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Un rendez-vous amoureux.

 

 

J’avais vingt ans. La première femme que j’ai failli connaitre, bibliquement  comme on dit, n’était ni belle ni laide. C’était la nièce de Marcel, le cafetier de la place Saint Pierre. Elle avait épousé peu de temps auparavant le photographe qui avait sa boutique entre la Grand Place et la place des Corbeaux.

Nous avions fait connaissance en jouant au ping-pong. Marcel avait aménagé une salle de ping-pong assez rudimentaire à l’étage, soit une table de ping-pong et une table ronde de bistrot pour y déposer les verres qu’il nous montait.

- Marcel, deux demis.

- Deux demis, ça vient.

Elle et moi, nous changions de place en nous frôlant d’un peu plus près à chaque fois. Après avoir bu quelques verres ma timidité avait disparu.

Gaston, le photographe qu’elle avait épousé était absent pour la nuit. Tout le monde disait qu’il était cocu. Cela lui était égal disait-on aussi. Elle lui faisait l’amour comme s’il avait été son amant.

J’ai éteint la lumière en la regardant. Elle s’est mise à rire de ce roucoulement stupide à quoi ressemble parfois le rire de certaines filles. Les garçons aussi ont une forme de rire bête.

Nous nous sommes embrassés, et je me suis frotté contre elle.

- ça va, là-haut ?

C’était la voix de Marcel. Il avait éclairé l’escalier qui mène à l’étage. Elle s’est écartée.

-Sors avant moi, tu m’attendras devant la cathédrale.

Je suis descendu, j’ai demandé une bière à laquelle j’ai à peine touché et je suis sorti en disant :

- A demain.

Je me demandais si elle allait venir. Elle avait la réputation d’une coureuse dont les promesses n’étaient  pas toujours tenues. Je me demandais s’il fallait attendre ou rentrer chez moi.

Soudain, elle s’est trouvée à mes côtés. Elle se frottait les cheveux contre ma bouche. Je lui enserrais le corps, elle résista un instant puis s’abandonna en se frottant contre mon ventre.

Nous étions à l’angle d’un portail de la cathédrale.

- Il faut que je rentre, il va téléphoner.

- Tu vas me laisser comme ça ?

- Demain, je t’attendrai à l’hôtel de la gare.

C’est en nous caressant, la démarche titubante, que je l’ai ramenée chez elle. Elle m’a embrassé,  sa langue me fouillait la  bouche, elle salivait, puis elle s’est écartée brutalement tandis que j’essayais de la retenir.

- A demain.

C’était la première fois que je caressais le sein tiède d’une femme. C’était la première fois qu’une femme me caressait. Je ne me suis endormi qu’à l’aube.  J’avais la tête qui me tournait. Je devais être malade. 

Nous avions rendez-vous à deux heures. Je ne tenais plus en place. Je pensais à la fois qu’il fallait y aller et, en même temps, que j’allais me ridiculiser devant elle. J’étais fiévreux. J’ai décidé que je n’irais pas.  

A une heure trente, j’ai vérifié si ma montre fonctionnait correctement, je me suis rendu à l’hôtel de la Gare. Je ne suis pas entré directement, je voulais la voir arriver avant moi. A deux heures, je me suis demandé si elle n’était pas arrivée bien avant moi. Si c’était le cas, je l’avais rendue nerveuse inutilement. Je suis entré.

Elle n’y était pas. J’ai été soulagé même si l’espace d’un instant, j’avais souhaité le contraire. Les W.C. se trouvaient au fond de la salle  de sorte que j’ai vérifié qu’en effet, elle n’était pas encore arrivée.

Je me suis attablé près de la porte et j’ai commandé un café. Une bière aurait atténué ma timidité mais aurait peut être laissé une odeur au moment de nous embrasser.

A trois heures, elle n’était pas encore arrivée. Peut être m’étais-je trompé d’heures ? Je revoyais la scène de la veille. J’hésitais. Deux heures ou trois ?  Au bout d’une demi-heure encore, j’étais convaincu que je ne m’étais pas trompé. Ni d’heure ni de jour. C’est elle qui avait oublié notre rendez-vous. Oublié ou renoncé à venir.

Je savais bien que c’était une coureuse sans scrupule mais j’avais le sentiment qu’elle serait différente avec moi. Pour me calmer, plutôt que de renter chez moi ou d’aller chez Marcel, je suis allé au cinéma.

C’est là que je l’ai revue ce jour-là. Deux rangs plus avant que la rangée où je me trouvais, Cécile embrassait François, un copain avec lequel, assez souvent, je jouais au ping-pong chez Marcel. 

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