L'OURSE
Devant lâcheté, soyez circonspects
Il n'est pas vain de livrer bataille:
La victoire revient au respect
Quand l'adversaire s'avère de taille.
Il arrivait chasseur dans ma campagne,
Et l'on me présentait bête mauvaise.
Ignorant des faits, il lui fut bien aise
De me pister à travers la montagne.
Et commença la chasse au premier vis-à-vis.
Haro sur la bête peureuse violente et perverse !
J'étais seule, j'avais ma force et lui...le fusil !
Ourse malhabile, me dressais en brute adverse.
Puis j'attaquai de front où il avait tort,
Le poussant à colère, malgré mes blessures
Et je vis en lui, à chacune de mes griffures,
Le courage de l'homme et sa peur de la mort.
Au moment de tirer la salve meurtrière,
Il vit mes deux petits se montrant à l'arrière.
Son canon s'abaissa et changea son visage.
Il était le tueur…. Et moi, la mère sauvage.
Lassée de l'inutile combat, l'intelligence aboutit.
À défaut de haine, il n'y a point d'ennemi.
J'ai repris ma route et il est reparti.
Quel était cette joute, ce cruel défi ?
Les cimes sont en paix. Animale, j'y demeure.
Le monstre a trouvé, en respect, une autre gageure.
Il garde l'espace qu'il veut réserve naturelle
Pour protéger cette vie qui lui fut rebelle.
Commentaires
Et si par ce poème, nous parvenions à convertir les nuisibles, du moins, ceux que résolument provocatrice, je nomme ainsi ?
Je savoure la forme, mais que dire du fond, sinon qu'il devrait faire l'objet d'une étude pour nos jeunes graines, afin que leur cheminement se démarque des sanguinaires gratuits !
« L'homme est le seul animal qui rougisse ;
c'est d'ailleurs le seul animal qui ait à rougir de quelque chose. »
George Bernard Shaw