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12272854867?profile=original12272855053?profile=originalIl s'agit d'un pamphlet de Friedrich Melchior, baron de Grimm (1723-1807), publié en 1753.

 

Le texte se présente comme la prophétie de Gabriel Joannes Nepomucenus Franciscus de Paula Waldstroc, dit Waldstoerchel, natif de Boehmischbroda en Bohême, philosophe et théologien moral. Un écolier de Prague décide de conquérir la gloire en composant trois menuets pour le carnaval de sa ville. Une voix s'adresse à lui: il a été choisi pour une mission plus importante, annoncer la vérité à un peuple frivole. Il est transporté à Paris, «ville fort grande et fort sale». Il assiste sans y rien comprendre à un spectacle d'opéra, et il est frappé par la grossièreté de ce qu'il voit: c'est un bûcheron qui conduit l'orchestre avec un gros bâton. «Pour le bien de la poitrine, il valait mieux sonner du cor dans la forêt de Boehmischbroda depuis le lever du soleil jusqu'à son coucher que de chanter trois fois par semaine la haute-contre dans la boutique de leur opéra.» La voix lui dit de se placer dans le «coin de la Reine»: là s'assemblent philosophes et beaux esprits. Elle devient alors «forte, véhémente et pathétique», et sur un ton apocalyptique s'adresse au peuple frivole, les Français, qu'elle a tirés de la barbarie et dotés de tous les talents, mais qui ont refusé ses grâces, dans le domaine de la musique du moins. Avec leur opéra, ils ennuient le monde depuis quatre-vingts ans, car ils ont choisi pour idole «le Florentin» [Lully]. Dans une dernière tentative pour les sauver du mauvais goût, la voix leur envoie Pergolèse qui les délivrera de ce genre puéril qu'ils appellent «merveilleux». Ils comprendront alors, comme l'ont fait les Italiens, que l'opéra doit être consacré «aux grands tableaux et aux passions, et à l'expression de tous les caractères, depuis le pathétique jusqu'au comique». Mais si les Français ne sont pas «capables de sentir le génie et le sublime» de la musique italienne, ils seront punis. On ne jouera plus chez eux que des farces et des vaudevilles, et leur théâtre redeviendra un jeu de paume.

 

C'est le Petit Prophète qui a déclenché la célèbre «querelle des Bouffons». Déjà, en février 1752, Grimm, qui vivait à Paris depuis trois ans et cherchait à se faire connaître par un coup d'éclat, avait publié une Lettre sur Omphale, dans laquelle, à propos de la tragédie lyrique d'A. C. Destouches, Omphale, il attaquait la musique française, artificielle, précieuse et ennuyeuse, prétendait-il, et conseillait aux Français d'imiter les Italiens. En août de la même année, une troupe italienne (les Bouffons) vient représenter à l'Académie royale de musique l'intermède de Pergolèse, la Serva padrona, avec le plus grand succès. La riposte de la musique française vient non pas de Rameau, mais de Mondonville, qui crée une «tragédie lyrique», Titon et Aurore, le 9 janvier 1753. Une semaine après, Grimm fait paraître son spirituel et injuste Petit Prophète de Boehmischbroda (ce titre faisant sans doute allusion au musicien Johann Stamitz, originaire de Bohême). Dès lors, les lettres et les pamphlets vont se succéder, dont les plus connus sont la Réponse du coin du Roi au coin de la Reine (Voisenon), l'Arrêt rendu à l'amphithéâtre de l'Opéra sur la plainte du milieu du parterre, intervenant dans la querelle des deux coins (D'Holbach ou Diderot), le Correcteur des bouffons à l'écolier de Prague (Jourdan), la Guerre de l'Opéra (Cazotte), et, bien entendu, en novembre 1753, la Lettre sur la musique française de Rousseau, fervent partisan des Italiens (voir Essai sur l'origine des langues).

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Commentaires

  • Et pour le plaisir, du divin Pergolèse:

     

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