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Un quai de Paris

A la nuit tombée, sur un quai de Paris baigné de brouillard, où passent les ombres d’un pas rapide, je sais qu’elle m’attend. Comme tous les lundis depuis notre rencontre, elle est là dans cette lumière blanche, son col retroussé, à m’attendre. Souvent elle s’abrite du vent ou de la pluie sous cette porte cochère qui en a vu des amours défiler.

Mais ce soir, je ne viens pas, je pars ailleurs. Je ne lui ai rien dit par lâcheté, pour ne pas la blesser de ma propre bouche, de mes mots. Des paroles que je ne veux pas prononcer et qui me font peur. Elle mérite autre chose et ne comprendra pas que c’est parce que je l’aime que je veux la quitter.  Je ne veux pas pour elle une vie de misère. Je ne veux pas de jours sans fin. J’ai besoin d’être seul pour accomplir ma destinée. Je ne peux pas vivre dans une routine étouffante et malsaine.

Un soir d’été, sur ce quai, à la recherche d’un peu de fraicheur, elle était là, dans sa jolie robe légère, les cheveux attachés par un foulard de soie. Nos regards se sont croisés une première fois et j’ai vu ses yeux d’un bleu qui fait voler les âmes dans le ciel et son sourire lointain. Elle n’est pas là pour moi.

L’impression de la connaître, de l’avoir déjà vu, tout son être me parait familier et inconsciemment, mes pas me portent une seconde fois vers elle. Son visage profond me regarde avec un sourire mélancolique, je la vois perdue dans ses songes et se concentrer pour paraître joyeuse.

Au fil des semaines, notre rencontre fortuite se transforme en une passion peu commune, qui nous brûle tous les deux le cœur et le corps. Une passion qui me remplit la tête du soir au matin et qui ne me laisse plus de repos tant mes sentiments sont forts, sincères. Mon univers a basculé et est devenu viable, l’air subitement respirable, le temps accessible et mon âme tourmentée apaisée. Grâce à elle, mon présent prend forme et une rage de vivre se répand dans mes veines.

Nos vies se voient chaque lundi soir sur ce quai où les corps et les âmes se promènent dans l’obscurité, se cachant des vérités et ne voulant pas mettre au jour cette réalité qu’est l’amour. Toujours furtivement sans qu’elle n’exprime une certitude, je la suis vers notre nid de fortune.

Mes questions restent souvent sans réponses et dans ce climat évanescent, voir immatériel, nos vies se rapprochent pour mieux se séparer.  Mais l’attente me pèse, me tue. Déjà je ressens la  lassitude dans ses yeux et mon bel amour m’échappe un peu plus à chaque rencontre. Je la sens déjà lointaine sans pouvoir la retenir. Elle dit que non, que tous nos serments sont un ciment qui nous réunit à jamais. Le temps est passé et il faut rendre ce bonheur au diable pour qu’il s’y repaisse enfin.  

J’ai besoin de volonté pour briser cet amour qui me ronge et c’est en lâche que je vais y arriver. Sans explications, je pars comme un voleur, comme un assassin. Je quitte cet amour qui me mine et m’étouffe.

Sa vie est ailleurs sans moi.

 

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Commentaires

  • Merci Claudine pour ton commentaire. Chagrin d'amour dure toujours.

    Amitiés Josette

  • Bonjour Rolande. En amour, tout est souvent vite dit mais restent les souvenirs.

    Amitiés, bonne soirée

    Josette

  • Les histoires d'amour sont souvent tristes . Merci Adyne de ton commentaire.

    Amitiés

    josette

  • Merci Marie-Josèphe pour ton passage

    Amitiés Josette

     

  • Magnifiquement raconté et tristement terminé.

    Très beau Josette mais je crains que le diable ne soit jamais repu et qu'il ne sème encore et toujours ses chagrins.  Tout, plutôt que le  doute, l'incertitude.

    Merci pour ce beau et triste partage.

  • La fin de cette histoire triste est déjà inscrite dès le départ.

    Mais elle restera à jamais inscrite dans leurs âmes comme étant celle d'une "Brève Rencontre".

    Auréolée de mystère et de non-dits. Car "nos vies se rapprochent pour mieux se séparer". Tout est dit.

    "Longtemps longtemps longtemps avant que les poètes ont disparus .... leurs chansons courent encore dans les rues". Comme c'est vrai.

    Bonne journée. Amitiés. Rolande.

  • Triste même!

    Merci Josette pour ce partage.

    Bonne soirée.

    Amicalement.

    Adyne

  • véritable tempête sous un crâne ! quel dommage....

  • Merci Jacqueline pour tes commentaires amicaux.

    Bonne journée avec un très timide soleil.

    Amicalement
    Josette

  • Merci Raymond pour votre commentaire. Que d'histoires si les quais de Paris pouvaient parler.

    Amicalement

    Josette

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