que la césure est toujours bien au milieu des deux hémistiches (6/6) de chaque vers. Tout au plus, histoire de pinailler, on peut déplorer que des singuliers riment parfois avec des pluriels ("rose/closes", etc.), mais bon, Aragon a fait bien pire!..;-)