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Artiste JGobert

J’habite New York, Madison avenue, un immeuble de 10 étages à quelques pas de Central Parc dans Manhattan. Times square, Soho ne me sont pas inconnu. Je vis dans un monde parallèle, étranger dans le tumulte de cette ville tentaculaire. Son agitation me plait et j’aime me promener, me faufiler dans ces rues fortement éclairées le soir où la lumière se repend comme des sources d’or.

 Je m’appelle Jeffrey, les amis m’appellent Jeff. Mon caractère est facile, agréable et je suis un déplacé né à la campagne. Mes parents sont immigrés, expatriés. Une partie de ma famille est installée  ici pour exister, subsister autrement. J’ai appris à vivre dans cette ville.

 Je veux être artiste, avoir la grande vie, faire du cinéma, du théâtre. Me faire connaître et reconnaître de mes condisciples. Je fais des petits boulots pour survivre. Quand je mets mes habits de lumière, mon chapeau à paillettes et que je prends ma canne, je deviens le grand, le beau Jeff comédien que tout le monde aime. Le succès n’est pas encore au rendez-vous mais moi j’y crois.

 Ma sœur est restée au pays. Elle habite une maison à la campagne, elle est toujours l’intruse, celle que tout le monde veut attraper. Elle connaît tous les secrets  des villageois et entend tous leurs propos. Elle aime sa demeure et est heureuse là-bas. Sa vie est tout autre, elle déambule dans les couloirs et personne ne peut la saisir. Ils ont bien essayé de la piéger mais elle a déjoué tous les plans. Elle vit avec les hommes. Elle les épie avec délice, les espionne avec bonheur et si elle pouvait s’exprimer, elle en raconterait des histoires.

 Dans mon immeuble, je ne suis pas tout seul. D’autres y habitent, des bohémiens comme moi,  qui veulent réussir aussi et cherchent la gloire. L’endroit est propice aux arts, les musées, les théâtres, les cinémas se livrent facilement et j’ai mes entrées un peu partout. J’ai eu la chance de rencontrer des artistes qui, sur scène, dispensent le rire, la comédie, l’enchantement. C’est cela que je veux faire.

Les hommes dans cette ville sont cruels, sans cœur et il est bon de savoir qui on est. Inutile de s’y frotter.

 Ma sœur vit en compagnie d'un grand-père et sa petite fille. Elle aime les regarder bouger et les repère aux bruits qu’ils font. Grand-père aime la musique. Chaque pièce a des secrets d'alcôve et la vie s’écoule simplement. Elle aime surtout la chambre de grand-père, sa chemise de flanelle qu’il pose sur une chaise, son vieux pantalon de velours et ses bretelles élimées et fidèles. Les souvenirs posés sur l’étagére. C’est un vieux monsieur et chaque fois qu’il passe devant un miroir, il lisse ses superbes moustaches et s’asperge d’eau de Cologne.

La chambre de la fillette est coquette, joyeuse, décorée avec goût, elle respire aujourd'hui le bonheur. La petite fille est arrivée depuis quelques années suite à un grand malheur.

 

Où je vis, il n’y a pas de proximité possible avec les hommes qui nous pourchassent d’emblée. Si la ville me plait par son activité, les hommes ne sont pas compréhensifs, bienveillants. Ils vivent pour eux et ne laissent pas de place à ceux qui sont différents, autres. J’ai peur parfois de n’être pas à la hauteur.

 De la chambre de la fillette, ma sœur peut apercevoir grand-père s’assoir sur un petit muret et fumer sa pipe. Il est âgé déjà et ses tourments ne sont pas pour lui mais bien pour cette petite fille qui vit avec lui. Ma sœur les observe et les voit souvent partir se promener, main dans la main et revenir ensoleillé de tendresse.

 Je ne connais pas cette atmosphère, cette douceur dans ma ville où les hommes courent, se déplacent sans cesse, bruyants, insatisfaits et de mauvais humeur. Dans mon immeuble, je suis relégué tout en bas sous le parquet plastifié et je ne connais pas le plaisir de ces bois d’antan qui sentaient si bon la vie.

Je n’ai pas le droit de me montrer aux hommes sans que cela déchaîne des passions terribles. Mon monde à moi se joue caché, dissimulé, sournois pour ne pas être détruit par eux. Notre société vaut bien la leur et notre droit à respirer aussi.

 La nature n’a pas mis de critère sur cette terre pour définir qui peut vivre ou mourir. Seuls les hommes ont pris ce droit, ce pouvoir de détruire tout sur leur passage, de choisir pour les autres. Ils jugent que nous sommes nuisibles, nocifs, incommodants. Et d’autres sont laids, affreux, hideux.

Moi, je suis l’intrus qui veut vivre comme un artiste. Je fais des sauts et des cabrioles pour amuser le monde et le faire rire. J’aime ma condition de malice et je hais les hommes envahis de faux sentiments, de fourberies et pour qui la vie, l’humour, l’ironie d’un étranger, d’une petite souris grise n’a pas d’importance, ni d’intérêt.

 

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Commentaires

  • merci Marcelle pour ton commentaire.

    Amitiés

    Josette

  • Finalement je préfère le sort de la petite souris de campagne !!!

    Bonne fin de semaine.

    Marcelle

  • Bonjour Gilbert,

    Merci pour le commentaire.

    Josette

  • Merci  Chère Rolande de si bien me comprendre. C'est tout à fait cela. La souris peut être aussi un déraciné, un immigré dans le monde actuel.

    Bonne soirée et merci pour tes commentaires

    Josette

  • Bonsoir Josette,
    Jeff veut" la grande vie". C'est un désir que l'on paie cher !
    Beau texte. Merci
    gilbert.

  • La petite souris grise ne court plus dans l'herbe  mais est prise au piège d'une ville tentaculaire.

    Merci de lui avoir donné le droit de s'exprimer d'aussi belle façon. Son âme est entrée dans l'esprit des habitants de cette cité. Ils ne sont pas commodes ni accueillants .... mais elle a réussi à se créer un monde magique près d'un grand-père et de sa petite fille, tellement différents des autres. Même s'ils vivent en compagnie de sa soeur.

    Bravo une fois de plus Chère Josette. Et merci. Bonne semaine. Rolande.

  •   Tiens ,Josette pour toi :

      La  lune   pourpre

      pour la visualiser

      Via ma lentille

              Peine à rire

              Le troupeau va en lenteur

              Le trèfle frémit

      Vase bleu  joufflu

      Aux allures  d'un  bonze

      La pivoine dort

            Horizon marin

             Vagues déferlantes

           Impressions salées

     A l'assaut du pic

     Roches escarpées moussues

    Rode marmotte

           A l'ombre fraîche

           Raton laveur effrayé

           Pipistrelle  dort

     Calvaire trois croix 

    Sur le mont du Golgotha

    Absence de foi

           Roitelet chante

           Roitelet  tremblant.         

           Vent sur la cîme

    Ile noire ,ile de Ré

    Molène Aix Ouessant

    Pas deux Saint Michel

        

             Curieuse voûte

             Parsemée de lucioles

             Vermisseaux repus

      Haïkus

       Raymond Martin  24.03.2014

             

  • Pauvre souris n'a pas trouvé sa place et perdu sa queue...Merci Raymond mais l'important, c'est l'homme qui est parfois incompréhensif.

    Amicalement

    Josette

  • Merci Marie-Jo et excellente journée

    Amicalement

    Josette

  • Horreur   j'ai trop tiré sur la queue de la souris.... j'ai effacé mon commentaire ......!

    De   Scapin  à Camus, en passant  par le petit écureuil de central parc  (  l'agir ) de l'homme  est une  énigme !!,

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