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Cette oeuvre, une des plus significatives de la pensée et surtout de l' éthique de Jacques-Bénigne Bossuet (1627-1704), fait partie des nombreux traités dans lesquels se résume sa position doctrinale. Mais, alors que le "Traité de la communion sous les deux espèces" est un ouvrage de polémique contre les Protestants, que le "Traité de la connaissance de Dieu et de soi-même" ou le "Traité du libre-arbitre" sont des oeuvres didactiques, destinées à une fin précise: l'éducation du Dauphin, le "Traité de la concupiscence" est une oeuvre d'une portée très générale: il est dirigé contre les libertins, contre les mondains, que Bossuet n'a pas cessé de combattre dans ses "Sermons", par exemple. Il est l'expression comme "Maximes et réflexions sur la comédie", de l'impatience apostolique de l'évêque de Meaux, contre ce qu'il considérait comme la corruption de son siècle, ce compromis entre la vie chrétienne et la vie mondaine avec toutes les tentations sensuelles qu'elle comporte nécessairement. Par sa date, le "Traité" appartient à une époque très active de Bossuet: après avoir terminé l'éducation de son royal élève, le prélat s'est détaché du monde, il est devenu le docteur incontesté de l'Eglise de France. Il vient de jouer un rôle capital dans l'Assemblée du Clergé de 1662 et dans les tentatives de rapprochement avec les Protestants. Avant que ne commence la lutte contre le Quiétisme, il se livre tout entier à la composition de ses oeuvres mystiques, et de ses oeuvres polémiques. Bien que la composition du "Traité" puisse être fixée, avec certitude, aux années 1693-1694, il ne fut pas publié du vivant de Bossuet, mais par son neveu, l'abbé Bossuet, en 1731. Bossuet n'avait d'ailleurs donné ce titre à son traité, mais celui plus modeste de "Considérations sur les paroles de saint Jean: "N'aimez pas le monde".

Partant des enseignements de l'Evangile, s'appuyant sur saint Jean et surtout sur saint Paul, Bossuet condamne, dans une langue admirable, les faiblesses de l'homme envers soi-même. Tout dans le monde est un piège pour le chrétien, il s'y trouve tenté par la concupiscence des yeux, celle de la bouche, celle surtout, combien plus redoutable, de l' orgueil, de la gloire, de l'amour-propre, celle enfin, si insidieuse, du bel esprit, de l' esprit fort. Rien n'est plus indécent pour les mondains que de paraître dupe, que de sembler innocent et sincère. Le monde exige une comédie qui ne peut s'accommoder des principes de la morale chrétienne; tout, en lui, nous ramène à nous-mêmes, à cet amour de soi qui est le principal obstacle au "saint et pur amour de Dieu". Ce ne sont pas tellement les autres que nous-mêmes que nous devons redouter, puisque nous n'aimons pas les autres pour nous-mêmes, mais bien pour nous. Bossuet adopte ici la forme, habituelle chez lui dans cette période, de la méditation chrétienne; avant de prendre la parole, il se place pour chacun des chapitres du "Traité" dans la présence de Dieu, il s'efforce d'en être l'interprète. Par son style, le "Traité" est une des oeuvres les plus éclatantes de la maturité de l'évêque: quelques pages atteignent sans effort au sublime, par la simplicité, le dépouillement, la vigueur toute chrétienne de la pensée.

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Commentaires

  • Tout de même dans son humeur, Bénigne n'y va pas toujours de main morte. Ainsi, dans son Elévations sur les mystères : "Les femmes n'ont qu'à se souvenir de leur origine, et sans trop vanter leur délicatesse, songer après tout qu'elles viennent d'un os surnuméraire où il n'y avait de beauté que celle que Dieu y voulut mettre."

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