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Mahler Chamber Orchestra Beethoven Journey 3

Leif Ove Andsnes piano - Mahler Chamber Orchestra , Koor van de Vlaamse Opera
Igor Stravinsky, Concerto pour orchestre à cordes en ré majeur
Ludwig van Beethoven Fantaisie pour piano, choeur et orchestre, op. 80, Concerto pour piano et orchestre n° 5, op. 73, "L'Empereur"

Jeudi 04.12.2014 20:00 Palais des Beaux-Arts / Salle Henry Le Bœuf

prev_pfile256203_activity14407.jpgQuel bonheur d’aller écouter le Mahler Chamber Orchestra à "Bozar", comme on dit, même si on en préfère la dénomination longue. Il nous a offert un programme capiteux, avec Leif Ove Andsnes comme échanson au piano. Une soirée sous le signe du champagne musical car ce concert restera à jamais gravé dans la mémoire! 

Une œuvre de Stravinsky pour débuter : son Concerto pour orchestre à cordes en ré majeur, composé en 1946. Les cordes sont au grand complet, les  violonistes jouent debout, déployant joyeusement une vaillance amusée. L’écriture en spiccato et pizzicato souligne les parties lyriques qui oscillent entre des accents plaintifs et le  charme jazzy. On se laisse prendre à de lointains  rythmes de valse repris plusieurs  fois. Il y a de la couleur, de l’énergie vitale et de drôles d’éclats de voix syncopés. A noter, le superbe commentaire bougon de la contrebasse  en fin de partie. Et pas de chef d’orchestre ! 

Les musiciens reviennent, en costume-cravate, les dames en élégance. Mais voici venir le chef d’orchestre norvégien, Leif Ove Andsnes qui s’installe au clavier. Il dirige la Fantaisie pour piano, chœur et orchestre de Ludwig van Beethoven en do mineur, opus 80, avec les chœurs de l’Opéra des Flandres. Dès les premières notes de la cadence initiale, le public sait que ce concert sera admirable, son niveau d’attention est au comble.  Les premiers arpèges puissants alternent avec un jeu intimiste et des sautillements de jeu de marelle. Les crescendos d’accords sont rutilants, l’orchestre silencieux est aux aguets, les trilles et les double notes farceuses jouent au coucou  d’une forêt musicale généreuse. Puis chaque pupitre s’ébranle, la musique se sculpte sous nos yeux et pour le plus grand plaisir de l’oreille. Chaque rencontre d’instrument est une rencontre artistique nouvelle. La flûte et le hautbois  s’invitent, accompagnés par le piano, puis les tutti exultent dans la joie complice de  l’orchestration. Leif Ove Andsnes traite son piano comme une harpe. Le thème joyeux qui préfigure l’ode à la joie de la  9e symphonie, est répété en échos bondissants. Le soliste gazouille des trémolos et sa longue mélodie rêveuse  est scandée avec tendresse par les cuivres. L’orchestre tout entier est bientôt dans un rythme de chasse à courre qui finit pianissimo. C’est alors que le chœur se lève et livre une interprétation sublime du poème de Christopher Kuffner « Fried und Freude gleiten freundlich der Wellen Wechselspiel… » Voici un miroir où se réverbère la foi et la confiance en l’humanité, la  célébration de l’amitié  à travers les arts, tout y est dans ce merveilleux dialogue entre le soliste, l’orchestre et le chœur. Le refrain explosif construit en interminable crescendo  donne une impression de vertige et ce sont des tonnerres d’applaudissements qui terminent la première partie de ce concert. 

thmb_13193_img1.jpgEn deuxième partie c’est sans doute la meilleure interprétation du Concerto de l’empereur N°5 qu’il nous ait été donné d’entendre. La direction est d’une extrême délicatesse, les parties solistes au piano sont de vraies éclosions florales. Elégance, moelleux, jeu solaire. Le pianiste qui dirige rayonne d’un intense charisme, il symbolise à lui seul à la fois l’humilité extrême et la grandeur de l’homme. Fluidité, contrôle, équilibre parfait. Son toucher de clavier tient  à la fois de l’ange et de l’humain, dans sa fermeté et sa noblesse. La virtuosité se répand dans sa cadence comme des vagues de lumière aussitôt transmises par les mains devenues muettes aux violons dans le deuxième mouvement. L’orchestre est à l’écoute presque religieuse du soliste et le soutient par un tapis de notes caressantes. Les pizzicati des contrebasses donnent de l’ampleur et de la profondeur tandis que la mélodie appartient désormais aux vents. Les sonorités de velours du piano, les cascades de trilles versent dans le sublime. Souffle-t-il les notes sur le clavier au lieu de les toucher? C'est une âme qui s'est engouffrée dans le merveilleux et y entraîne tout l'orchestre. La jubilation solaire du dernier rondo est une véritable apothéose et le public se lance dans des ovations enthousiastes. Leif Ove Andsnes revient pour un bis, une Bagatelle, bien sûr!

Photos: Mahler Chamber Orchestra & Leif Ove Andsnes © Holger Talinski/Leif Ove Andsnes © Özgür Albayrak

http://www.bozar.be/activity.php?id=14407&selectiondate=2014-12-04

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