Absence de mères,
Pères perdus, en partance, paumés,
Brutale et frontale solitude,
Choc sourd, lourd,
Débrouillardise et survie ;
dans nos têtes, cette bousculade tout le temps,
violente et conséquente vers l’obscur,
le trop dur, l’impur !
Michèle et moi,
L’une dans l’autre, nous nous abritions,
Nous nous protégions contre le pire, ce « noir avenir » ;
par cœur nous nous connaissions,
Solidarité enfantine, instinctive, salvatrice ;
résistance déjà !
Nos rires, nos insolences et nos
Pitreries étaient nos chauds manteaux même l’été ;
Cette fibre de pudeur !
Nos corps tantôt anorexiques, tantôt boulimiques
nous éloignaient des autres ;
Sans tuteur, nous étions de vulnérables fleurs.
Nos cœurs étaient trop là, trop las,
porteurs bien avant l’heure des
responsabilités et des soucis des « Grands » ;
ceux qui décrétaient et croyaient tout savoir.
Nous étions deux petites géantes,
un peu jumelles et turbulentes,
au cœur de notre cité vertigineuse et verte,
excentrée et hurlante.
Construction d’un monde alors,
premiers pas de l’écriture.
Un genre de premier p’tit bonheur !
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