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Un lama ne fait pas le printemps (partie 3).

Le survivant regarda hébété ses compagnons de la chanson tombés bravement, et s'éloigna en pleurnichant, et les témoins écoeurés de cette scène se souviennent encore de l'avoir entendu marmonner dans son dentier déchaussé :

- " Bouh hou bouh, qu'est-ce que je vais devenir maintenant, snif, je ne peux pas être un trio à moi tout seul, c'est pas crédible, bouh hou ouh, de quoi j'ai l'air moi, hein,...".

Il s'en alla, ainsi, pitoyable et détesté de tous les badauds, qui le huaient à qui mieux mieux. Rapidement l'esprit mercantile sauva la situation, car un stand de lancer de tomates pourries, de fromages de Herve coulants, mortels et recouverts de taches verdâtres et de choux-fleurs bleus odoriférants fut installé et les enfants, trop heureux contre quelques sous de pouvoir se défouler sur une victime désarmée, démunie, qui ne soit pas l'un de leurs parents, s'en donnaient à coeur joie. Les projectiles pleuvaient autour de lui, le heurtaient, l'éclaboussant de leurs miasmes pestilentiels, puis las de lutter contre l'hostilité d'une foule déchaînée, scandant des encouragements à leurs garnements, il se laissa mitrailler, transpercer de part en part. Mais les gens n'étaient pas contents, ils prétendaient qu'il gâchait le plaisir de leurs enfants, que ce n'était pas de jeu, qu'il devait bouger, certains hurlaient "remboursé", d'autres grognaient qu'il fallait le prendre et le lyncher. L'ancêtre pathétique, terrassé, anéanti n'en demandait pas tant, restant assis sur une caisse recouverte d'un tissu vert olive, attendant sa sentence, sans bouger. Finalement, il fut décidé de le malmener un peu, que les mioches pourraient lui donner quelques coups de pieds, pour la forme, les parents, éventuellement une baffe ou deux, mais qu'on le laisserait s'en aller, sous les quolibets et les hués. Ce qui fut fait, dans l'hilarité générale, et aux dernières nouvelles, on l'aurait aperçu dans le sud du pays, mendiant sa pitance, chantonnant des comptines d'un autre temps, se parlant à lui-même, se répondant avec une voix contre-faite, comme s'il avait absorbé ses frères en lui, s'enfuyant terrorisé, les mains sur la tête, à la moindre main dressé ou geste suspect, chassant les enfants loin de lui, à coups de bâton ou de balai, se mettant la population locale à dos, toujours en fuite.
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