SWERTS : L’EAU ENTRE L’ABSTRAIT ET LA MATIERE
L’ESPACE ART GALLERY (35, Rue Lesbroussart, 1050 Bruxelles), termine l’année présente par une exposition (qui se termine le 22 - 12 -13) intitulée AU FIL DE…L’EAU, consacrée à Madame SWERTS, une peintre Belge fascinée par les reflets multiples à la surface de l’eau.
L’eau a toujours fasciné par sa symbolique (ou pour mieux dire, ses symboliques) car, à y regarder de près, elle est à l’intersection entre la vie et la mort (l’on s’y baigne, s’y baptise mais l’on s’y noie aussi). Il existe, par contre, un univers sur lequel elle règne en maîtresse, c’est celui de l’intemporel. L’eau existe et a toujours existé tout en étant constamment différente dans la consistance de son élément : « on ne se baigne jamais dans la même eau de la rivière » (Héraclite – Panta Rei), « la mer, éternelle et toujours renouvelée » (Paul Valéry – Le Cimetière Marin).
A la question « quelle symbolique voyez-vous dans l’eau ? », TINE SWERTS répond sans la moindre hésitation : « le mouvement insaisissable, le changement, la vie sans fin ». L’artiste obéit à une idée, une impression. Son geste débutant sur la toile ignore sa finalité, « comme si la peinture commence à se peindre d’elle-même ».
Son travail est axé à la fois sur la transparence (l’eau) et sur la forme (la plastique de cette eau). A la question : « qu’est-ce que la forme ? », elle avoue qu’au début, ce concept reprenait les termes dictés par l’académie (la conception classique), c'est-à-dire, la chose visible mais qu’au fur et à mesure, ce même concept s’est transformé en une interprétation personnelle qui couvre toutes les dimensions offertes par la perception. On peut l’interpréter dans tous les sens car il y a avant tout cette antithèse fascinante qu’est la matière de l’eau. Et cette antithèse nous conduit vers l’abstrait. La forme devient une interprétation de la nuance dans une tentative de transposition du mouvement sur la toile. La captation de ce mouvement s’exprime dans toutes les toiles exposées, en particulier dans ANNEVOIE I (11O x 170 cm – huile sur toile)
au cours de laquelle elle se réalise à la fois par la lumière irradiant le centre de la toile, ainsi que par toute une série de segments, occupant les deux extrémités de l’espace pictural, créant des ondulations travaillées au pinceau et au couteau, pour restituer l’énergie du flux.
De même avec VENISE (120 x 95 cm – huile sur toile),
la dynamique est restituée par les zones noire, verte et blanche, soulignant la matérialité des vagues issues du reflux créée par le vaporetto fendant l’eau.
IMPRESSION D’ISLANDE (56 x 59 cm – huile sur toile)
s’appuie sur l’utilisation de notes blanches répétées, recouvrant la presque totalité de la toile. Elle demeure volontairement dans la transparence pour célébrer le mystère de l’eau.
L’artiste, dilettante à un moment de sa vie, a fini par fréquenter sérieusement l’académie. Elle peint depuis l’An 2000. Et cette entrée en création est selon ses propres termes « la réalisation d’un rêve ».
Lorsqu’elle commence une œuvre, elle travaille au couteau pour établir une couche de base (le gris pour ANNEVOIE I), concentrée en huile miscible pour obtenir les effets changeants de l’eau. Elle laisse ensuite sécher cette première couche pour se rendre compte du résultat puis elle en ajoute d’autres. Elle commence par aborder la note transparente pour l’amplifier par d’autres éléments. Des variations chromatiques peaufinent le travail final.
Le visiteur remarquera sans peine que sa couleur préférée est le vert. Cette tonalité recouvre la majeure partie de son œuvre exposée. Le vert est, à l’instar du noir, une couleur excellente pour souligner l’eau capturée au moment où elle se cabre ou se déploie. Elle devient à la fois figée et élastique. Mais surtout, elle devient solide tout en conservant sa fluidité liquide qui finit par la rendre abstraite.
SWERTS relève un terrible défi : figer l’eau dans le récipient du regard ! Marcher sur l’eau participe de l’exploit…christique mais la peindre relève de la folie de l’instant créateur. Un instant isolé dans le gouffre pulsionnel de l’Etre vivant.
Lettres
N.-B.:
Ce billet est publié à l'initiative exclusive de Robert Paul, fondateur et administrateur général d'Arts et Lettres. Il ne peut être reproduit qu'avec son expresse autorisation, toujours accordée gratuitement.
J'ai désigné Albertine (Tine) Swerts, peintre comme l'invitée télévision d'arts et lettres de février 2014
R. P.
Albertine Swerts: un document initié par arts et lettres et réalisé par Actu-TV
François Speranza et Tine Swerts (Photo: Robert Paul)
Commentaires
merci beaucoup pour cette chance qui vous m'avez offerte.. Tine Swerts.www.helunasart.be
L’artiste belge Tine Swerts a exposé ses œuvres dans la galerie en 2013. Et son billet d’art du critique d’art François Speranza à été publié dans le « Recueil n° 2 de 2013 » par « Les Éditions d’art EAG » dans la Collection « États d’âmes d’artistes » en 2015.
Lien vers la vidéo lors du vernissage de son exposition dans la galerie :
https://youtu.be/09VoHdd4z9Q
merci Rolande et Andrée. Bonne soirée
Superbes peintures félicitations Andrée
Félicitations pour cette superbe exposition .....
L'eau éternelle fascination de l'âme. Source de vie à laquelle nous retournerons un jour.
Bisous. Rolande.
Merci Artemisia. L'eau, source inépuisable...
"Les choses s'épanouissent une à la fois, et ne font que retourner à la Source...à ce qui est et ce qui sera".
-------Lao Tzé
l'eau insaisissable si riche en éclats de lumière. J'apprécie ton travail, chaque toile happe l'œil dans sa tourmente. Merci Tine c'est magique. Artemisia
merci Viviane
Une oeuvre magique par ses transparences, qui ne laisse pas indifférent !
oui, Rolande, la vie est magicienne, si on lui fait confiance et lui donne
l'espace de créer
merci pour cet échange