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Publications de Gilbert Czuly-Msczanowski (271)

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Un peu d'audace, mince !

                                                 
                                                             Le passé n'est qu'une sombre illusion. Rien ne sert d'y fouiller tout le temps comme de chercher une aiguille dans une botte de foin qui servirait à raccommoder un vieux tissu. Si d'aventure, avec de la chance, on trouverait l'aiguille on s'apercevrait vite que le désir de faire revivre ce tissu abîmé s'est évanoui  comme un rêve impalpable. Et pourtant c'est ce que nous faisons tous à longueur de vie : nous plonger dans notre passé, dans nos albums, nos films, nos livres pour y puiser la substance qui nous paraît nécessaire à construire le futur et surtout notre" petite survie ". Pourtant notre imagination, sans limites elle,  pourrait nous projeter plus loin, plus haut; Où est l'avenir dans toutes ces répétitions désuètes ? A part les vieilles recettes séculaires : paix, guerres, gagner de l'argent, se débarrasser de ses déchets où l'on peut sans être vu, philosopher sur le temps des guillotines ou rabâcher l'Histoire triste, toujours triste aux enfants qui nous regardent, se demandant pourquoi on leur a menti pour les endormir quand ils étaient petits.  N'y a-t-il dans notre imagination sans limites que la petite satisfaction d'une tasse de café ? N'attendions-nous que la venue messianique d'une enfant qui entraîne tous les enfants pour nous pointer du doigt et nous jeter à la figure nos impuissances ?  Impuissances que nous aimons qualifier de juridiques ! C'est incroyable ce que ce monde est triste à enfiler les perles du passé sans être capable d'inventer le vrai bonheur ! Un peu d'audace mince !

Pensée du jour - 08/09/2019

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Valse du vent



Un plat silence s'abat sur la vallée,

Dans un brouillard lourd quelques feuilles y dansent.
Subtile la bise sur elles se penche,
Et comme une emprise les tord éplorées.

Il venait d' Afrique, hier, brûlant comme le feu,
Portant le désert en ses bras, son sable chaud ;
Voilà qu'il se fâche et reprend son propos
Et avec la glace épand le fiel des cieux.

Le vent est un danseur rusé des tropiques
Il est comme l'amour et tourne sans cesse ;
Des lourds étés aux automnes pathétiques
Aux hivers penseurs sa ronde ne cesse.

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Prince du jardin



Prince à la robe ornée de couleurs,

Ne paraissant qu'à l'appel de la lumière,
A l'été finissant, aux dernières chaleurs,
Il vogue au gré de ses frêles bannières.

Prince aux atours de princesse qui vole ;
Pour seule arme, la faiblesse de sa beauté
Lui donne un jour, un seul jour pour qu'il vole
Un brin de charme aux peu d'heures comptées.

Prince aux saveurs dernières du jour couchant,
Tes voiles légères de parfum en parfum
Semblent parler d'amour et de nouveau printemps
A toutes les fleurs demeurées au jardin.

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L'invention du désarroi

De toutes les inventions destinées au progrès, l'homme a inventé le désarroi. Comme s'il avait en lui profondément enracinée la propension naturelle à la bougeotte ! Dès qu'il a l'âge de marcher il demande déjà à courir. Il n'a pas le temps de prendre tranquillement son petit-déjeuner car le bus n'attend pas. Forcément le lever est difficile car il n'a pas récupéré de la veille. Très tôt il a entre les mains un boîtier qui lui permet de consulter le monde et surtout de rater la marche de l'autocar qu'il ne voit plus tant son esprit est absorbé. Le voilà "pressé " devant tant d'évènements qu'il découvre dans son portable et qui font de lui un escargot coupable et désemparé. Il est invité à courir mais il ne pourra jamais être totalement satisfait car il est dans le siècle du désarroi organisé qui le pose en victime consentante et désabusée. Il voit des guerres, des famines, des crimes, des pauvres, des riches, de ruineuses foutaises, des femmes et des hommes nus sensés lui montrer l'amour, entend des chansons qui vont le marteler toute la journée avant de côtoyer, en aveugle,la société composée d'autres personnes comme lui. L'homme a inventé le désarroi. Il lui faudra des torrents de larmes pour noyer ce soi-disant progrès. Mais aura-t-il le temps de pleurer, les larmes n'étant réservées qu'à des frères lointains désireux, eux-aussi, de rater la marche qui les attire tant.

Pensée du jour, 30/09/2018 

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Mon coquillage



Dans mon vaisseau, Drakkar nacré, de tout les ports
Il ne m'est point nécessaire de gouvernail,
Les plages me sont d'infinis aéroports
D'où j'émerge ou me pose sans nul attirail.

Je n'ai nul besoin sous d'éternels cieux bleus
De laines chaudes, de chapeaux en ombrage,
Un simple voile sur mon corps nu vaporeux
Me dissimule au monde des yeux volages.

Il me suffit de m'élever profondément ;
Cette pose que vous voyez mains ouvertes
A cueillir l'éternité d'un fuyant moment
N'est qu'un mirage sur une plage déserte.

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Brigadier, trois coups !

                                                                   Non, les personnes âgées ne sont pas des clones de personnes âgées qui se reproduiraient entre elles. Ce qui nous conforterait dans l'idée de l'immortalité de la jeunesse par une classification naturelle décidée par on ne sait quelle magie nous échappant.? Cette dernière fabriquerait des jeunes et des vieux se regardant en chiens de faïence sans la moindre idée de la naissance et de la mort. Pas du tout, les personnes âgées sont vous, nous, ils, tous, les uns, les autres comme cette jolie rose, comme ce cortège qui se rend à l'église ou à un concert de jazz. Cette volonté que rien ne change confrontée en permanence au changement, sur fond d'angoisse métaphysique refoulée, ressemble à un lézard ou à un oiseau momentanément statufiés sur une branche, habitée et désertée en une seconde, le temps d'un frémissement, d'un balancement.
                                                                    Ainsi sommes-nous lorsque nous vivons : quelqu'éclair, quelqu'étincelle avec une particularité qui nous est propre c'est que nous assistons ébahis au spectacle. Nous montons sur scène connaissant le texte, avec à peine de temps à autre quelqu'oubli nécessitant l'aide d'un souffleur ! Non, nous ne sommes pas des clones, là où nous sommes et qui nous sommes, jeunes ou vieux, nous avons cette dotation privilégiée d'êtres uniques, de penser et d'agir au sein d'un théâtre fantastique.
Brigadier, trois coups, le spectacle commence !

Pensée du jour( 14/09/2018 )

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Moucheron insomniaque



C'est donc toi petite saloperie

Qui vient troubler mes nuits,
Infime vermisseau microscopique,
Invisible au plafond et qui se confond
D'avec des fleurs aux rideaux bucoliques ?
Toi, dont la musique soudaine,
Soudainement de mon sommeil m'arrache,
M'attache à je ne sais quelle fredaine
Et me donne à bondir, Ah la vache !
C'est donc la guerre qui s'engage :
Avec la lumière, infâme poussière
Tu devines ma rage à fouiller la litière,
Et sans plus " z-z-z " dire, ton dard enrage.
Mais ta faute, il est bien tard pour la pleurer
Est ton impatience à vouloir me piquer ;
A force, avec la lumière de tant jouer
Tu ignores qu'à ce jeu tu finirais emplafonné !

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La fin de l'été



Comme une révélation soudaine une brise de vent a chassé l'été.

Un souffle qui penche les branches et rafraîchit l'air
Bascule l'esprit vers quelques gros nuages
Qui cachent désormais un soleil ardent.

Au loin des bruits familiers annoncent la rentrée ;
Les cahiers de vacances sont rangés,
Les poches se vident de sable,
Pelles et seaux cessent leurs allées et venues.

Les arbres tourmentés montrent des fruits massacrés,
Le grand tapis jauni brûlé attend la pluie,
Les fleurs meurtries crient encore des couleurs
Mais ne sourient plus comme au début de l'été.

Et derrière tout ce monde brûlé qui s'agite et attend,
Une force se prépare à tout balayer ,
Telle une lumière aveuglante au profond de la chair
Grondant avec l'orage qui ne tarde plus maintenant.

La lumière, la voilà, aussi féroce qu'était la sécheresse.
Dans la nuit noire elle déchire les rideaux et les murs,
Entrecoupée de trombes d'eau et d'arbres qui gémissent,
Elle éclaire le jardin comme si c'était le jour.

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La clef du bonheur

Le bonheur, tout le monde en rêve. Les marchands de bonnes affaires ont fondu dessus, s'en sont emparés, en ont fait un produit de consommation qu'ils vendent quotidiennement contre paiement. Le bonheur est donc devenu une monnaie d'échange confondu avec le plaisir éphémère. Confusion évidemment entre la jouissance procurée par l'acquisition d'un bel objet et un état permanent où l'objet n'a plus sa place., où il ne procure plus de jouissance précisément. Le bonheur ressemble alors à un nuage léger, un nuage de vacances, affranchi des désirs qui ne cessent de frapper à la porte, un état de pleine conscience où chaque instant est à lui-même le cadeau essentiel sans nul besoin d'autre cadeau. La clef du bonheur réside donc dans la plénitude de l'instant dépourvue de toute pensée, de tout jugement, de tout rapport au passé, de toute projection illusoire.. Ainsi cette clef joyeusement et précieusement enveloppée de vacuité ouvrira la porte de ce bonheur tant désiré.

Pourquoi la nature a t-elle tant horreur du vide qu'il faille la suivre dans son raisonnement et penser que le plein de choses soit le secours à toutes nos souffrances ? L'expérience que l'on exerce à se détacher de tout conduit au bonheur, encore faut-il accepter de suivre ce chemin sans la peur ou la frustration d'abandonner tout les construits, les vécus, les habitudes, les "bricoles " inutiles et paradoxalement les soucis mortifères et nostalgiques ayant inévitablement contribué à le polluer. Se défaire des encombrants comme ceux de notre maison et veiller que ce qui y entre soit à tout instant la bonne clef ! Il s'agit donc bien de parvenir à la délivrance par le discernement et la circonspection. Dire paraît facile dirons nous, faire demande beaucoup de temps comme de bâtir un exercice devant conduire à une connaissance nouvelle. Heureux est possible, c'est une quête où la foi prend toute sa place au sein de nos multiples possibilités.


Pensée du jour   02/07/2018

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Vive le métissage !

Pourquoi devrions-nous craindre le métissage ? Tout ces petits ” bout de chou ” adorables, couleur de soleil, ne suscitent-ils pas à chaque fois l’émerveillement ? La crainte vient de l ‘effacement de la couleur blanche occidentale au profit d’une autre couleur. Comme chacun sait nul ne veut céder à l’autre ce qui lui paraît être le mieux pour lui, autrement dit : ” Je suis blanc, pas touche ! ” Mais pourquoi s’entêter devant un phénomène des plus naturels : la mixité. Ne s’est-elle pas installée à l’école, au travail…? Avec toujours la même réticence conduisant à penser que cela ne marcherait pas. Aucun tableau n’est d’une teinte unique sauf certains monochromes qui laissent à croire que leur auteur n’aimait pas la joie d’un brassage de couleurs. J’y mets quelques peintres à la plume sombre et mélancolique de ciels bas et pluvieux et dont l’oeuvre, si compliquée soit-elle, conduit à la dépression ! Et bien non ! L’heure est à la couleur et il va falloir quitter nos préjugés, nos fantasmes, nos rejets pour entrer dans le siècle de l’acception des couleurs nouvelles. Aussi de coutumes nouvelles, d’habits aux étoffes chatoyantes, de rues en trompe-l’oeil nous donnant à circuler d’une peinture à l’autre égayant des villes mornes et grises. Que ce partage ne soit pas exclusivement l’affaire de celui qui vient mais soit aussi l’oeuvre de celui qui reçoit, en pleine conscience d’une page qui se tourne sur une page nouvelle. Tout change, se transforme, écrivait un scientifique célèbre, rien ne demeure définitivement. Le repli n’est pas la solution au bonheur des hommes. Le métissage des peuples n’ôte rien au discernement. Ce dernier doit être partagé équitablement par l’accueilli et l’accueillant. A l’aube du 21ème siècle , à l’heure des échanges perpétuels et volontaristes de nouveautés, de quêtes de découvertes conduisant pour certaines personnes à changer radicalement de vie, il ne faut rien s’étonner que brassage allait rapidement conduire à métissage. Notre maison sera notre planète et nos visages seront un peu moins blafards La couleur ajoutera à notre amour de vivre et les visages se mettront à voyager au-delà des continents.

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Au suivant !

Avant de prendre congé, avant que la fougue ne s’empare d’un autre couple, il me faut m’adresser à mes parents. Quand je parle de fougue c’est de celle qui conduit inéluctablement à concevoir des enfants.: cette attirance de l’un pour l’autre, équipés de machines complémentaires et dont le destin est le peuplement de la terre ! Je ne leur dis pas merci. Mon père a gravi ma mère après une séparation professionnelle. Ce souvenir d’ailleurs de lui avoir succombé a coûté cher à mon père qui n’a jamais pu renouveler sa tentative ! Bon, ils étaient mariés me direz-vous et qui sait ce qui se passe dans un couple ? Toujours est-il que me voilà, et que vois-je ? Rien d’autre que ce que l’on peut observer dans un zoo, un cirque, une brousse, un océan : une peuplade d’individus tombés là par hasard, par obligation, courant après la nourriture quotidienne, se la disputant avec férocité, tuant s’il le faut, agitant des masques de convenance dont le désir se traduit souvent par la possession de l’autre, tremblant de peur sur des fils fragiles pour ne pas tomber tout de suite, aidés par elle comme un aiguillon de survie. Je vous aimais au fond car vous avez largement payé votre faute. Je vous ai vu le faire chaque jour : payer. Payer avec le peu dont vous disposiez, la grande part m’étant consacrée. Pour cela merci quand même car je ne suis pas ingrat et cela je vous le dois. Mais à quoi bon se rassurer puisque le mal a été fait. Notez, de là où vous êtes, enfin tranquilles, j’en suis sur, que toute cette mascarade n’est pas directement de votre faute. Je ne sais pourquoi j’ai emprunté la même voie qui me force tant à m’interroger, la curiosité sans doute et comme si d’être le suivant il me venait naturellement une consolation.

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Le chemin des habitudes

Au sortir du berceau on m’a appris à manier les armes ! Je ne l’avais pas demandé, on m’avait convié. L’entrée en matière fut des plus pénibles car l’esprit engourdi doit être secoué ! Mais l’homme s’adapte à tout. Même ce cadre là il finit par l’épouser. De par nature sportive et éveillée je fus vite performant.
Les armes on finit par ne plus les voir en leur essence première, comme tout le reste. On les manipule, les entretient, les range avec soin car elles coûtent cher, bref comme des outils de jardinier ! On s’habitue à elles, dirait-on. Comme un paysage, un jardin présent à nos yeux, chaque jour devient un lieu commun. Tenez, celui qui vit en ville au bord d’une avenue sans cesse fréquentée, bruyante et polluée, il finit par l’adopter, la faire sienne, y humer l’air vicié au point de ne plus jamais humer une rose avec délectation. La campagne pour le citadin c’est le recul du progrès, c’est le monde des bouseux, des illettrés, des ” sans-dents”- parole d’élite ! - Mais ces bouseux là, si proches des valeurs essentielles, fuient les passages cloutés, les feux tricolores, la pollution, l’énervement des gens ” instruits” et se demandent surtout où va le monde, sujet pour eux, à des modes ridicules, à des illusions farfelues dénuées de bon sens qui les confortent, ces ” non-instruits” à penser que cela ne pourra durer ?

J’ai un vague souvenir des armes. Elles sont le triste sort des hommes qui s’habituent à tout !

Pensée du jour
09/06/2018

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Les débuts de la modernité

Certes il y avait du progrès. Si l’on peut parler de progrès quand il s’agit de trouver tout à portée de main, la tendre pour se servir auprès d’interminables rayons de marchandises ! Par contre nous n’avions toujours pas l’eau courante ni l’électricité. A croire que notre chemin devait s’accomplir lentement, plus lentement que les autres, par compassion pour les plus démunis que nous ou plutôt et c’est ce qu’il me semble par manque d’ambition de mes parents. Ils avaient connu la pénurie, les déracinements constants que démarrer à chaque fois une nouvelle vie à la base leur paraissait normal ! Ils m’ont inculqué cette philosophie pour penser encore maintenant que l’abondance, le confort excessif, la minutie d’une vie trop bien réglée sont un luxe pervers qui endort l’initiative et est néfaste pour la santé. Ma mère passait ses dimanches à faire la lessive sur une planche de bois gondolé et rêvait à coup sûr que l’instant de pendre le linge était sa plus belle victoire. Je ne sais si aujourd’hui avec la machine moderne le fait de pendre le linge constitue une victoire ? Quant à l’eau, nous avions un puits avec une haute margelle. J’avais plaisir à faire tomber le seau au fond, entendre le choc et remonter cette eau fraîche et claire qui vient du centre de la terre avec à chaque fois un frisson à l’idée que cette profondeur pouvait m’engloutir. Je m’assurais donc que la margelle était bien solide … La maison d’en face, de l’autre côté de la voie de chemin de fer avait l’électricité, pas nous. Là aussi quand ce progrès fait défaut c’est quand le soir tombe qu’il faut avoir bon oeil. Chaque objet sur mon passage devenait un obstacle. Comment ne pas songer à celui qui est aveugle tout le temps, qui n’a pas la chance de la lumière du jour, enfermé dans la nuit permanente. Il me fallait donc inventer la lumière même en son absence. Gravir les marches de l’escalier avec une bougie en compagnie de mon ombre qui me précédait me donnait envie de rebrousser chemin. Mais l’ombre nous poursuit toujours. A force je m’habituai à mon ombre pour la faire devenir ma compagne. Elle ne me trahissait jamais même si je la scrutais avec attention afin de vérifier si elle accomplissait les mêmes gestes que moi ! Il fallait aussi s’habituer à une grande maison, avec un étage, ce que je n’avais pas connu dans ma forêt d’Emblise. Une fois l’escalier franchi, il fallait pénétrer la chambre noire. Celle que l’on retrouvait à la nuit tombée, qui n’avait pas été visitée dans la journée. Les petites maisons comme les maisons de poupées n’ont rien à cacher mais les grandes bâtisses à étage restent des châteaux battus par les vents où les esprits contrariés se cachent sous les lits. Et même d’inspecter sous le lit, les esprits sont invisibles. Il faut donc attendre sous la couverture s’ils vont se manifester ou pas ! Aller au lit se faisait sans discuter. Il n’y avait pas de baiser de maman ni de conte de fées ou de mille et une nuits. L’ampoule électrique ne viendra que plus tard et là comme par enchantement tous les enfants connurent la lumière avant de s’endormir car ils avaient peur du noir ! Pensez si cela me fait sourire. Comme si les esprits contrariés se souciaient de la lumière !

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Le rusé renard




Je vais au plus profond, et là, qu’y trouvais-je ?

Tapi au fond du fossé le rusé renard !
Qui ne cesse au grillage son guet roublard
A ourdir outrage au quiet qu’étais-je.

Quiets, ne le sommes-nous pas dès le premier jour ?
Si prêts aux bonheurs nous venant comme d’ailleurs,
Des sourires comme des gages pour toujours,
Et puis, comme figés, des visages boudeurs !

C’est donc que le rusé renard a plus d’un tour :
Il lui déplaît que l’on chante et l’on danse,
Et ce qu’il nous tente n’est que l’ombre du jour,
Là où les nuits ne nourrissent que sa panse !

Ce subtil oiseau est de mauvaise augure.
Il furète dans notre cerveau tel un notaire,
Sème au champ des inquiètes aventures
Mais court tremblant au bâton de la fermière !

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L'autre rive



L
e clapotis frappe la frêle embarcation,

L'autre rive tranquille paraît lointaine.
Au pied de la blancheur des éternels monts
Le soleil baigne la Création humaine.

La barque traverse avec des cliquetis
Un tapis vert ensemencé de nénuphars.
Quelques gouttes d'eau jetées vers l'infini
Poudrent des masques rieurs dénués de fard.

L'autre rive s'approche grace aux rames,
Des êtres lèvent les bras, des petits, des dames ;
Terre sans visage fantoche qui attend
Le calme ramage du flux des pénitents.

La barque glisse lente, entre sans lustre,
Un puissant halo évente une plage.
Derrière, tout au delà des fleurs lacustres
Des verres falots habillent les voyages...

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Adieu la vie sauvage ! ( 10 )

                                                                   Adieu les arbres et ce petit chateau aux allures de palais enfantin, là où rien n’a encore pollué l’air frais des saisons. Tout était beau et respirait le bonheur même si les premières rencontres avec la réalité des autres ont été difficiles, y revenir à chaque fin de journée fut un baume apaisant. Plus tard cette façon de vivre ne m’a jamais quitté : le feu le jour et la paix profonde, calme, régénératrice le soir. Les premières années de notre vie nous marquent à jamais et nous suivent comme des ombres tenaces. Adieu donc paradis de mon enfance, je ne t’oublierai jamais. J’entendrai toujours tes piaillements, tes bruits de charrue quand arrive le printemps et la neige l’hiver sur l’étendue déserte des champs faisant penser à des mondes inexplorés, tes chênes gigantesques que j’avais appris à gravir et qui me faisaient découvrir le village au loin comme un monde hostile au bonheur.

                                                                                          *

                                                                   Mes parents poursuivaient l’aventure sans l’électricité et l’eau courante et pour mieux bercer mes rêves la proximité presque à bras tendu d’une ligne de chemin de fer ! Ce fut donc l’éclairage à la bougie et l’eau au puits laquelle était d’une fraîcheur et d’une limpidité sans nulle autre pareille. Le train de marchandises faisait ses aller-retours incessants faisant trembler la maison à chaque passage. C’était comme un rituel devenu nécessaire. A 10h le soir, de mon lit, je voyais le fanion rouge du dernier wagon qui annonçait le dernier train et le dernier tremblement. Je pouvais alors me glisser sous la couverture avec le transistor, magique irruption du progrès, entrer dans le monde de la radio avec ses animateurs, puis découvrir ce que je n'avais jamais entendu : la musique . 
                                                                   
                                                                                          *                        
                                                                      Je m’éveillais au modernisme et déjà les réclames pour le ” génie sans bouillir ” , le cassoulet “william saurin “, le banania ou les cures à Evian vagabondaient dans ma tête la nuit. C’était un nouveau refuge tout aussi extraordinaire de par la force de la découverte, un monde tout aussi irréel où la chicorée Leroux, la quintonine et la boldoflorine allaient bercer mes soirées dès la fin du dernier wagon. C’était une révolution que ce poste à transistor, il remplaçait cette lourde machine aux nombreuses lampes grésillantes qu’était la radio d’après guerre, logée dans une boîte en bois et où de multiples stations du bout du monde nous faisaient craindre de mauvaises nouvelles . Cette radio de bois je ne l’ai connue que plus tard car elle fonctionnait à l’électricité et est devenue comme tout les vestiges objet de collection chez les antiquaires. Le transistor, lui, allait partout, au jardin, à l’atelier, à la cuisine, au lit. Nous étions ainsi poursuivi par la réclame partout et presque tout le temps car il fonctionnait tout le temps ! 
                                                                   
                                                                                          *
                                                                           
                                                                        A force d’entendre toutes ces réclames, il devint normal de vouloir se les procurer. Le désir de consommer était né et comme tout désir il fallait l’assouvir. Un nouveau baume à souffrances était né : la publicité. Une page était tournée, celle de la vie sauvage, une autre s’ouvrait : celle des achats pour la plupart inutiles. Bizarrement, alors que l’achat inutile faisait son apparition, beaucoup le trouvèrent utile et se précipitèrent pour l’acquérir. Je me suis mis à aimer l’ambiance qui régnait à la supérette du quartier. J’y trouvais la chicorée en question et la boldoflorine. Je pouvais ainsi toucher de mes propres doigts ce qui sortait de ma radio, cela me rendait riche à mes yeux. Un sentiment d’être le bienvenu dans un nouveau monde avec de beaux emballages, de belles formules de bonheur, de beaux sourires permanentés à la sortie du magasin et avec la pensée prémonitoire qu’au vu de tout ce monde heureux il faudrait rapidement agrandir la supérette et acquérir de nouvelles sacoches à vélo pour tout transporter !

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Il y a ceux dépourvus du vouloir




Sales, obscurs dans le noir, ce sont nos enfants.

Ils dorment à même le trottoir à tout vents,
Sous des cartons, leur maison, imaginons-nous
Devenus ce qu’ils sont, ce qu’ils pensent de nous…

Ces hommes bouffis de froid, même des femmes,
Honte suprême, des femmes dehors sans lit !
Et pour taire l’impatience de ce drame
Une boisson chaude au regard qui sourit !

Ils n’ont pas voulu ceux-là, c’est leur punition,
Pas voulu apprendre, se plier, marcher droit,
Faire comme les autres, aller au cinéma,
Mais défier le monde et soûler leur condition.

Ils n’ont pas voulu et toujours sans le vouloir,
Peu leur importe si, sales, obscurs dans le noir
Seront trouvés leurs cous raidis indifférents,
A l’aube quand poindra la rosée du printemps.

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L'étrange dame




Consciencieuse, assise sur le banc du parc,

Cheveux bruns, regard noir et franc perché au loin,
Comme une fée surgie des vagues d’un lac
Aux vagues rêves flottant à de beaux demains.

Belle comme un ange qui revêtirait le noir
Afin de masquer quelque joie passée,
Elle tendit un sourire au gamin du soir
Comme naît un rire sans nulle pensée.

L’enfant se sentit par enchantement aimé,
Rendit le sourire charmant de la dame,
Et sur sa joue vient déposer un baiser
Tel un sceau d’éternité gravé dans l’âme.

Tant d’années ont coulé et tant de demains
Ont voulu effacer sourire et baiser.
Mais le banc ce soir-là et ce parc en chemin
Voguent encore aux vents de mille pensées.

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Le dimanche sert à rêver...


                                                                 Le dimanche est un jour de trêve, une suspension de la course du temps, un étirement de tout ses muscles au fond d’un lit douillet, une pause de notre cogitation habituelle. Il est un jour de flânerie permise pendant lequel des habitudes seront bouleversées au profit d’un réel plaisir de vivre. C’est à celui qui agrémentera le petit déjeuner de croissants encore chauds, celui qui sortira son vélo, ira en promenade à travers les sentiers humides du matin quand la forêt s’éveille comme pour lui. D’autres se prennent à courir tout enveloppés de couleurs chatoyantes, activant des muscles endoloris et se mettant à découvrir des forces latentes qui les projettent vers des cieux sans nuages. Le dimanche c’est le repos du guerrier où l’on s’invite en famille, où l’on se prépare consciencieusement pour se retrouver autour d’une table chaleureuse et consensuelle, d’un verre qui aide à dissiper les soucis du quotidien, d’un quartier de tarte et où les absents ont aussi une place. Le dimanche, les enfants jouent entre-eux, font du bruit mais ne dérangent pas, c’est aussi leur trêve parentale. Le dimanche on se fait beau, on va au ciné, au resto, au théâtre.On chante à la messe, on prie Dieu. Tout est permis, coloré, aimant, apaisé. On y fait des projets, tout devient possible lors de cette journée qui n’est pas un jour comme un autre. Le dimanche est comme un voile de sérénité et de douceur qui s’abat sur la foule en délire. Il sert à rêver à une vie meilleure, sans doute à y puiser ce qui est si difficile à réaliser les autres jours. La naïveté de l'enfance y retrouve-t-elle un peu sa place .


Pensée d'un dimanche 28/01/2018

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Je souffre donc je suis !


                                                                 Voilà le siècle de la souffrance. On l’attendait come un orage d’été, il est arrivé. Rien de ce qui pourrait nous rendre heureux n’a voix au chapitre. Tout s’est emballé de concert comme il n’est plus possible de marcher mais qu’il faille toujours courir. Courir pour attraper le car, courir pour réussir son examen, courir pour avoir un emploi, ensuite courir pour le conserver. Toujours courir et ne plus savoir qui l’on est. Etre en permanence survolté, curieux de tout, avide de découvrir les peuplades indigènes d’ Amazonie comme curieux de la couleur de la chemise de son chanteur préféré ! Utiliser son corps comme une machine à disposition d’un monde intransigeant et culpabilisant, ne faisant aucun cadeau à celui qui n’est pas dans la course. La souffrance est donc à la mode et nous conduit rapidement à la mort de nous-mêmes sans que nous ayons pris le temps de nous servir librement au bonheur d’exister.

                                                                   Il est tellement mal vu d’être à la traîne, de se prélasser, d’aimer vivre tout simplement. Celui qui rêve entrave l’Economie, la bonne marche des Affaires, il est un poison qui n’a pas sa place dans la société de souffrances, auto-mutilante, qui lui tend les bras. Cette société qualifiée de moderne a atteint son but : anéantir l’individu pour le robotiser au profit du groupe et de sa performance devenue nécessaire à sa survie. Abolir la notion d’individualité pour la connexion de l’ensemble est donc la cause majeure de nos souffrances. Et paradoxalement faire de chaque individu un ennemi pour l’autre.

                                                                    Ne tombons pas dans ce tour de passe-passe. Redécouvrons-nous tels que nous sommes en réalité : joyeux, heureux, aimants sans la nécessité d’apports extérieurs. Aimons-nous tels que nous avons été créés ou plutôt réapprenons à le faire tant l’estime de nous-mêmes nous a été confisquée. L’amour de l’autre que nous revendiquons souvent passe par la découverte et la compréhension de nous-mêmes, profonde, narcissique- qui n’est pas une faute ou une tare - ainsi le fossé deviendra moins béant, atténuera nos souffrances et fabriquera des amitiés réelles, moins artificielles.

                                                                     A cette condition pourrons nous faire dire à nos enfants et petits enfants : ” Dieu que je suis heureux ! “

Pensée du jour 21/01/2018

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