Toi, tu n'es rien, rien qu'un vide, rien qu'une absence .
Moi, je dessine des sons,je sculpte des idées,je bâtis des raisonnements, je tisse des amitiés,
Moi,je suis Parole de Vie ,
Toi, tu n'es que Silence de Mort,
Alors, le silence ne répondit pas, bien sûr, ce n'était pas son habitude!
Mais quand la Parole eut fini son discours, elle voulut reprendre son souffle,
et, tout à coup...elle tomba dans le Silence.
Elle eut peur, elle trembla, elle voulut se boucher les oreilles, tant était horrible ce qu'elle éprouvait,
elle se débattait comme un homme à la mer, elle tentait des "oh',des"hein?' des 'Je m'explique'
Mais le silence eut le dernier mot.
La Parole alors se mit à comprendre qu'elle avait besoin du Silence,comme le nageur a besoin de l'eau,
que les mots qu'elle découpe sont taillés dans le Silence,
qu'il faut le Silence de l'écoute pour que deux êtres se rencontrent,
que la vraie Parole mûrit dans le Silence comme le blé au soleil,
et qu'elle se charge ainsi d'idées et d'émotions.
La Parole alors apprit à se taire...
et à aimer le Silence.
Elle se lia d'amitié avec le geste, lui, le silencieux.
Elle comprit la musique,elle, qui joue depuis toujours avec les silences.
Elle prit la résolution de tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler,
pour prendre le temps de voir si ce qu'elle a à dire est plus important que le Silence.
Dès lors, il y eut beaucoup moins de bruit mais plus de fraternité parmi les hommes.
(Anonyme .)
Commentaires
Bonjour Gil
Les mots que je t'ai écrits hier ,tu ne les a pas eus ...donc je vais tenter de me les rappeler .
Heureuse que ce petit conte te donne l'élan d'oeuvrer sur le sujet ...Je ,enfin plutôt nous, sommes déjà dans l'attente de tes mots .
Ta plume est une ébullition de désirs, de prières, de réflexion, de poésie et si riche d'humanité !
Nous lirons donc dans le silence ,tes paroles et surtout nous les écouterons .
Ecouter ...c'est aussi très important , c'est accueillir l'autre, la nature, la musique ....
Merci Gil et je te demande bien pardon pour le tutoyement , le 'VOUS' n'arrive pas ...Vas savoir pourquoi ?
Mais si cela te déplaît , je promets de faire un effort !
Bonne et belle journée à toi .
Amitiés .
Liliane .
Bonjour Liliane
Ce texte, sorte de conte, m’a beaucoup intéressé rendant un peu d’élan à mes utopies avec une fin d’heureuse naïveté. Il me donne en tout cas l’envie de me mettre à mon tour à l’œuvre d’un essai sur ce sujet. Je vous livre volontiers quelques réflexions qui pourront s’y trouver.
Qu’en est-il pour le silence ? Je pourrais dire que bien sûr, le silence parfait n’existe pas sur notre planète entourée d’atmosphère, mais qu’on parle de monde silencieux pour un niveau sonore de moins de 40 décibels, comme en haute montagne ou en campagne paisible. Je pourrais de suite accuser ce monde industrialisé et urbanisé qui a réduit grandement ce monde silencieux, agréable pour les oreilles, et dire que ce n’est pas la parole qui est sa première opposante. Je pourrais accuser le bruit exagéré, le fracas incessant que nous devons subir, accuser tout ce qui ne pense à la santé de l’homme dans le travail, le transport, le logement, l’urbanisme, accuser les lois insuffisantes contre la pollution sonore, les comportements égoïstes des gens qui font du bruit sans modération, qui ne distingue plus jour et nuit, qui font tout comme étant seuls au monde. Je pourrais indiquer que je ne sais plus quand j’ai pu entendre le bourdonnement d’une abeille entrée dans mon appartement, le chant d’un oiseau la fenêtre ouverte, que je ne sais plus quand j’ai pu mener une conversation de plus d’une minute dans la rue ou sur une terrasse sans devoir l’interrompre pour la publicité comme dit un ami, entendez un engin à moteur. Je pourrais désigner comme ennemi public numéro un le bruit de l’agression, et sans interruption.
Qu’en est-il de la parole ? Si je constate des courants dominants de pensée qui vantent les vertus supérieures de l’écoute par rapport à la parole, je pourrais dire que je vais vers des considérations inverses. Combien de siècles on a empêché la parole à la grande majorité des gens, combien de temps il a fallu aux majorités écouter, mais obéir à tout et se taire. Combien de temps encore cela continuera. Aujourd’hui, combien de lieux de travail où la parole est interdite, considérée perte de temps, ou complot subversif, combien de confiscations de la parole par des élites de connivence, combien de maisons où des personnes ne se parlent plus et deviennent étrangères, combien de gens vivent dans la solitude et ne peuvent pas compter une seule conversation sur toute une année. Je pourrais dire qu’il y a un grand déficit de paroles dans ce monde, même si on m’opposera le flot des paroles de tous les moyens d’information et de communication, et de la télé au portable qu’on ne sait éteindre. Mais combien de paroles à sens unique ou pour ne rien dire.
Je pourrais inciter d’une part, à libérer la parole et d’autre part, en faire bon usage. Sans cela, obtenir l’écoute devra toujours recourir à des expédients de moralité ou d’autorité, et avec de grandes pertes d’efficacité. Je pourrais dire au contraire que l’écoute va de soi quand sont réunies les conditions des libertés et du bon usage des paroles et des langages. Je rejoindrais alors la part du texte qui suggère combien la parole et les langages doivent s’apprendre et s’épouser des silences sans lesquels ils ne peuvent exister, être audibles et compréhensibles… Je pourrais ainsi dire pourquoi poésie et musique sont de même rapport avec les silences, mots et notes exposés à vibrer par séquences et comme temps d’expiration de la respiration …
Je vous remercie de m’avoir permis de reprendre ma réflexion sur ce qui peut faire l’art des meilleures relations entre les personnes…
Bonne fin de journée. Amitiés. Gil
Merci à toi Chris,
Ce texte faisait partie d'une formation en communication non violente, écoute active .(méthode Gordon).
Il m'a plu , alors juste eu envie de le partager .
Amitiés .
Lili.