À Rébecca Terniac
Par hasard ce jour, je découvre,
Sur un vieux morceau de papier,
Des mots que j'avais gribouillés;
Une porte doucement s'ouvre.
Je pénètre dans un espace
Qui m'égaye et qui me surprend.
C'était il y a fort longtemps,
Des images refont surface.
Tous mes écrits ont une date,
Qu'ils me semblent ou non importants.
Je retiens des faits, que le temps
Aurait emportés dans sa hâte.
Avait transformé les érables,
En octobre quatre-vingt-huit,
Durant une très froide nuit,
Une neige bien vulnérable.
Les hivers étant persistants,
J'attendais avec impatience,
Que renaisse mon insouciance,
Avec l'arrivée du printemps.
Je ne suis plus du tout pressée
De voir se détacher des pages,
D'accueillir d'autres paysages.
Me pèsent les années passées.
3 février 2013
Commentaires
1988
Oui, c'est bien un chiffre fait pour moi !
Merci Suzanne,
25 ans, cette neige d'octobre 1988 ...
C'est l'année marquée de joie et douleur :
car ma fille naquit tellement trois mois trop tôt
et toute auréolée de lumière
mais pour une erreur de lait - autre que le mien -
qu'elle n'avait pas la force de digérer
(alors que Mère Nature fait en sorte que celui de la maman
soit fait exactement sur mesure -)
elle lutta entre la vie et la mort car cela avait tellement
endommagé ses intestins.
En octobre, elle était tirée d'affaire et la nuit parisienne
ne fut pas si froide que la vôtre.
C'est l'été torride de Carcassonne dont je dus la protéger 45°
et je ne la sortais qu'à 21 h pour profiter de la fraicheur de la colline
afin de l'allaiter près des arbres qui reprenaient leur souffle comme nous.
1988
Oui, c'est bien un chiffre fait pour moi !
Trois mois d'hiver éprouvant, où je retenais mon souffle.
j'avais aussi attendu le printemps, que la nuit finisse
que mon enfant sorte de l'hôpital, des couveuses
et que cesse le cauchemar.
et que nous allions fêter Pâques et retournions à la vie.
Aujourd'hui j'admirais sa beauté et ses yeux verts de rêve
au bord de l'eau.
Elle est forte et s'exerce à me critiquer
mais cela cache cette blessure d'être venue dans la solitude
du monde médical si longtemps
et elle me reproche d'avoir détruit son nid protecteur,
d'avoir enlever l'âme de sa maison en partant,
elle qui m'y enjoignait depuis ses 12 ans.
Ce n'est jamais pour rien que le Ciel nous ensaigne la fragilité
au milieu de notre force.
Belle nuit à vous Suzanne
(erreur technique - refait)
Chère Rébecca
Très émue par votre récit.
Les dates nous interpellent de différentes façons et nous font nous souvenir du courage qu'il nous fallut souvent.