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administrateur théâtres

Samedi 11 mai, 23h.

En attendant le verdict du jury, les spectateurs restés dans la salle ont eu l’honneur d’assister à un Bord de Scène inédit. C’est la  Reine Fabiola en personne qui préside. Tout sourires, galvanisée par la rencontre musicale des six derniers candidats de la DERNIERE SOIREE DE LA PREMIERE EPREUVE du CONCOURS REINE ELISABETH 2013, elle a quitté sa place au premier rang où elle était assise aux côtés de Jean-Pierre de Launoit et s’installe très décontractée, appuyée sur le bord de scène pour  échanger ses impressions et discuter avec les membres du jury.

Vers minuit, le jury monte sur scène pour proclamer les demi-finalistes. Le président s’adresse à la Reine pour la remercier de la fidélité de son  soutien bienveillant et salue l’ensemble des  63  jeunes candidats (au départ ils étaient 283 de 18 nationalités différentes à avoir envoyé leur DVD) qui ont fait preuve de qualités artistiques exceptionnelles et  dont il faut saluer à la fois, le courage, l’endurance et  l’excellence.

Les demi-finalistes sont cités dans l’ordre de leurs prestations du lundi après-midi au samedi soir:

Zhang Zuo (Chine, 23 ans)
Yannick Van de Velde (Belgique, 23 ans)
Mikhail Berestnev (Russie, 25 ans)
Joo Hyeon Park (Corée, 24 ans)
Lu Shen (Chine, 27 ans)
Tatiana Chernichka (Russie, 28 ans)
Joon Kim (Corée, 30 ans)
Rémi Geniet (France, 20 ans)
Roope Gröndahl (Finlande, 23 ans)
Sasha Grynyuk (Ukraine, 30 ans)
Stanislav Khristenko (Russie, 28 ans)
Boris Giltburg (Israël, 28 ans)
Yuntian Liu (Chine, 23 ans)
Andrew Tyson (USA, 26 ans)
Yedam Kim (Corée, 25 ans)
Jianing Kong (Chine, 27 ans)
Stephanie Proot (Belgique, 25 ans)
Sangyoung Kil (Corée, 29 ans)
David Fung (Australie/Chine 30 ans)
Yejin Noh (Corée, 27 ans)
Kana Okada (Japon, 22 ans)
Sean Kennard (USA, 29 ans)
Mateusz Borowiak (Grande-Bretagne, 24 ans)
Samson Tsoy (Russie/Corée, 24 ans)

 

Order of appearance in the semi-final (piano 2013)

N’ayant pas pu assister à toutes les épreuves de la semaine, nous ne pourrons pas commenter tous les concurrents mais voici les très nombreux coups de cœur!

A commencer par Yannick Van de Velde (Belgique, 23 ans) un musicien dans l’âme au parcours déjà illustre, car il compose également. Ils sont 4 jeunes frères, tous musiciens. Il est coaché de près par son maître, Jean-Claude Vanden Eynden qui depuis son dernier concert (dans le cadre des concerts de l’Orangerie de Seneffe) à la D’Ieteren Gallery , l’a encore fait évoluer de façon spectaculaire. Une autre compatriote belge a elle aussi été sélectionnée : Stephanie Proot (Belgique, 25 ans). Titulaire du 1er Prix, Grand Prix International André Dumortier, elle a le sens de la musique et  un sens dramatique émouvant. Traversée par l’inspiration, armée d’une technique infaillible, elle joue pour elle-même et pour sa rencontre avec le compositeur, juchée sur sa propre chaise de laque noire  Le Choral et Variations de Dutilleux est une merveille d’atmosphères évocatrices. Gloussement, pépiements, trilles, bavardages des marais, le piano joue la célébration du monde vivant et de l’univers poétique. Le paysage sonore tonitruant se pare de grands frissons ou évoque subitement le miroitement des derniers feux du soleil! Elle a su entraîner le spectateur dans un sillage musical grandiose. « Oh temps suspends ton vol ! » loin de l’hostilité du monde réel.

Mikhail Berestnev (Russie, 25 ans) a surpris par son approche à la fois tendre et  vigoureuse du  Prélude et Fugue de Bach (n°20/BWV 889) qu’il a sculpté avec force. Sturm und Drang, il est  une vraie force de la nature dans l’étude (Wilde Jagd) de Liszt où l’on a retrouvé pathos et beauté de la souffrance dans un tempo intense aux dimensions fantastiques. Le musicien a tout donné ! Y compris une exultation solaire à la fin de la Troisième Sonate de Prokofiev.

Mateusz Borowiak (Grande Bretagne-Pologne, 24 ans) a terminé une prestation fougueuse, tonique et sonore  par une splendide interprétation de l’étude op.18/1 de Béla Bartok avec une rythmique accentuée, puissante et diabolique  ... après avoir séduit par un Prélude et fugue (BWV 885) de Bach aux sonorités claquantes et très bien construit.

Tatiana Chernichka (Russie, 28 ans) a opéré une vraie mise à feu (!) avec son entrée en matière hitchcockienne et sa puissante maîtrise dans l’œuvre de Rodion Shchedrin, Basso Ostinato. C’est de la sorcellerie pure, le nez sur le clavier, c’est une poseuse de bombes ! Un docteur Jekyll et Mister Hyde qui présente un nouveau visage fait d’intériorité et de musicalité investie, elle offre une finale éblouissante à son récital en jouant l’étude d’exécution transcendante n°10 de Liszt. Une interprétation enflammée au phrasé impeccable, le visage tendu, impassible et des mains de magie noire qui ne semblent pas appartenir au visage de madone.

David Fung (Australie-Hong Kong 30 ans) , un joyeux compère,  a fait son entrée avec un sourire éblouissant. Son Prélude et fugue (BWV 884) est enlevé avec couleurs à l’appui,  musical et beau.  Le Molto moderato e cantabile de la Sonate op.78 de Schubert a ce qu’il faut de désespérance, de légèreté et de violence et fait penser à un  Sonnenuntergang  spectaculaire et poétique. Couleurs dramatiques qui s’évanouissent dans un silence. Son étude de concert Waldesrauschen de Liszt convoque tous les murmures de la forêt et la sève mélodique  dans une atmosphère fantasmagorique et créative.

Boris Giltburg (Israël, 28 ans) aborde le Prélude et Fugue n°22 de Bach (BWV867) avec une attitude solennelle et déférente. Il y insuffle toute sa sensibilité utilisant un tempo majestueux qui invite à la contemplation.. La Sonate n°32 opus 111 de Beethoven évoque une tendre berceuse  et  l’étude n°5 opus 25 de Chopin caracole entre galops légers et panache, la dernière phrase noble comme une salutation au soleil.  Mais c’est dans la dernière œuvre proposée que le musicien se singularise particulièrement : tel un artisan de génie courbé sur une sculpture difficile, il extrait une série de sons inimitables de son instrument. Ainsi, l’étude-tableau n°6 opus 39 de Rachmaninov  laisse les spectateurs suspendus à  une sorte de halo musical unique en son genre.

Sean Kennard (USA, 29 ans) joue devant la reine Fabiola, le dernier soir. Ses Feux-follets de Liszt résonnant de gloussements, gargouillis et contrastes farceurs sont inimitables. La virtuosité permet à peine de distinguer le ruissellement des notes, à la fin, la fuite des esprits se transforme en pure évanescence. On reste médusé par la technique et le rendu poétique. Mais c’est surtout la Danse macabre d’après Saint-Saëns transcrite par Horowitz qui a emporté l’adhésion du public. L’exécution sérieuse souligne l’aspect sarcastique de l’œuvre. Des mains ensorcelées rivalisent de vitesse et de puissance, les ruptures de tempo renforcent la démence avant un final rugissant mais tellement maîtrisé.  

Stanislav Khristenko (Russie-Ukraine, 28 ans) a débuté le concert de mercredi soir par le Prélude et Fugue n°2 de Bach (BWV847) interprété avec puissance et robustesse … très slave. Son plaisir de jouer est évident et communicatif. La Fantaisie opus 28 de Scriabin termine un récital brillant, intelligent et bien composé.

Kim Joon (Corée, 30 ans) nous a offert un des moments musicaux les plus intenses du mardi soir. A la suite de la fougueuse Tatiana Chernichka, il n’a pas déçu  avec la mise en scène d’une véritable chevauchée de souffrance dans son étude d’exécution transcendante n° 8 de Liszt, Wilde Jagd. Mais il a surtout  acquis le public avec ses très belles variations sur un thème de Paganini de Brahms. Le musicien Coréen dont on aurait pu penser que le Bach était un peu trop maniéré a fait chanter son instrument et fait palpiter l’imaginaire musical du public.

Kim Sangyoug (Corée, 29 ans) La pianiste coréenne du vendredi soir fut applaudie avec véhémence. Le  Prélude et fugue (BWV 892) de  Bach est joué sur une vague ininterrompue d’allégresse. Elle savoure sa musique, insuffle une rythme dansant, joue avec les pianissimos et construit des fils de lumière auxquelles elle accroche des sonorités cristallines. Cela  touche au sublime. Elle pourrait déjà arrêter là. Son étude en sol dièse mineur de Chopin lui met la tête dans les étoiles et elle nous emmène ainsi dans un  firmament où vibrent des hululements intersidéraux… Virtuosité, élasticité, rayonnement, on a baigné dans un univers de nuances et de  douceur.

Kim Yedam (Corée 25 ans) se produisait le jeudi soir commençant son récital par la sonate de Mozart K. 311, un jeu vivant et (vite) enlevé! Ensuite, place au sacré avec le Prélude et Fugue en si bémol mineur ( BWV 867) de Bach. Les bras en arabesques arrondies au-dessus du clavier elle joue l’étude pour arpèges composés de Claude Debussy. Pittoresque et coloré. Les Tierces de Chopin (Etude en sol dièse mineur op. 25 n°6) ne sont que volées inoubliables de pétales de fleurs. Joyeusement spirituelle et passionnée elle se glisse avec feu ibérique  dans un morceau de bravoure espagnol : Triana,  extrait de Iberia II d’Isaac Albeniz. Le public est heureux.  

Lui Yuntian (Chine 26 ans) un des pianistes du mercredi soir. Il joue son Bach (Prélude et Fugue n°3 BWV848) d’un air décidé. Sa brillante virtuosité semble toute naturelle. Il produit des notes claquantes et lumineuses. Ce sera encore gagné ! Une muse imaginaire avec qui il semble converser veille-t-elle sur le musicien chinois? C’est l’impression qu’il donne en jouant l’allegro moderato de la sonate en la majeur de Schubert. La muse disparue dans la dernière mesure, il enchaîne  aussitôt avec quelques mesures d’un Chopin bouillonnant. D’un ton moqueur, c’est Claude Debussy qu’il interprète avec vivacité et grands contrastes de toucher. De l’effleurement au pédalage,  c’est une chevauchée fantastique qui s’élance dans la salle. William Bolcom ( Un Rag infernal)  clôture le concert,  un véritable élixir de malice musicale.

 

Noh Yejin (Corée, 27 ans)  s’empare du Prélude et fugue (BWV 880) dans un  pur esprit de béatitude. Elle jouera, courbée sur le clavier comme si elle attisait patiemment un feu. Magnifique timbre et petit salut discret de remerciement à l’instrument  au dernier accord. La musique est Grâce et Joie. L’artiste écoute les sonorités avec respect. Après la fraîcheur de son Mozart elle s’attaque à Scarbo, Gaspar de la nuit de Ravel  où elle exploite de ses mains vertigineuses les sonorités lugubres, les mugissements en crescendo et lâche un  pied de nez final spirituel. La pianiste termine sur Chopin, radieuse, expansive et généreuse.

Okada Kana (Japon, 22 ans). Une pianiste au jeu félin qui passe de l’esprit baroque du Bach à un Joseph Haydn coulé et guilleret.  L’exécution de  l’étude Feux-Follets de Liszt est ludique et intense. Le tempo tourbillonne et éblouit. Revoilà  le Scarbo de Maurice Ravel paré de touches  spirituelles. A gauche il y a le savant modelage des basses et à droite les notes hautes pulvérisent les aigües. De quoi soulever le samedi après-midi,  la salle de bonheur.

Park Joo Hyeon (Corée, 24 ans) Le sourire du pianiste semble tout de suite habité par la musique du prélude et fugue n. 2 de Bach. Il présente ensuite  le largo de la sonate n. 17 de  Beethoven avec finesse et intelligence, alternant l’aspect méditatif et la passion. On est sous le charme d’accords fermes et cuivrés de chapelets de notes claires et  pour finir de belles notes amorties. Le Coréen se transforme en mousquetaire du piano dans l’étude Paganini n.6 de Liszt. Bravado, coups de chapeau, révérences, jeu scintillant et crépitant, trilles angéliques et final royal! Ce n’est pas fini !  La sonate tragique de Nikolai Medtner nous plonge dans un maelström d’émotions contradictoires évoluant vers un climax enivré de sonorités. Bonheur et souffrance tout à la fois! Impressionnant!

Shen Lu (Chine, 27 ans) nous  a aussi fort impressionnés. Une construction souple et moelleuse de son prélude et fugue n.7 de Bach le conduit vers le ciselage ouvragé du modérato de la sonate en mi majeur de Haydn. Des notes claires, presque transparentes,  une simplicité toute  apparente  et une très belle construction musicale. La pièce de clôture est saisissante.  Il s’agit de  la sonate Choral et Variation de Dutilleux. Une entrée en matière Forte qui enchaîne ensuite évanescence, déferlantes, amoncellements spirituels, arpèges, vocalises et accords fracassants. Quelle résonnance ! une harpe était cachée dans le piano!

Et pour terminer cette promenade avec ces jeunes talents débordants de génie musical, voici le  tout dernier candidat sélectionné pour les demi-finales. Encore une belle révélation parmi  les jeunes candidats qui se sont présentés lors de cette première épreuve. Il s’agit de  

Samson Tsoy (Russie-Corée, 24 ans) C’est l’émotion vive dès ses première pages. Un silence profond unit la salle. Il a choisi  de débuter son récital  avec la Fantaisie op. 77 de Beethoven. Il y module joie et narration, joue avec les mélodies, pique les notes avec humour et grâce. Dans le Joseph Haydn, (L’Allegro moderato de la Sonate Hob XVI :46  ) les sonorités bondissent, les gammes sont étincelantes et volubiles. Tout est coloré, bien charpenté,   tenu et ardent. La finesse de l’architecture musicale n’a d’égale que l’élégance aérienne de l’interprétation. Son  Bach est foisonnant et carillonne. Son Lizst est généreux, large, splendide, … océanique. L’étude en ut mineur de Chopin marque la fin d’une semaine fabuleuse avec des concurrents tous plus engagés les uns que les autres.

 

 Concours Musical International Reine Elisabeth

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