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Une femme moderne JGobert

Smartphone en main, Victoria consulte ses mails, ses rendez-vous d'un œil rapide et pense à ce qu'elle va manger ce soir. Un petit tête à tête improvisé avec ce charmant ami rencontré au théâtre. Victoria a accepté ce repas un peu par curiosité et pour stopper l’afflux de mails qui lui envoie et qui l'envahit.
Vic vit seule. Elle a quitté le cocon familial pour vivre sa vie et déposé son enfance chez ses parents.  Son appartement cossu est dans un quartier agréable et tranquille,  il la laisse au centre de la ville. Son travail n'est pas très loin, un bureau dans un immeuble rénové qui en fait un endroit lumineux et actuel.

En femme moderne, elle privilégie les transports en commun. De saut de puce en saut de puce, elle parcourt son territoire en courant toute la journée. Son travail terminé, elle passe en vitesse chez son coiffeur, récupère ses vêtements au pressing et court à toute vitesse à la superette pour quelques provisions. Son frigo est toujours vide et son chaton n'a plus de lait.
Sa vie se résume à une course folle depuis qu'elle a quitté l'Université. Diplômée, elle a trouvé un emploi bien payé dans ce qu'elle aime et pratique sans compter.
Vic vit librement et a bientôt la trentaine, elle n'a pas de projet immédiat. Ses ambitions de mariage n'ont pas abouti et elle en a déduit qu'elle n'était pas prête à cette vie. Ses principales copines sont dans son cas, indépendantes et libres, elles sont toutes célibataires.
Ses weekends sont chargés et toujours trop courts. Un coup de téléphone à Maman et elle repart dans ses activités dominicales. Son agenda constamment ouvert se remplit à toute vitesse et la laisse parfois dubitative quand à l'organisation de ces jours à venir.

Rendez-vous à 20 heures devant le resto, cela lui laisse à peine une heure pour se préparer, s'habiller, se maquiller et partir.
Son appartement prend l'allure d'un capharnaüm indescriptible où tout a un endroit précis. Elle interdit le rangement. Tout est à sa place sans contrainte au grand désespoir de sa mère qui se sent investie d'une mission quand elle rend visite à Vic. Ranger.

Vic a besoin de liberté et rêve de voyages, de grandes étendues et de mer. Ses prochaines vacances sont réservées et elle passera prendre les billets à l'agence le weekend prochain.

Le restaurant proposé est de l'autre bout de la ville. Un endroit connu et face à la grande roue qui domine cet espace vivant et agréable. De grands piétonniers agrémentent ce quartier où les restaurants sont alignés, chamarrés et bruyants. Dés qu’elle arrive, elle sent battre son cœur plus fort comme à chaque rendez-vous mais elle n’y attache pas d’importance. Il n’y a pas de place pour un homme dans sa vie.

Son horloge biologique lui a déjà donné envie d’enfants, sentiment vite repoussé parce que ce n’est ni le moment ni l’instant. Le temps lui fait défaut et vivre en couple n’entre pas dans sa conception actuelle. D’ailleurs, un bébé toute seule lui plairait peut-être mais ce n’est pas encore le moment.

Son amie d’enfance est mariée depuis plusieurs années et deux magnifiques bébés sont arrivés. Une vie pour cette femme qui a suivi la route toute tracée de la famille. C’est trop pour elle, jamais elle ne pourra s’identifier à cette mère de famille qui sacrifie tout à ses petits enfants et qui se laisse envahir, prendre par un foyer possessif.

 Vic a des rêves plein la tête et même si pour l’instant, ils se résument à des prospectus alignés sur l’étagère, elle sait qu’un jour, elle partira, sac à dos, vers ces pays qui la font rêver depuis son enfance.

Déjà en retard,  cet homme n’a pas de chance, la faire attendre un soir devant un resto est la chose qui la fâche le plus au monde. Encore une cigarette vivement allumée, quelques bouffées et d’un geste nerveux, l’écrase violement sur sa chaussure. Vic part et se promet bien de lui apprendre la ponctualité.  

Dans ce quartier festif, Vic se dirige vers un endroit où elle a l’habitude de se rendre. Un petit bar où elle rencontre des gens amicaux et avec qui, elle parle et refait le monde. La soirée ne sera pas perdue. C’est là qu’elle entrevoit cet artiste désenchanté, peintre et poète. Il cherche fortune mais n’y met pas la forme. Elle le trouve bohème avec de grandes idées pour refaire le monde.  Son téléphone n’arrête pas de sonner. Des excuses arrivent, formulées de toutes les façons et l’agacent. D’un geste rapide, elle coupe cet appareil pour le faire taire et continue à écouter ce poète contemporain et désappointé.

Vic ne le connait pas personnellement mais elle l’a déjà rencontré à plusieurs reprises dans cet établissement.  Elle reste néanmoins fascinée un moment par ce que cet homme dégage.  De toute façon, le but n’est pas de s’embarrasser de cet homme mais l’écouter, l’entendre lui plait. Il libère une douceur extraordinaire, ses gestes sont raffinés, suaves et sa voix posée est réfléchie.  Vic, au bout de quelques minutes se ressaisit et se demande pourquoi elle reste là. D’un bond, elle quitte sa chaise et après un petit salut souriant, part.

Ne jamais rester en place fait partie de son mode de vie, toujours voir autre chose, ne pas s’attacher, toujours improviser du nouveau pour que sa vie ne soit pas monotone, insipide, fade.

A son âge, la solitude n’existe pas. Elle a trop de projets pour y penser. Dehors, elle rallume ce Gsm envahissant et efface un à un les messages sans les lire. Trop tard, elle n’a pas le temps d’attendre.

De retour dans son appartement, son chat l’observe sur le canapé et ronronne de la voir rentrer. D’un geste machinale, elle allume la télé et s’allonge près de lui, un gros paquet de chips sur le ventre et un coca à porter de main. Demain sera un autre jour.

Au petit matin, ébouriffé, échevelée et déjà en retard, elle cavale dans la salle de bain et quelques minutes plus tard attrape son sac. En bas de l’immeuble attendent ses copines.  Journée shopping. Le soleil est au rendez-vous et gaiement elle part vers ces rues remplies de magasins. Sa carte de banque est bien rangée dans son sac et elle sait que ce mode de paiement lui plait. Peu importent les dépenses, son salaire est amplement suffisant pour tous ses petits caprices.

L’agence de voyages est à quelques pas et Vic en profite pour prendre ses billets d’avion. De petites vacances au soleil lui feront le plus grand bien. Vic aime l’ambiance de ces hôtels à l’étranger où tout est fait pour satisfaire le client. Se laisser materner, n’avoir rien à faire, se lever avec le soleil et s’installer sur le sable chaud. Un repos facile.  Ses grands voyages ne sont pas encore décidés mais elle y pense et en parle souvent à sa mère.  Vic attend le bon moment pour partir à l’aventure.

Ses copines font la fête dans cette rue commerçante, achètent et rient. Vic participe à ce défoulement collectif et sourit de satisfaction. La journée s’achève trop vite et un petit snack sera le bienvenu.

Après avoir passé une excellente journée entre filles, Vic rentre chez elle et croise ce poète aux boucles blondes. Il doit habiter le quartier.

Déjà, dans son immeuble, son esprit la libère et elle repart dans ses rêves d’aventure. A peine rentrée, elle s’installe dans ce canapé qui l’accueille toujours avec tant de plaisir et ouvre son Gsm qui la tient informée de ce que les autres font.

Maman lui a offert une tablette et Vic l’apprivoise depuis quelques jours. La technologie n’a plus de secrets pour elle. L’ordinateur et les différents appareils sont rassemblés sur le bureau bondé. Les chargeurs en masse font le siège sur cette  autre table.  Maman a aussi acheté un aspirateur robot qui voyage dans l’appartement toute la journée et qui au début effrayait Marti dans son sommeil. Depuis, le chat et l’aspi font bon ménage.  Marti le laisse passer et le regarde faire allongé dans le canapé. Voilà un drôle de compagnon pour Marti qui ne s’en plaint plus.

Son répondeur émet constamment un bip qui en énerverait plus d’un. Vic ne l’entend pas et poursuit sa vie complétant une partie de son travail sur son ordinateur. Toutes ses notes sont consignées dans cette boîte magique et l’aide beaucoup. Ses patients aussi sont importants et elle s’investit beaucoup pour eux. Ses pensées profondes sont pour eux. Les aider un peu plus chaque jour est pour elle un but qu’elle ne laisse à personne d’autres. Son travail l’occupe beaucoup et elle le véhicule partout, parfois lourdement.

Un choix décidé très tôt et rondement mené. Des études intelligentes et un diplôme en main, Vic a découvert très vite la face cachée de la vie et sa dureté. Le désarroi, la solitude, l’abandon sont pour elle des mots de tous les jours. Les voir s’étioler jour après jour la rend parfois impuissante devant une telle misère qu’elle compense par ses activités.

 Femme  moderne, évoluée, libérée, responsable, des qualificatifs parfois bien erronés qui lui laissent un goût amer parfois. La société a voulu des femmes modernes qui assument, qui courent, qui vivent à cent à l’heure. La  société de consommation les a conditionnées pour qu’elles travaillent, gagnent de l’argent et le dépensent. Elle en a fait l’égal de l’homme oubliant que les femmes ont des contraintes que les hommes n’ont pas. La nature a pourvu l’homme d’une liberté totale mais pas la femme.

Vic sait que son horloge biologique avance et que malgré tous ses discours de femme libérée, elle voudra un enfant, une envie qu’il lui vient de l’intérieur et qu’elle n’explique pas toujours. La nature ne la lâchera pas et fera tout un cirque pour arriver à ses fins. Vic a encore le temps mais il passe si vite. Et quand le moment sera venu, si elle ne trouvait pas de père pour cet enfant qu’elle voudra peut-être un jour dans sa vie.

Rien n’est facile. Envisager un bébé toute seule. Non, bébé a besoin d’un père. Bébé lui reprochera son absence plus tard. Vic a le temps comme elle dit. Rien ne presse encore et la science fait beaucoup maintenant. Sa vie vient à peine de commencer et lui laisse un choix immense de choses à réaliser.

Depuis quelques mois, Vic s’est rendue à des mariages. Des collègues qui ont officialisé leurs relations. Des faire-part de naissance ont suivi. Des copines se sont rangées et ne sortent plus. Ses nouvelles relations sont un peu plus jeunes qu’elle et les invitations se font plus rares.  Malgré sa vie toujours trépidante, le mouvement autour d’elle se calme, la laissant seule de temps à autre. Son canapé est toujours aussi accueillant et Marti a vieilli aussi. L’aspi est tombé en panne et est coincé dans un coin. Elle le garde en souvenir comme une œuvre d’art moderne.

Son travail la fatigue, la misère l’oppresse et rien ne change. Ses vacances ont un goût de déjà vu et toutes les plages se ressemblent. Ses grands voyages n’ont pas pris forme et restent à l’état de rêve. L’appartement l’enferme et la ville l’étouffe.  Elle aime repartir à la campagne voir sa maman et passe le weekend avec elle. Elle profite de ces instants qui étaient trop rares dans le passé. Maman va bien et ses envies de rangement ont disparu. Elle aimerait avoir un petit, le petit de sa fille à garder, à aimer surtout.  Quel beau cadeau ce serait !  J’y pense maman, j’y pense.

Le dimanche soir arrivé, Vic prend son sac et repart laissant sa mère. Vic reprend le train à travers cette merveilleuse campagne qui lui manque.  En ville, rien ne change et Marti, à son tour, est parti.  Vic ne veut plus y penser.  Sa vie de femme moderne lui a plu jusqu’à ce jour et elle se répète chaque fois que cette envie de bébé va passer. Les statistiques le montrent. Les enfants ne sont plus la priorité des femmes. Les chiffres sont en baisse et c’est devenu normal.

Vic le sait et son smart en main, elle continue à courir pour son travail, pour son coiffeur, pour le pressing. Les rendez-vous en tête à tête sont plus rares. Les hommes de son âge sont rangés, divorcés, ont des enfants, un deux parfois trois…

Avec nostalgie, ses pas la ramènent vers ce café où l’artiste aux boucles blondes était apparu dans sa vie. Un beau souvenir. L’âme en peine, elle erre doucement dans ces rues familières et rentre chez elle, fatiguée. Elle éteint son Gsm qui sonne de moins en moins, s’allonge sur son canapé et s’endort.

Dans son rêve apparaît ce petit bout, une tête bien ronde couverte de boucles et qui l’appelle maman. Elle le voit pour la première fois, marchant déjà et parlant comme un ange. Il est si beau et elle entend aussi sa maman l’appeler. C’est incroyable de le voir là devant elle. Ce petit homme si joli, son regard la dévisage et elle sent en elle naître un amour infini pour ce petit garçon. La vie se rappelle à elle et lui envoie des images.

Tout à coup, elle sursaute et se réveille. Mon dieu, ce n’était qu’un rêve. Tout cet amour s’évanouit en quelques secondes et la laisse pantoise, blessée même. Tout ceci n’est qu’un rêve après tout. Elle aura vite oublié ce joli bambin qui la regardait si tendrement.

Au travail, les équipes se forment, se déforment et accueillent de nouvelles personnes. Un collègue qui a demandé sa mutation est arrivé. Un adjoint qui lui sera utile avec cette nouvelle section.  Il est installé à l’étage et croise Vic chaque matin sans qu’elle y fasse attention.

Les habitudes se font et repartent. Vic n’a pas le temps et court toujours. Son appartement a été rénové et elle se sent de nouveau bien dans cet endroit. Elle a un nouveau jeune compagnon, Moris qui comme Marti dort étalé sur le canapé. Maman va bien et vient de moins en moins.

Son smart en main, Vic continue à regarder ses messages et ses rendez-vous. La vie a pris un autre sens, plus posée, plus réfléchie. Vic se sent bien dans ses chaussures et voit la vie se dérouler de cette façon encore longtemps.

Son téléphone sonne et Vic décroche. C’est son collègue qui l’invite au resto, juste un petit souper entre nouveaux collègues, rien de grave. Elle accepte ou elle refuse. Indécise, elle prend le temps pour réfléchir. Oui peut-être.

Samedi 20 heures au resto. Vic déambule dans son appartement, hésitante, contrariée. Et puis après tout pourquoi pas. A son âge, elle est toujours ravissante. Vite dans la salle de bain, maquillage et elle passe une robe qui lui va à ravir et dans laquelle elle se sent bien. Son sac à main avec elle, déjà sur cette place aux souvenirs, elle arrive et s’aperçoit que son collègue est déjà là. Il l’attend quelques fleurs à la main comme un débutant timide.

Il est encore temps de faire demi-tour, il ne la voit pas encore.  Que va-t-elle chercher à cette heure, à son âge ?  Elle approche enfin et il l’aperçoit.  Son visage s’illumine et aussi inconcevable qu’il soit, Vic pense reconnaître les traits de quelqu’un de familier, quelqu’un qu’elle a aimé. Après avoir cherché un instant, c’est cet enfant. Oui, cet enfant dans son rêve, le sourire de ce petit garçon blond qui lui est apparu et qui lui revient ce soir.

JGobert

 

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Commentaires

  • Merci Marie-Josèphe,c'est gentil.  Une excellente journée.

    Amitiés

    Josette

     

  • finalement, j'en déduis que ton vivant récit nous a tous drôlement motivés ! bravo Josette

  • Merci Nicole pour ton commentaire. Les mots ne sont pas toujours compris comme ils devraient l'être. Et c'est je pense une erreur de l'écrivain jamais du lecteur.

    Excellent soirée

    Amicalement

    Josette

  • Merci Gil pour votre commentaire. Je crois aussi qu'il faut savoir arrêter à un moment et vivre ses sentiments plutôt que de courir la poule aux œufs d'or.

    Excellente soirée

    Amicalement

    Josette

  • Coucou Josette,

    La dernière  ligne de mon commentaire met tout au contraire, en vedette, ta maîtrise en matière de transcription de ton ressenti ... et du mien ... face à la vie trépidante de cette jeune femme  : )   !! 

    Je m'étais  mise à courir de plus en plus vite " dans ma tête " au fil de tes lignes !! 

    D'où mon commentaire sur mon soulagement  de pouvoir enfin me poser , sur la dernière ligne de ton récit ! 

    Je me suis peut- être mal exprimée : en te lisant ,  je ressentais exactement la course , dramatiquement inhumaine    de cette personne !

    S'il me fallait t'accorder une appréciation pour ton écrit, je dirais donc spontanément : " excellente plume " !

    Belle journée à toi !  Cordialement, Nicole  

     

     

  • Bonjour Josette

     

    Telle femme dont vous exposez la vie fait partie de ce que je nomme les perfusés, ces personnes branchées en permanence à une prétendue modernité qui transforme nombre de gens en appendices de machines folles, qu’il est impossible d’arrêter car si on les arrête, c’est la déprime ou le grand vide assurés. Si telle femme était une amie, je lui dirais : débranche tout, débranche-toi avant qu’il ne soit trop tard, laisse parler tes sentiments, ceux de la profondeur de ton être, et reprends sans peur la conjugaison du verbe chérir. C’est sans doute ce qu’elle fait à la fin de votre histoire.

     

    Bonne journée. Amitiés. Gil

  • Oui, Marie-Josèphe,

    Avoir les pieds sur terre garanti  moins de désillusions et permet de se protéger de beaucoup de choses mais il faut un peu de rêve dans la vie sinon c’est quand même très triste

    Amitiés

    Excellente journée sous la pluie

     Josette

  • Bonjour Rolande,

    c'était un sujet d conversation dans ma famille et mon père le disait souvent. Mais je pense que cette interdition est vite tombée.

    Ta police reste-t-elle tranquille ?

    Bonne journée Rolande sous un ciel très gris

    Amitiés

    Josette

  • Merci Nicole de ton commentaire. le fait que tu n'adhéres pas trop à la façon de vivre de cette jeune femme me renvoie à ma façon d'écrire qui pour moi, doit répondre à ce que je ressens.  Si tu ne ressens pas comme moi ce texte, c'est qq part un échec, une mauvaise transcription de mes sentiments. Ce texte est déjà pour moi trop long.

    Amicalement

    josette

  • je réponds à ton commentaire Josette : oui heureusement que la magie ne manque pas d'opérer un jour ou l'autre dans ce contexte, mais mon sentiment est qu'il convient toujours (quel que soit le stress) de s'efforcer à garder les pieds sur terre, ceci souvent facilite bien des choses ! ne crois-tu pas ?  

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