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Un art oublié JGobert

Dans cette ancienne salle au parquet de bois se regroupent chaque semaine les passionnés de la danse. Des amateurs pour qui danser est un plaisir. Je suis là, assise, à attendre mon tour. Je me suis inscrite depuis peu et je trépigne d’impatience pour enfin chausser ces magnifiques chaussures neuves.

Ce n’est pas tout à fait par hasard si je me retrouve dans cet endroit situé sur la route de mon travail. Chaque jour,  je passe devant les fenêtres éclairées de cet immeuble et le rêve s’invite dans ma journée. Je n’arrête pas de penser à ces danseurs merveilleux qu’étaient Gene Kelly, Ginger Rogers, Fred Astaire.  Au retour, l’enseigne allumée, je les imagine se lancer, élégants avec leurs partenaires, sur la piste évoluant dans mille pas répétés.  

Un soir, curieuse, je m’arrête et entre dans cet univers qui émerveille. Un haut plafond blanc, de hautes fenêtres, des tentures immenses et des miroirs pour mieux se voir. Des barres sur les murs. A mon âge, je ne viens pas pour la danse classique. Petit rat n’est pas pour moi. Je viens pour apprendre les danses de salon ou pour certains la danse sportive.  Déjà des couples arrivent, se forment, s’installent. Chacun prend sa place sur ce parquet risqué.  Les chaussures se laissent mener, glisser, couler sur la musique. Le professeur dirige tous ces participants d’une voix ferme et d’un vocabulaire inconnu pour moi.

Le couple que je forme avec mon compagnon rejoint un groupe de débutants, chacun persuadé qu’il va faire des miracles. Et voilà les pas qui commencent, débute aussi une période difficile où notre ignorance ne fait que se confirmer.  Pas de base, maintien, tenue, le vocabulaire s’étoffe et la sueur nous envahit. Répéter toujours, encore.  Nos pieds n’obéissent pas à notre tête et apprennent la douleur. Nous évoluons comme des pantins malhabiles, droits et rigides. Les bras s’égarent, se perdent. Notre tête ne réagit plus, ne résiste plus.  Tout devient flou et le cours prend fin avec un goût douloureux d’inexpérience. Beaucoup ne viendront plus.

Au cours des semaines suivantes, malgré bien des difficultés, nos efforts se voient récompensés par un nouveau plaisir. Celui de savoir exécuter quelques figures faites de pas de base.  L’apprentissage ne fait que commencer. Apprendre et recommencer toujours et sans répits. Rien n’est jamais acquis ni conservé mais il arrive un moment où les difficultés deviennent routines et laissent place à d’autres. Le plaisir d’évoluer sur ce parquet n’a de goût que pour nous.

Enfin,  après des heures de travail, le grand jour arrive. L’ouverture du bal des débutants commence, fiers de notre première sortie et de notre première représentation devant les danseurs confirmés. Revêtus de nos plus beaux atouts, chacun se mire dans le miroir. Ma nouvelle robe est splendide, vaporeuse, légère, elle vole autour de moi et je sens le bonheur m’envahir.  Les anciens nous toisent et apprennent à nous connaître. Le regard de certain en dit long mais le courage ne manque pas.  C’est par une valse lente que débute notre rêve. On s’élance enfin, hésitant, stressé  mais l’envie de danser est la plus forte. Il faut essayer de s’en sortir dignement. Une erreur, deux erreurs, on recommence.  Un slow fox enchaîne la série, un tango et une rumba langoureuse se font entendre. Un quick step endiablé nous anime, rock, salsa, jive nous épuisent. La soirée est merveilleuse et déjà finie.

Demain il faudra tout revoir à nouveau pour que tout soit parfait. Les heures ne se comptent plus, apprendre, répéter, suer.  C’est une longue suite de soirée qui commence.

Que dirent des compétiteurs qui travaillent durs pour toujours être au niveau et rendent dans la beauté cet art compliqué qui demande des énormes sacrifices. Mais là est une autre histoire.

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Commentaires

  • Oui Marcelle, c'est comme dans la vie. Tout a l'air simple et pourtant que de travail, de complications et de fatigues avant de s'envoler...

    Amitiés Josette

  • Quel plaisir que la danse !

    Se laisser griser par la musique et s'envoler dans les bras de son partenaire !

  • Merci Nicole pour ton commentaire. En général, les personnes sont vite passionnées par ces cours, par l'ambiance, par le plaisir de se revoir toutes les semaines pour danser. c'est très agréable. Amicalement.

    Josette

  • Les salles de danse de salon ne sont pas des endroits de perdition et bien au contraire y règne une ambiance courtoise et amicale. Les cours se donnent en couple et dans la bonne humeur. Gilbert, n'envoyez pas les hommes du bistrot du coin parce que souvent, il n'y a pas d'alcool et ni tabac. Merci pour votre commentaire. Amicalement Josette

  • Bravo, Josette, et merci du partage !  Tu as merveilleusement décrit la scène, l'ambiance et le ressenti des participants ! J'y étais !!

    Je connais plusieurs personnes qui pratiquent la danse en loisir et qui toutes,  sont passionnées !

    Danse dite " de Salon " ou  " Square Dance " , les plaisirs varient  !

    Belle fin de semaine ! Amitié, Nicole

  • Bonjour Josette,
    La danse est notre expression la plus primitive.Il n'est pas donné à tout le monde de "savoir danser ". Cela passe par l'amour comme pour tout le reste et beaucoup de travail comme pour tout le reste aussi ! En tout cas ce que vous relatez n'a rien à voir avec l'atmosphère nauséabonde des boites de nuit ou des gesticulations ridicules des fêtards lors des" grandes occasions". Le public n'est jamais le même, là comme ailleurs. Merci pour cette belle analyse d'un art pas facile du tout, surtout boudé par les hommes qui s'étonnent au bistrot du coin de ne pas faire de belles rencontres dans leur vie !

  • Merci Marie-Josèphe. Persévérer est bien le terme exacte pour cette discipline. Quand le résultat commence à se voir. Là est le plaisir.

    Amitiés
    Josette

  • rien n'a changé sur cette terre - ici disons sur ce parquet ! l'on a rien sans effort, en voici ici la démonstration ! qu'on se le dise ! bravo Josette non seulement ce texte est bien amené mais il est aussi très formateur : tout vient à point à qui sait persévérer

  • Merci  Jacqueline de ce beau commentaire pour la danse de salon. Que des beaux souvenirs de cette activité sportive.

    Amitiés

    Josette

  • Moi aussi j'ai pratiqué ce sport envoûtant, glisser sur le parquet presque voler comme un oiseau avec élégance, partager un rythme endiablé de rock, que de beaux souvenirs.  Merci Josette de ce beau texte qui fait revivre une grande passion,    Jacqueline  

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