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TOONE ; CARMEN

TOONE : CARMEN

Il fallait oser ! S’emparer de l’un des fleurons du répertoire lyrique pour en faire une version haute en couleur bruxelloise, délurée, burlesque et résolument populaire, voilà ce que propose le Théâtre royal de Toone pour cet été ! Avec José Géal, alias Toone VII, tout devient possible. Perchée sur les hauteurs des Marolles, la séduisante bohémienne, imaginée par Prosper Mérimée et mise en musique par Georges Bizet, adopte l’accent brusseleir et une gouaille irrésistible, sans rien perdre de sa fougue ni de la trame du roman imaginé il y a cent cinquante ans. Bienvenue donc dans Carmen, sauce ketje ! Le rideau se lève sur une Séville très librement revisitée. Les soldats de la caserne ne chantent plus Nous marchons la tête haute, mais entonnent fièrement Wâle zaan van Meulebeek. Des dragons qui, sans doute, n'ont jamais vu l'Andalousie et qui connaissent Catherine Moureaux ou qui ont fréquenté son poupa Flupke Moustache. À leurs côtés, les contrebandiers ne restent pas à la traîne, parce qu’ils lancent avec entrain: Lup, lup, lup, de garde-ville es doe. Un avertissement qui met en garde les malandrins de tous bords.  Dans cet univers de marionnettes à tringle et à fils, tout est permis, à la seule condition que le respect de l’œuvre soit saupoudré d’un humour généreux. Pari tenu ! Don José, interprété par le jeune premier Woltje, séduit avec son air de brave manneke dépassé par ses sentiments. Il pousse des airs connus remixés à la sauce locale, dont un La bloem que tu m’avais jetée, qui normalement ne doit pas laisser de marbre une mokke un brin romantique. Carmen, quant à elle, n’a rien perdu de son magnétisme. Cigarière sans tabac (puisqu’on ne peut plus fumer dans les lieux publics !) et jamais dépourvue de verve, sait faire jouer ses belles guiboles aussi bien qu’elle fait fonctionner ses castagnettes.  Elle enchaîne les répliques et les embrassades avec une fougue digne de Shakira. Quand elle lance à Don José : Allei ket, viens ici, je vais te donner une baise qui va te faire biberer jusqu’à ton dikken tien, elle prouve que son sex-appeal ne va pas pointer à Actiris. Les habitués de l’Opéra de la Monnaie reconnaissent le découpage de la partition et le reçoivent sur la caisse de manière espiègle, voire joyeusement irrévérencieuse. Escamillo, devenu ici Isidore le Toréador, profère pour devise : Quand y sait plus, y sait encore ! Une réplique qui résume à merveille l'esprit de ce spectacle qui jongle avec la parodie, la zwanze, le second degré et l’audace.  Comme à chacune des productions chez Toone, les voix, toutes interprétées par Nicols Géal himself, forcent le respect. Passant sans transition du baryton à la soprano, de la basse profonde au ténor léger, il incarne une galerie de personnages aux timbres aussi expressifs que Marianne James du temps où elle campait Maria Ulrika Von Glott. Un exploit vocal et technique renouvelé soir après soir pour cet ancien élève du Conservatoire de Bruxelles. Pour accompagner les grands airs, l’accordéon d’Alain Ricar remplace l’orchestre symphonique dans une véritable réinvention musicale. L’instrument fait corps avec la poechenel, il souligne les passions, amplifie les tensions et adoucit les transitions, sans jamais sombrer dans le cliché ou l’emphase. Mieux, il souligne volontiers le côté populaire du spectacle. Côté visuel, les décors signés Alexandre Obolensky, d’après les maquettes de Thierry Bosquet, participent à l’enchantement et évoquent une Séville onirique et stylisée, où les ombres et les couleurs dialoguent sans cesse. Lidia Gosamo, aux costumes, apporte aux protagonistes des tenues mêlant velours, dentelle et soie pour un résultat qui fait mouche.  Alors, faut-il aller voir Carmen chez Toone ? Mille fois oui ! Pour réentendre des mélodies archi-connues sous un jour décalé, frissonner un peu et s’émouvoir beaucoup. Enfin, dans le but de se rappeler qu’un chef-d’œuvre peut exister bien au-delà de son cadre d’origine, Carmen est à applaudir du 3 juillet au 30 août 2025. Voyez tous les détails pratiques sur le site www.toone.be

Impasse Sainte Pétronille – Rue du Marché-aux-Herbes, 66 à 1000 Bruxelles

Daniel Bastié13645221687?profile=RESIZE_584x

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