Quand j'étais fraîche jeune fille,
Je portais des bijoux Burma,
Chaînes, bagues de pacotille,
Et ces robes que la mama
Nous cousait avec tant d'amour
Qu'elles nous semblaient des atours.
Il a fallu bien des années,
Pour que ma rude destinée
Devienne vraiment généreuse
Mais sans me rendre plus heureuse.
J'ai tout plein d'étranges trésors,
Vêtements, livres et tableaux,
Poupées, chaînes et bagues en or,
Mais mon visage n'est plus beau.
J'exultais, pauvrette, autrefois.
Or sur la fin de mon parcours,
S'élève un petit feu de joie,
Dès que j'évoque mes amours.
Sur des photos figeant le temps
Où j'étais fraîche jeune fille,
Qui gardent ma grâce d'antan
Et mes bijoux de pacotille,
Je retrouve mon allégresse
Que n'altère pas la vieillesse.
21/6/2004
Commentaires
Bonjour Suzanne,
Cette couleur bistre caractéristique des débuts de la photographie qui court dans nos tiroirs est pathétique. C'est notre jeunesse, notre beauté, notre époque, nos souvenirs. C'était le temps du ciné en noir et blanc, du début de la radio, des cuisines en formica, des belles autos qu'on rêvait d'acheter, de l'arrivée timide du crédit avec lequel tout semblait possible. On avait le temps de devenir heureux. Aujourd'hui tout va si vite que l'on se sent dépassé à tout instant et l'on ne sait plus si l'on est heureux ou pas ! Il semble que la vie nous échappe lorsque nous nous rappelons notre jeunesse et que nous nous devons à nos enfants et petits enfants. Mais que ferions nous d'autre ? Dans les vieux visages que je croise et que je regarde attentivement j'y vois souvent les beaux visages d'antan et me pose toujours la question à laquelle je n'ai pas de réponse ! Merci pour ce joli visage. Amitiés, gilbert.