Isabelle est bibliothécaire,
essaie sans cesse d'écrire,
mais le temps lui fait défaut ;
elle est douée,
mais n'a point le temps
pour vivre "son essentiel";
elle s'assoit alors de temps-en-temps
dans ce petit café,
du Boulevard Sébastopol,
et regarde avec force ici et là,
en s'imprégnant de presque tout :
De cette enfance qui passe,
du soleil de mars,
de l'arbre solitaire dressé
en face d'elle.
Elle s'émerveille d'un geste de mère,
d'un rire d'adolescent,
d'un regard qui tremble,
fragile, indéfini !
Elle existe comme ça, contemplative.
Toute seule.
Pierre est médecin,
il écrit depuis elle,
le temps il s'en approprie avec aisance,
joue du saxophone, du piano le lundi,
le dimanche, il compose des mélodies,
naturellement il sauve des vies.
Le visage d'Isabelle demeure "son essentiel",
sa page d'écriture, vivante et chaude.
Le visage d'Isabelle,
lorsqu'il se pose sur
le regard de Pierre,
devient un papillon,
éphémère et superbe.
Connaissez-vous l'Isabelle ?
Son regard monumental,
l'éblouit, le brûle, lui échappe ;
pour la suivre,
il écrit de plus en plus vite,
de plus en plus souvent,
s'envole un peu !
Elle s'en va tout le temps.
NINA
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