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A un poète dont peu se souviennent


Ce soir comme tant d'autres, je pense à lui. Je pense à Vony, son épouse de toute éternité. Il est si tard et j'ai mal des oublis humains. Tant de noms de poètes belges sont en ce lieu listés. Je n'ai pas trouvé le sien.
Il s'appelait Gaston, professeur de français le jour, poète le soir. Un jeune écrivain belge, aujourd'hui célèbre, préfaça son dernier recueil, œuvre posthume que sa muse fit éditer avant de le rejoindre. Je l'ai vue pleurer, lors d'un de mes retours de l'étranger. Je ne comprenais pas alors que l'amour pouvait être si fort. Fort au point de marcher sans le savoir vers la mort, ultime porte séparant ceux qui s'aiment. Ce soir, j'ai le cœur bas, plus bas que tous les ciels d'orages. J'ai le cœur au bord des lèvres qui chatouillent mes mains. A toi, Gaston, l'ami de Dieu et des hommes. A toi mon grand-oncle ! Ce n'est pas un poème qui se dessine mais un florilège de ses recueils. Si quelqu'un devait se souvenir, j'aurais le cœur en fleur.


On parle on chuchote,
On pense, prend des notes
Inexorablement,
On brasse du vent.

On lit, on oublie,
On relit, on écrit,
Mais toi,
Où es-tu toi ?

Je sais tes colliers de songes
Tes pays de vertes lune,
Les clairières d'aurores
Les aubes en fleurs
Et les portier de ton âme
Avec tes ailes repliées
Tes amours de juillet,
A force de porter le jour,
Et de recoudre le ciel bas,
L'heure équilibre a sonné pour toi.

Qui sait encore ton nom ?
Ce jeune devenu vieux
A qui tu ouvris tes dons,
Et qui reste silencieux ?

Moi, je me souviens,
Je t'ai même retrouvé,
Bradé sur les marchés
D'une ère d'informaticiens.

Oh oui, je te porte en moi,
Avec Vony, morte de toi,
Et puis Pablo et Miguel et Cynthia,
Et ceux que tu ne connais pas.

Ami de Dieu veux dire notre nom:
Le rire aux yeux, oncle Gaston,
Je te donne des nouvelles:
Marilles est morte sans nous,
Comme Bruxelles crève sans vous.
Quelques fois, je t'avoue,
(Ne m'en veux pas, surtout,)
Je t'ai volé les ailes,
les colliers, les lunes
Mais pas Danielle !
(je n'ai pas fait fortune),

Les aubes et les aurores,
Je me les réservent encore
Pour porter le jour
Avec autant d'amour.

Piètre couturière,
Le ciel est à nouveau bas.
Et les clairières, ah les clairières,
Comment sont-elles dans ton là-bas ?

Les portiers de ton âme
M'ont appris le prix des drames.
Et quand vient juillet,
Je veille et tu renais.

Parfois, les soirs clairs,
Je vois passer,
Dans le bel univers,
toujours pressé,
Ton 'transétoiles'.
Alors nait ma toile:
Je ne la signe pas
Car je refuse ton trépas.



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