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administrateur théâtres

              "Roméo et Juliette" de  Charles Gounod à l'Opéra Royal de Liège. Roméo et Juliette, Opéra en un prologue et cinq actes, Livret de Jules Barbier et Michel Carré d'après Shakespeare,  créé à Paris au Théâtre-Lyrique le 27 avril 1867

la-coupole.jpg?width=250Mise en scène
Arnaud Bernard
Décors et Costumes
Bruno Schwengl
Lumières
Patrick Méeüs
Maître d'armes
André Fridenbergs

Juliette
Annick Massis
Roméo
Aquiles Machado
Stephano / Benvolio
Maire-Laure Coenjaerts
Frère Laurent
Patrick Bolleire
Tybalt
Xavier Rouillon
Mercutio
Pierre Doyen
Le comte Capuletopera-royal-de-liege.jpg?width=250
Laurent Kubla
Gertrude
Christine Solhosse
Gregorio
Roger Joachim
Le Duc de Vérone
Patrick Delcourt
Le comte Pâris
Benoît Delvaux
  
Orchestre et Chœurs de L'Opéra Royal de Wallonie
Chef des chœurs
Marcel Seminara
Direction musicale
Patrick Davin

 Dans le silence pacifique d’un immense écran bleu, deux amoureux se dévorent de désir cependant que rugissent des batailles  de rues  de jeunes jouvenceaux armés d’épées, une victime est déjà au sol. L’Amour et la Haine sont en présence. Le prologue commence. Le très sensible Patrick Davin,  à la direction musicale de l’orchestre, préfigure déjà avec grande finesse toute la dramaturgie  de Roméo et Juliette, où se mêlent l’amour désarmant et pur, la sensualité, le tragique et les féroces rivalités ancestrales avides de sang.  Les combats reprennent de plus belle. Cymbales, cuivres tragiques, cris, il y a maintenant six victimes et la septième s’écroule sans vie tuée par un mort vivant. Le chœur bordé des pleurs de harpe soupire comme dans les tragédies antiques : «  Vérone vit jadis deux familles rivales, Les Montaigus, les Capulets, De leurs guerres sans fin, à toutes deux fatales, Ensanglanter le seuil de ses palais. »

On sait que le livret de Gounod est au plus proche de la pièce de Shakespeare, et cela fait grand plaisir. Les personnages auront une profonde authenticité sans aucun chiqué, Ils sont fabriqués avec le tissu même de la réalité et des émotions humaines. Dès son apparition, Juliette est flamboyante, spontanée et gaie comme la jeune Juliette adolescente. « Tout un monde enchanté semble naître à mes yeux! Tout me fête et m'enivre! Et mon âme ravie S'élance dans la vie Comme l'oiseau s'envole aux cieux! » Juliette vocalise sur la harpe comme un oiseau posé sur la branche. Son ariette joyeuse émeut : « Je veux vivre, Cette ivresse De jeunesse Ne dure, hélas! qu'un jour! Puis vient l'heure Où l'on pleure, Le cœur cède à l'amour Et le bonheur fuit sans retour. Ah! - Je veux vivre! » Elle respire longtemps la rose dans une dernière vocalise.  La voix parfaite d’Annick Massis rayonne d’amour et de douceur.   Après la tendre scène du balcon où elle envoie son mouchoir à Roméo, la scène  de la bénédiction nuptiale par  le frère Laurent émeut profondément par l’espoir infini et insensé qu’elle inspire et par sa  profonde simplicité.  Une scène qui revêt les  qualités du sacré : c’est le recueillement absolu. Le frère Laurent, notre préféré, Patrick Bolleire,  en impose par  une  voix fabuleusement grave,  des gestes et  une  stature paternelles. Au quatrième acte  Juliette est devenue une  femme déterminée et profonde et sa voix s’élargit, s’assombrit et intensifie ses aigus puissants.  

Le personnage de Roméo (Aquiles Machado) se montre jovial et naturel et ne sombre jamais dans le mélodrame à défaut d’incarner  physiquement un jeune  jouvenceau.  Heureux caractère, il reste   candidement  illuminé par l’amour  et en oublie de répondre aux insultes de Tybalt (un excellent Xavier Rouillon). Ce n’est que lorsque Mercutio (Pierre Doyen) expire et que le silence de mort se fait que Roméo ose laisser libre cours à sa colère, suite à  un prélude orchestral  particulièrement lugubre.  « Remonte au ciel, prudence infâme, Tybalt il n’est ici d’autre lâche que toi !»  C’est un  amoureux plein de lyrisme que nous  voyons  dans la scène du balcon « De grâce demeurez ! Effacez l’indigne trace de la main par un baiser!»  et il est très  touchant lorsqu’il tombe à genoux en chantant « laisse-moi renaître un autre que moi! » Deux très beaux  rôles principaux émergent également, celui de la nurse et celui du père de Juliette, sa mère ayant été passée aux oubliettes par Gounod.  Une truculente Gertrude incarnée par Christine Solhosse et le père par Laurent Kubla.   

La poésie du livret touche autant que la musique qui oscille entre drame et lyrisme. La mise en scène contribue beaucoup à un sentiment d’harmonie et d’équilibre entre l’intime et les scènes  spectaculaires épaulées par la présence dramatique des chœurs.  Hommes et femmes de la maison Capulet  soulignent de façon très vivante et graphique  toutes les scènes de violence. Les scènes de combat mortel et de double mise à mort dans une lumière incandescente semblent réglées par le destin lui-même. La scène où le duc (un auguste Patrick Delcour) rend justice est aussi très impressionnante.  

 Les costumes sont d’époque, le faste des palais de Vérone  est bien esquissé mais de façon très aérienne et sobre. La cellule de Frère Laurent est un  laboratoire d’alchimie  perdu dans l’immensité bleue. La chambre de Juliette qui accueille la nuit d’amour est à la fois  épurée et symbolique: la couche d’un blanc immaculé est entourée d’un lys dans un grand vase à gauche et un cierge à droite. Leur duo bouleversant (Nuit d’hyménée, douce nuit d’amour) se conclut par la phrase désespérée «Non ce n’est pas l’alouette, c’est le doux rossignol, confident de l’amour! » La scène de l’union de Juliette au comte Pâris devant les prêtres est aussi un tableau inoubliable. Cette scène ménage un lent et douloureux suspense  lorsque  les innocentes  petites demoiselles d’honneur déroulent le   triste voile nuptial  dans la magnificence dorée  de la  musique jouée  à l’orgue. « Une haine  est  le berceau de cet amour fatal, que le cercueil  soit mon lit nuptial. » chante Juliette avant de s’écrouler, une phrase  prémonitoire et déchirante qu’elle avait déjà chanté au début.  Et dans la lueur des bougies autour du tombeau qui a remplacé la couche de Juliette, c’est le souvenir poignant  de leur nuit d’amour qui les réunit dans la mort « non ce n’est pas l’alouette, c’est le doux rossignol … Seigneur, pardonne-nous! » Ils ont fui hors du monde. Hors d’atteinte de la haine.

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Regardez les photos: http://www.operaliege.be/fr/photos/romeo-et-juliette-acte-ii-0

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Commentaires

  • administrateur théâtres
    Bientôt au  menu  à L'Opéra de Liège:  La Grande-Duchesse de Gérolstein du 20 au 31/12:

    - Mise en scène haute en couleurs concoctée par Stefano Mazzonis di Pralafera

    - Direction musicale croustillante de Cyril Englebert

    - Interprétation savoureuse d'Alexise Yerna ou de Patricia Fernandez (au choix)

    - Le tout accompagné d'une fine brochette d'artistes chevronnés
    La Grande-Duchesse de Gérolstein
    Dans son superbe domaine ancestral, devenu une résidence hôtelière réputée, la Grande-Duchesse de Gérolstein dirige aussi une brigade de cuisine avec la même efficacité que ses ancêtres dirigeaient leurs régiments militaires à la guerre!
  • administrateur théâtres

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  • administrateur théâtres
    jeudi 21 novembre 2013
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    Pourquoi le cacher ? La raison de notre venue au cœur de la cité liégeoise n’était autre que la Juliette d’Annick Massis, que nous suivons aussi fidèlement qu’il est possible, tant chacune des apparitions de la diva française laisse pantois par la maîtrise technique autant que dramatique dans laquelle elle drape ses incarnations. Et ce soir encore elle fut fidèle à sa réputation et au respect qu’elle inspire aux mélomanes les plus fervents. Dès son entrée, la chanteuse frappe par la joyeuse candeur adolescente dont elle pare sa Juliette, totalement crédible en jeune fille innocente et prête à s’éveiller aux premiers émois.


    Flamboyante Juliette d’Annick Massis

    Sa Valse, brillante et virtuose, la trouve très en voix, déjà projetée avec insolence dès les premiers sons, passant allègrement au-dessus de l’orchestre. Sa scène du balcon lui inspire toute la tendresse qu’il est possible de tirer de ces accents brûlants, et le mariage une impatience attendrissante qui se mue en solennité recueillie. Mais c’est son quatrième acte qui emporte tout sur son passage, où, après un duo d’une rare sensualité, la jeune fille fait place à la femme, fière et décidée, inflexible dans la maîtrise de son destin. L’air du Poison, naguère un rien large pour sa vocalité, témoigne aujourd’hui, comme Leila voilà quelques mois, de l’évolution de son instrument. Si l’aigu n’a rien perdu de son indiscutable autorité, toujours ample, riche et facile, le médium se fait charnu, plein et d’une remarquable assise, ainsi que le grave, ouvert et sonore. Cet air redoutable la porte littéralement et lui permet de déployer sa voix dans toute sa palette de couleurs, transcendée que l’est cette scène par un engagement total et une vérité théâtrale renversante, où l’on voit passer comme une ombre de Lucia di Lammermoor, moment saisissant qui soulève le public. Et ses accents déchirants qui achèvent le duo final sont de ceux qui tirent les larmes. Une incarnation majeure, récompensée par une véritable ovation au rideau final, hommage amplement mérité à une immense artiste.
    A ses côtés, Aquiles Machado, aminci, affiche une belle vaillance et des allègements maîtrisés dans Roméo, ainsi qu’un travail sur la diction française et ses voyelles particulières, certains passages voyant disparaître complètement son accent ensoleillé. Son solide médium lui permet de venir à bout des phrases les plus dramatiques du rôle, alors que seul l’extrême aigu, pourtant sonore, apparaît blessé par des prises de rôles passées trop ambitieuses. Ce qui ne l’empêche pas de clore le troisième acte par un ut courageusement lancé. Sa prestation scénique, plus conventionnelle, n’atteint certes pas les hauteurs incandescentes de sa partenaire, mais son Roméo demeure crédible.
    Le reste de la distribution n’est pas en reste, composée en grande majorité d’artistes belges, sinon liégeois, belle initiative de la maison wallone envers les talents locaux. Seul non-belge avec les deux rôles-titres, le Frère Laurent de Patrick Bolleire rassure par ses accents paternels et mettant en valeur sa belle et profonde voix de basse, sertie d’une excellente diction et d’une émission claire et bien timbrée, qui fait honneur à l’école française de chant.
    Excellent et virevoltant Mercutio de Pierre Doyen, toujours aussi percutant et généreusement sonore dans son chant, avec une Chanson de Mab superbement réussie, un vrai plaisir. Bon Tybalt de Xavier Rouillon, délicieusement détestable dans son personnage ; malicieux et piquant Stephano de Marie-Laure Coenjaerts. Le Capulet de Laurent Kubla ne manque pas d’autorité et de noblesse – mais un peu de maturité vocale pour ce rôle –, tandis que la Gertrude grondeuse et complice de Christine Solhosse se révèle très attachante.
    Les chœurs, en place mais qui pourraient gagner en cohésion sonore, et tous les artistes évoluent dans une mise en scène sage et traditionnelle d’Arnaud Bernard qui a déjà fait halte à Marseille et Lausanne, avant de gagner bientôt la Russie.
    Cette scénographie représente l’exemple de la production facile à monter, qui permet aux chanteurs de s’y glisser facilement, mais qui manque d’originalité et de force dans la direction d’acteurs quand les interprètes ne sont pas naturellement comédiens. Il faut attendre le troisième acte et les duels de clans pour que le spectacle prenne pleinement vie. Et les deux derniers actes, portés par les protagonistes, sont ceux qui fonctionnent le mieux, notamment l’ultime tableau, visuellement très réussi. Seule interrogation : ces combats muets qui ouvrent la représentation, ponctués de cris et de râles, et couvrant ensuite une partie de l’ouverture, étaient-ils bien nécessaires ?
    Menant fermement un orchestre bien discipliné et d’une belle efficacité dramatique, Patrick Davin démontre une fois de plus ses affinités avec le répertoire français, excellant à créer les climats et les tensions qui ponctuent la partition, culminant dans une introduction au Balcon à la poésie suspendue, atmosphère sensuelle et rêveuse. Une très belle soirée, saluée par un public chaleureux, pour une Juliette qui restera dans les mémoires.

     
  • administrateur théâtres

     Liège, Annick Massis domine un Roméo et Juliette sobreLe 22 novembre 2013 par Bruno Peeters

    Aquiles Machado et Annick Massis

    Aquiles Machado et Annick Massis

    Roméo et Juliette, monté au Théâtre-Lyrique en 1867, est l’un des plus grands succès de Gounod. Mélange de Grand Opéra à la française (genre qui lui avait déjà réussi dans La Reine de Saba) et de cet opéra de demi-caractère inventé par Faust en 1859, il présente tous les aspects de ses inspirations lyrique et dramatique, liées à l’une des plus belles trames dramatiques qui soient. Il n’est pas étonnant que l’œuvre soit si souvent représentée depuis sa création. Encore faut-il respecter cet équilibre subtil entre violence et amour, entre tableaux grandioses et scènes intimes. Arnaud Bernard se concentre sur les décors et la direction d’acteurs. Les décors sont réduits, sobres, mais comptent de jolies réussites comme la terrasse du bal initial, l’austère cellule de Frère Laurent en osmose parfaite avec le contrepoint sévère du prélude de l’acte III, ou le tombeau de Juliette, éclairé à la bougie lors de la scène finale. La direction d’acteurs est sans faille, en particulier dans les scènes d’ensembles, très réussies, telles la furieuse bagarre avec double duel à l’acte III ou la triste cérémonie de mariage de Juliette avec le comte Pâris. Petit bémol : cette irritante manie qu’ont les metteurs en scène actuels de faire chanter leurs solistes devant un rideau fermé, comme dans le madrigal du premier acte ou durant la grand air de Juliette à l’acte IV. Expérimenté dans son art d’après sa biographie, et familier de l’oeuvre de Shakespeare (il l’aurait montée douze fois!), Arnaud Bernard ravit les yeux sans doute : voilà une fort honnête illustration de la légende des amoureux de Vérone, mais c’est tout. Elle paraît sans projet particulier, sans vraie conviction, sans personnalité finalement, c’est un peu dommage. Heureusement, la distribution est très bonne. Et dominée par une Annick Massis à la voix souveraine, dans la vraie tradition de la déclamation française, somptueuse autant que douce et souriante. Les quatre duos de la partition s’en trouvent merveilleusement illuminés. Son Roméo, le ténor venezuelien Aquiles Machado, assez fâché avec la langue de Barbier-Carré et piètre acteur, possède une jolie voix, hélas trop souvent plastronnante (« Ah! Lève toi, soleil « ). Il donne le meilleur de lui-même aux dernières lignes de l’acte II, si poétique, ou durant le duo de l’hyménée, joliment conduit. Frère Laurent a la voix caverneuse de Patrick Bolleire, aux graves superbes et pleins de bonté. Et quel sens de la ligne vocale ! Le comte Capulet (Laurent Kubla) paraît bien jeune auprès de sa fille mais se distingue par un legato admirable. Sa prestance scénique fait du personnage un rôle presque principal. Mercutio (Pierre Doyen) et Stephano (Marie-Laure Coenjaerts) sont gratifiés chacun d’un air célèbre et payant : bons chanteurs, ils sont un rien handicapés par le tempo trop lent adopté par le chef. Il amenuise l’impact de leurs interventions qui devraient étinceler. Brillant Tybalt de Xavier Rouillon et truculente Gertrude de Christine Solhosse. Sonore Gregorio de Roger Joakim et pittoresque duc de Vérone de Patrick Delcour. Les choeurs, fort importants dans ce semi-Grand Opéra, se révèlent nerveux (scène des duels), impressionnants (chant funèbre de Tybalt) ou même plus qu’émouvants (épithalame de Juliette). Grand habitué des lieux, le chef Patrick Davin, attentif au plateau, démontre à l’envi la maîtrise compositionnelle de Gounod, occultée par la simple écoute de mélodies enchanteresses. Il allie dramatisme et lyrisme, respectant l’alternance complexe de cette partition : ce n’est pas son moindre mérite. Les préludes des différents actes, trop vite passés, sont significatifs à cet égard et participent à l’intense plaisir du mélomane. Mais Davin n’oublie pas non plus de mettre en avant l’écriture poétique des bois, telle cette flûte au second couplet du rondo de Stéphano, ou les savants contre-chants des bassons. Voilà donc une fort belle exécution de ce fameux Roméo et Juliette de Gounod, non exempte de défauts mais globalement réussie. Une introduction idéale au monde de l’opéra, selon la politique poursuivie depuis longtemps par l’Opéra Royal de Wallonie. Le public, nombreux, comptait en effet bon nombre de jeunes.
    Bruno Peeters http://www.crescendo-magazine.be/2013/11/a-liege-annick-massis-domi...

  • administrateur théâtres

    Rencontre: Annick Massis

    November 12, 2013 at 10:45am

    « LES ARTISTES DOIVENT S’INVESTIR. C’EST UNE DE LEURS MISSIONS »

     

    Toutes les scènes du monde accueillent Annick Massis, une des plus grandes voix actuelles dont le répertoire couvre l’ensemble de la musique française, le Bel canto et le répertoire mozartien.

     

    Depuis ses débuts en 1991, elle séduit un large public et son prochain rôle de Juliette ne devrait pas le laisser indifférent.

     

     

    Juliette est une femme sensible et prête à tout, jusqu'à mourir. Qu’évoque pour vous ce rôle?

     

    Qui dit Juliette dit Roméo. Tous deux sont inséparables; ce sont deux âmes qui n’en forment qu’une. Juliette m’évoque l’amour et les sentiments, la flamme et sa pureté, autant de qualités inhérentes à sa jeunesse et à son propre caractère. Juliette est aussi très sensuelle et, surtout, elle est habitée par une grande force intérieure. En effet, à l’époque, on ne bravait ni son père ni sa famille de cette manière-là; pas plus que l’étiquette sociale ou religieuse.

     

    Dans son opéra, Gounod, hormis le problème politique, met en évidence la position de la femme.

     

    Est-ce un personnage qui vous ressemble? Etes-vous aussi cette femme passionnée?

     

    Inévitablement. J’ai toujours vécu avec la passion. Peut-être avec trop de passion, même... je ne sais pas. C’est seulement maintenant que je commence à en prendre conscience. Parfois, je me dis que j’aurais dû réfléchir plus mais mieux et aller moins dans la passion. Cela dit, Juliette, comme moi, est aussi une femme courageuse, elle fait preuve d’une grande tendresse, d’une grande féminité. J’en m’en sens donc très proche, comme toutes les femmes devraient l’être, je crois.

     

    Le rôle de Juliette est-il difficile?

     

    Extrêmement même si cela dépend de la manière dont on l’aborde. A mes débuts, je n’aurais certainement pas pu l’endosser. A l’époque de l’intrigue, qui est l’époque élisabéthaine, il y avait un protocole de cour, et Gounod a fait fi de certaines longueurs pour simplifier les rôles et pour que les artistes puissent tenir en trois heures... Il y a des notes plus difficiles: contre ré, contre ut. Il s’agit d’un vrai engagement vocal.

     

    Pour vous, quel air se détache de cet opéra?

     

    D'abord, il n’y a pas beaucoup d’airs car on trouve beaucoup de duos... ensuite, je devrais vous dire que c’est celui du ténor mais celui qui me frappe le plus est celui du poison de Juliette parce que, outre les exigences vocales qui me mènent dans une grande expression dramatique, il faut faire preuve d’un vrai engagement. On chante la mort, le doute et l’absurdité d’une situation. C’est, je trouve, un moment extraordinaire. On passe de l’ombre à la lumière. Et Gounod a bien traduit cela dans la poésie de son texte.Il faut aussi une certaine clarté de diction et j’espère qu’on réussira à faire ressentir les grands contrastes que sont le drame et le lyrisme. Il va falloir preuve d’une exigence vocale certaine.

     

    "Juliette est très sensuelle et surtout, elle est habitée par une grande force intérieure." 

     

    Vous savez que vous êtes attendue à Liège où le public vous apprécie...

     

    Et moi j’aime Liège... Je suis impatiente de venir; je suis très contente et heureuse de retrouver un public qui m’a accueillie pour La Traviata. Et ce sera aussi une première pour moi car je vais découvrir l’opéra qui est, dit-on un modèle du genre.

     

    Comme beaucoup d’artistes, vous mettez votre notoriété au service d’une cause. Pourquoi?

     

    Je suis marraine depuis quelques années d’une polyclinique, à Reims, spécialisée dans le traitement sénologique. Il me semble que c’est aussi là une des missions d’un artiste. Cela m’a semblé tout naturel d’être la marraine de ce type d’institution qui plus est sans connotation politique. L’institution doit faire face à des frais énormes liés à l’acquisition de matériel hyper sophistiqué et perfectionné et je suis très heureuse d’apporter ma contribution.

     

    Si j’étais sollicitée par ailleurs, je dirais oui de suite. C’est indispensable. Un artiste en a le devoir.

     

    Roméo & Juliette - Théâtre Royal de Liège - Du 17 au 26 novembr...

     

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