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administrateur théâtres

12272889873?profile=originalDans toute situation le malheur ne donne aucun droit sur la vie des autres

12272890268?profile=originalVoilà. Il y a cet étage par-dessus un jardin de ville invisible, les rideaux bougent, les locataires observent ce qui se passe chez les gens d’en-dessous. Ils entendent des bruits alarmants  La violence de becs d’oiseaux essayant de s’extirper d’un puits ou d’une cheminée, selon Bob? Un voisin esseulé et bienveillant ( interprété par  le formidable Tony D'Antonio) qui n’a plus la garde de ses enfants, envoyés à l’Assistance lors de la rupture de son couple.  Il y a la vieille voisine omnisciente, au surmoi démesuré, qui commente ses minutieuses observations à longueur de journée et ne veut pas se mêler des drames qui se jouent à ses pieds. C’est  la merveilleuse Jacqueline Nicolas qui endosse ce terrible rôle.  « Au nom de quoi » devrais-je intervenir ? Pourtant rien ne lui échappe : la violence conjugale, l’aveuglement érotique de la mère, la souffrance très probable de Sharon,  3 ou 4 ans. Une gosse taiseuse qui refuse de manger et de dormir. Sait-elle seulement parler?    D’une indifférence percutante à la souffrance de l’autre,la voisine  referme sa porte. Son histoire personnelle l’empêche de voir la réalité.   Le balcon d’où  ces êtres  lâchent leurs confessions, ressemble à s’y méprendre à la barre d’un tribunal!

12272890489?profile=originalL’intérieur des gens d’en-dessous est noir corbeau : des chaises de cuisines, à la toile cirée, au sofa où le couple primaire s’ébat mécaniquement et sans vergogne. La jeune femme a tout de la simplette du quart-monde, le compagnon a tout du camionneur paumé et  imbibé d’alcool.  Isolement, absence totale de communication, seules les pulsions ont la parole avant  le passage à l’acte. De symboliques masques de singe hantent les lieux, sous forme de loubards pour bien plomber l’atmosphère, et d’un tag qui semble dire: ne rien voir, ne  rien entendre,  ne rien dire. Rien à signaler.  Le titre de la pièce anglaise  « Getting Attention»  est doublement  chargé  de sens : C’est l’enfant que l’on ne voit jamais qui est l’acteur principal de cette pièce. Il essaie par son comportement d’attirer l’attention, mais il est caché par ses « gardiens toxiques » et n’a pas droit au regard des autres. Il dérange ce couple bancal, il encombre la jeune  mère (Valérie Lemaître), il est dans le chemin de l’amant ( Denis Carpentier). Et tous deux de retourner de façon infantile à leurs propres pulsions, négligeant d’abord, maltraitant ensuite cette enfant silencieuse que tout le monde a vu s’amuser à  manger de la terre. And Nobody pays attention. L’auteur, Martin Crimp, nous  implore  de ne pas être complices de la souffrance.

12272890672?profile=originalUne assistante sociale très bien campée par Bernadette Mouzon dans son costume cool est la seule personne qui pourrait dire STOP! Elle  essaie bien de s’affilier au couple meurtrier lors de ses timides visites, mais elle n’arrive jamais à établir la confiance et n’arrivera pas à rencontrer l’enfant encore vivant. Comment peut-elle croire qu’une enfant de 4 ans s’enferme à clef? Elle aussi semble être isolée ou aveugle et incapable de poursuivre plus avant  ses pauvres recherches.  Tout comme certains policiers qui passent juste à côté d’une cave où seraient retenus des enfants prisonniers.

L’intensité du jeu des acteurs est absolument poignante dans cette mise en scène de George Lini.  La justesse de ton est au rendez-vous et la traduction ne fait pas souffrir le texte. La fiction théâtrale se mue progressivement en choc avec une réalité sociale pas bonne à voir. Le couple immature, la vielle voisine, le voisin solitaire, l’assistante sociale jouent tous à merveille, tant sans doute, l’équipe théâtrale est unie et  imprégnée par son sujet.  Il faut dire que la structure de la pièce de Martin Crimp  est redoutablement  intelligente, puisque jamais l’enfant ne paraît. Georges Lini tire fort adroitement  parti du texte pour user de regards, de silences, de  lourds sous-entendus, d’explosions verbales,  de non-dits afin de permettre au spectateur bouleversé  de former dans son esprit les images de l’horreur.   Tout se déroule avec le sordide fatalisme des films de Ken Loach. L’étude extrêmement lucide de la situation est sans appel. Une situation qui par ailleurs est totalement banale aux dire des pédopsychiatres, la place de l’enfant dans notre société pose réellement  encore question. Que couvrent involontairement médecins, famille, écoles, voisins et au nom de quoi ? Le message est banal lui aussi, mais urgent: il faut à tout prix rompre l’isolement, oser prendre le parti de l’enfant, alerter les services d’accompagnement (plutôt que la justice) pour donner une chance au lien parent-enfant de  pouvoir se reconstituer.12272891088?profile=originalRIEN A SIGNALER Titre original : Getting Attention

Du 16 avril au 11 mai 2013 à 20h30 au théâtre de Poche

 

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Commentaires

  • administrateur théâtres

    Un message caché pour les enfants maltraités


    L’Espagne lance une campagne innovante de lutte contre la maltraitance des enfants : une campagne à deux visages.



    A première vue, l’affiche semble classique : le visage d’un garçon de 10 ans, accompagné du message suivant « Parfois, la maltraitance n’est visible que par les enfants qui en sont les victimes ».

    Mais, pour les personnes mesurant moins d’1 mètre 35 (à savoir, la taille moyenne d’un enfant de 10 ans), il en va autrement. En effet, les plus petits y voient le visage du même garçon à cette différence près : sa joue est tuméfiée et sa lèvre est blessée. De plus, une phrase supplémentaire est également visible : « Si quelqu’un te fait du mal, téléphone-nous, et nous t’aiderons ». Celle-ci est complétée du numéro de téléphone de l’association d’Aide aux enfants et adolescents en danger.

    Par cette campagne, rendue possible par la technique de l’imagerie lenticulaire qui joue sur la hauteur depuis laquelle une photo est observée, l’association espère encourager les enfants, même accompagnés de leur agresseur, à dénoncer les violences dont ils sont victimes.

  • administrateur théâtres



  • administrateur théâtres

    commentaire de spectatrice (Lou Salomé)

    "A voir de toute urgence. Magnifiques comédiens qui osent prendre ce texte à bras le corps, qui osent l’inouïe violence larvée des personnages, ... On se dit que non, non, ça n'ira pas "jusque là", et puis,si, l'horreur vous prend à la gorge, si, cela existe, cela est possible! Comme ça. Bêtement. Magnifiques comédiens de tous âges, superbement dirigés, belle équipe qui se tient pour assumer ce texte de Crimp, fort, engagé, terrible."

  • administrateur théâtres

    Rien à signaler : secouez-vous !

    1373_rien_a_signaler.jpg Avec Rien à signaler, une pièce de Martin Crimp tendue comme un suspense d’Hitchcock, Georges Lini évoque l’indifférence et la dislocation du lien social. Qu’est-ce qui vous a attiré dans ce texte ? Georges Lini : C’est un texte qui parle de choses graves. Il évoque la maltraitance d’enfants sans en faire le thème principal, qui est celui de la lâcheté, de la faiblesse humaine. C’est la première fois que je tombe sur une pièce qui aborde le thème de la non-assistance. Ce qui est intéressant, c’est que l’auteur ne prend pas position. Il laisse le débat ouvert. J’ai aussi été séduit par la finesse très anglo-saxonne avec laquelle il traite le sujet. Avec une grande qualité d’écriture, tout est suggéré, rien n’est dit ni montré frontalement. L’auteur laisse au spectateur le soin d’imaginer et on sait bien qu’au final, l’imaginaire est toujours plus fort. C’était une pièce faite pour vous ? Lini : Elle est rangée depuis plusieurs années dans ma bibliothèque. Le rapport aux textes est assez inexplicable. Parfois, le coup de foudre est immédiat. Parfois, il y a comme une maturation qui s’opère en douceur. On vit avec et on en rêve. A partir du moment où l’on sait qu’on va le monter, les choses se mettent en place naturellement. Dans ce texte, j’ai croisé un des thèmes qui me travaillent : « On n’est pas des gens bien tous les jours ». C’est la nature humaine qui veut ça. Dès la première scène, on sait que ça se passera mal, mais c’est tout le reste qui m’intéresse. Les voisins ne sont pas de mauvaises personnes mais leurs comportements nous questionnent : Comment réagirions-nous, jusqu’où pourrions-nous laisser aller les choses avant d’agir ? Comment avez-vous abordé la préparation de ce spectacle ? Lini : Je monte les pièces pour ce qu’elles sont. Le matériau premier, ce sont les comédiens avec qui je travaille à défendre la pièce.  L’écriture des auteurs anglo-saxons a souvent la précision d’un scénario qui pourrait presque être filmé tel quel. Les acteurs ont du coup tendance à jouer petit. Moi je veux que ce soit du théâtre, on n’est pas au cinéma, le décor et la bande-son y participent, mais le plus important, c’est le travail des comédiens. Vous êtes partisan d’un théâtre qui secoue, qu’entendez-vous par là ? Lini :Il n’y a que l’art pour rendre compte de la brutalité du monde dans lequel on vit. Pour ça, il faut que l’art secoue. Être provocateur, c’est assez facile, on peut mettre les gens à poil et se taper contre les murs. Ça fera toujours réagir. La grande force de cette pièce, c’est sa violence cachée. C’est probablement l’un des textes les plus secouants et les plus bouleversants que j’aie montés jusqu’à présent. Je n’étais pas prédestiné à faire ce que je fais. J’ai commencé le théâtre tard, notamment grâce à un spectacle comme Incendies de Wajdi Mouawad, dont je suis sorti bouleversé. Après ça, ma vie est devenue un peu différente, comme si elle avait dévié de sa trajectoire. C’est ça que j’aimerais provoquer à mon tour.

    Martin Crimp : Rien à signaler • 16/4 > 11/5, 20.30, €8/11/13/16, Théâtre De Poche, Gymnasiumweg 1A chemin du Gymnase, Brussel/Bruxelles (Terkamerenbos/Bois de la Cambre), 02-649.17.27, www.poche.be

  • administrateur théâtres

    • Gil Def Après avoir lu votre billet concernant une pièce de théâtre dont le sujet est celui de l’attention que l’on peut porter ou pas aux enfants, je me suis dit que ce sujet là devrait être traité bien davantage qu’il ne l’est, tant ce terrible paradoxe d’amour passionnel et charnel des enfants, tant de fois, partout, déclaré, répété, sublimé mais tant d’enfants malheureux, maltraités, massacrés, abandonnés à des trafics honteux et lucratifs et ne pouvant guère compter sur quiconque, même pas sur leurs proches. Combien de fois j’ai aussi cette impression que les gens d’ici ne voient d’enfants en sévère maltraitance que loin de chez eux et surtout en pays pauvres ou chaotiques. Combien de fois j’ai entendu dénoncer l’éducation qui aurait généralisé dans nos pays prospères la pédagogie de l’enfant-roi et qui aurait gâté, pourri nombre d’enfants. Combien de fois j’ai cette impression que bien des gens pensent ici comme des endormis c’est-à-dire qu’ils croient acquis que les enfants d’ici sont heureux et avec bien peu de problèmes sauf à faire de mauvaises rencontres avec des détraqués. Malheureusement, la majeure partie des maltraitances et des crimes commis contre des enfants, c’est le fait de personnes proches, de parents ou de personnes connues, sensées leur apporter de l’instruction ou du bonheur. Malheureusement, dans nos pays, il y a aggravation de la maltraitance des enfants, tant ça maltraite, et rend malheureux les enfants, une société où de plus en plus de familles, de parents sont en grande difficulté matérielle, en perte de projets, de confiance morale, et ne peuvent rien expliquer vraiment aux enfants de nombre d’injustices, de ce qu’ils doivent subir de privations matérielles et affectives au quotidien. Combien de fois j’ai pu alerter de l’enfant qui ne parle pas, de l’enfant toujours dans son coin, de l’enfant qui se fait oublier, de l’enfant au regard fuyant ou éteint, tant je sais ce que cela peut cacher, masquer, refuser de révéler. Il est indéniable que le sujet de cette pièce est grandement pertinent.
  • administrateur théâtres

    Lisez aussi la chronique de Muriel Hublet: http://www.plaisirdoffrir.be/Vu/Critique.php?recordID=8555

  • administrateur théâtres

    http://poche.be/saison1213/rien_a_signaler/index.html

    Rien à signaler De Martin Crimp Traduction : Séverine Magois                                                         Mise en scène de Georges Lini                          Avec :                                      Allan Bertin,                                     Denis Carpentier, Toni D'Antonio,                                    Benoît Janssens,                                     Valérie Lemaître,                                     Bernadette Mouzon,                                     Jacqueline Nicolas.

    http://poche.be/saison1213/rien_a_signaler/index.html

  • administrateur théâtres

    Les rendez-vous du bar à l'issue de la représentation le jeudi 25 avril 2013 : Cette indifférence qui peut faire de nous des monstres. En partenariat avec la Ligue des droits de l'Homme

    Invitez votre voisin... sa place sera gratuite!  (Une place achetée* = une place offerte)
                Pour retisser du lien social, thème de la pièce, le Poche vous invite à inviter votre voisin. Seuls critères: un périmètre de 500 mètres et un document officiel comme preuve.  *sur base du tarif plein (16€)

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